Anastasie, vous connaissez ? C’est le sobriquet donné à la censure française pendant la guerre de 14/18. Notre bonne vieille Anastasie est en grande forme à l’Assemblée nationale où un « groupe de députés transpartisans » prépare une proposition de loi instaurant une nouvelle censure sur les sujets touchant à l’environnement en général et au climat en particulier.
« Faire progresser le traitement médiatique des enjeux écologiques »
C’est sous ce titre en apparence anodin que deux associations, Quota Climat et l’Institut Rousseau, avec l’appui d’un groupe de députés fidèles serviteurs d’Anastasie, préparent une proposition pour encadrer liquider le peu de liberté d’expression qui pourrait subsister. Les deux associations sont liées et parmi les contributeurs de l’Institut Rousseau on retrouve deux fondatrices de Quota Climat, Eva Morel et Anne-Lise Vernières, toutes deux collaboratrices parlementaires.
Un peu de verbatim de l’Institut Rousseau
Reprenons une partie de l’argumentation sur le site de l’institut Rousseau, les phrases en caractères gras ont été reprises telles quelles.
« De plus, de nombreux médias français favorisent la fabrique du doute en ne distinguant pas les faits des opinions. Cela a notamment pu alimenter “une polarisation de l’opinion publique, avec des répercussions négatives pour la politique climatique”, expliquent les membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il souligne ainsi le rôle majeur des médias : “Les médias peuvent avoir un impact significatif pour faire progresser la conscience climatique et la légitimité des actions engagées. Ils cadrent et transmettent les informations sur le changement climatique, ils ont un rôle crucial dans la perception qu’en a le public, sa compréhension et sa volonté d’agir”…Il est impératif que chaque citoyen, quels que soient les médias qu’il consulte, puisse avoir accès à un niveau d’information suffisant et qualitatif sur des enjeux aussi vitaux. Or, l’édition 2022 de l’étude “Fractures Françaises” (Ipsos-Sopra Steria) révèle que si 90 % des Français considèrent que “nous sommes en train de vivre un changement climatique”, 39 % doutent encore de l’origine anthropique de cette crise. Il existe pourtant un consensus scientifique mondial sur cette question. Il y a donc urgence à informer davantage et mieux.
En outre, de nombreux médias français publient des contenus éditoriaux contradictoires. En parallèle de la publication d’articles, de reportages et d’émissions traitant des enjeux écologiques, ils publient des contenus relatifs à des modes de vie ou des imaginaires allant à l’encontre des préconisations scientifiques permettant de faire face à l’urgence. »
Explication de texte
Les objectifs sont clairs : mettre fin à la publication de contenus éditoriaux contradictoires, c’est écrit en toutes lettres. Autrement dit, fin des débats, fin des opinions différentes, on ne parle plus qu’entre nous. C’est comme à l’armée : Tous en rang et je ne veux voir qu’une seule tête, les têtes qui dépassent seront coupées. Il s’agit bien d’une nouvelle proposition liberticide allant dans le même sens que les diktats de Bruxelles avec son Digital Services Act sur la régulation (comprenez censure) des réseaux sociaux qui sera décliné pays par pays.
Voir aussi : Digital Services Act : l’UE veut imposer ses normes et sa vision du monde à sens unique
Eva Morel de Quota Climat le confirme naïvement dans Check News de Libération « Notre formulation est donc suffisamment précise pour donner la possibilité à l’Arcom de l’interpréter de manière à permettre un dialogue avec le média concerné, et des sanctions, si elle le juge nécessaire, au vu de ses prérogatives ». Le projet donne clairement de nouveaux pouvoirs à l’autorité de régulation pour faire taire les opinions et les informations considérées comme dissidentes. Rappelons que l’Arcom peut infliger des sanctions pécuniaires (C8 a été condamné à 3M€ d’amendes pour de prétendus propos homophobes de Cyril Hanouna) et même exiger le retrait de textes ou d’émissions. Comme le souligne Mathieu Bock-Côté sur CNews « C’est une proposition de loi autoritaire, pour ne pas dire totalitaire. Un régime à idéologie officielle est un régime idéocratique.»
La loi Gayssot associée au climat
La sinistre loi de 1990 du député communiste Jean-Claude Gayssot (appuyé par Laurent Fabius alors premier ministre) complète, en détruisant son esprit, la loi sur la liberté de la presse de 1881 en posant en son article premier que « Toute discrimination fondée sur l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. » Les contrevenants sont passibles des peines d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement. Elle crée le délit de négationnisme. Pour la première fois l’histoire n’est plus écrite par les historiens mais par les politiques.
Bis repetita placet : le député PS de la Haute-Vienne Stéphane Delautrette, un des porteurs de l’initiative, veut sans doute passer à la postérité comme le député communiste en portant cette future proposition de loi. Comme pour l’histoire, la science ne sera plus écrite par les scientifiques mais par les politiques. Il n’est pas certain que la proposition de loi soit déposée ou qu’elle aille jusqu’au bout, mais les intentions sont là : comme pour les questions autour des discriminations ou plus récemment du Covid, n’entendre qu’une seule voix autorisée et en parallèle surveiller, surveiller et punir. Joli métier.