Le titre vous intrigue et à raison. Il s’agit de l’épilogue d’un ouvrage de Bernard Lugan, Éloge du duel, l’honneur au-dessus de la vie. Nous ne pouvons résister au plaisir de publier en bonnes feuilles (avec l’autorisation de l’éditeur), des extraits de ce dernier chapitre du livre.
Au-delà du style de bretteur, de l’aspect plaisant voire burlesque de la proposition, celle-ci met le doigt sur une blessure, celle du manque de courage des journalistes (pas tous bien entendu, mais une jolie majorité) des médias de grand chemin. Conformisme, entre-soi, esprit moutonnier et parfois délateur, arrêtons-nous là. Oui, un peu d’escrime au sabre ou à l’épée pourrait remettre plus droites les colonnes vertébrales et — qui sait — même conforter les cerveaux et les cœurs.
Un extrait de l’épilogue :
« Le nombre des duels baissa à partir du XXème siècle. En France, le dernier duel mortel eut lieu le 16 novembre 1903 et il se déroula sur l’île de la Grande Jatte à Levallois-Perret, entre un avocat et un commerçant. Le premier accusait le second d’être l’amant de sa femme ; le robin tua le marchand d’un coup d’épée. Au lendemain du second conflit mondial, le duel disparut quasiment puisque, de 1945 à nos jours, nous comptons seulement trois rencontres.
Tout au contraire de l’esprit du temps qui voit, hélas, s’éteindre la noble pratique du duel, j’ai tenté de montrer dans ce livre que trois grandes raisons militent pour son rétablissement en matière de diffamation ou d’injure par voie de presse :
1°) Alléger le travail des juges alourdi par des affaires en définitive subalternes.
2°) Responsabiliser ces « journalistes » qui fouillent les latrines à la recherche de quoi rédiger leurs articles de fiches de police. Or, ils ne supportent jamais les conséquences de leurs écrits ou de leurs propos puisqu’ils sont défendus par des avocats soldés par leurs employeurs, lesquels acquittent à leur place les éventuelles amendes.
3°) Supprimer des procédures coûteuses, laborieuses et en définitive inutiles, étant donné qu’aucune publicité n’est donnée aux jugements rendus et que les condamnations ne sont jamais à la hauteur du préjudice subi.
Dans ce type d’affaires, la Justice étant finalement impuissante, le duel apparaît donc comme ayant à la fois une valeur directement réparatrice portée par une vertu hautement pédagogique, car seule susceptible de faire comprendre à certains porteurs de la carte de presse qu’il y a des limites à ne pas dépasser.
Voilà pourquoi, afin de sensibiliser d’une manière « concrète » les futurs journalistes à la « retenue », une mesure urgente serait d’introduire dans leur cursus des cours obligatoires et naturellement éliminatoires d’escrime ».
Suit une lettre au ministre de l’Éducation nationale (copie au Garde des Sceaux) du Président de l’Association pour le rétablissement du duel en matière de presse (ARDMP). Une mesure qui permettrait de « désengorger en amont les salles de rédaction emplies de nombre de fats présomptueux ». Et qui serait créatrice d’emplois dans les salles d’armes offrant d’utiles opportunités professionnelles à la jeunesse.
Nous ne saurions trop conseiller à nos lecteurs de soutenir l’ARDMP dans son juste combat et surtout de lire le bien roboratif opus de l’auteur.
Bernard Lugan, Éloge du duel, l’honneur au-dessus de la vie, 2023, La nouvelle librairie, 145P, 17€.
Voir aussi : Le journalisme de délation progresse chaque jour