Le vendredi 29 septembre 2023, lors de l’émission de débats qu’il anime sur la chaîne de télévision CNews, Pascal Praud a posé une question qui a provoqué un tollé, tant au sein d’une partie des médias de grand chemin que du monde politique et du gouvernement.
Le journaliste devenu une sorte de poil-à-gratter, tant sur CNews que sur Europe 1, questionnait les causes de la prolifération des punaises de lit. Pascal Praud est ensuite revenu sur le même sujet dans son émission d’Europe 1, « Pascal Praud et vous », le vendredi 6 octobre 2023. À cette date, la polémique était devenue une question de salubrité publique.
Punaise, ma chère punaise, d’où viens-tu donc ?
Lors de l’émission « L’heure des pros », Pascal Praud a posé cette question : « Est-ce que l’on sait pourquoi il y a plus de punaises de lit aujourd’hui ? ». Le débat portait sur la multiplication des punaises des lit en France. Il est vrai que, d’après 20 Minutes en date du 26 septembre 2023, « Les punaises de lit sèment la terreur en France. On en voit partout, dans les cinémas, à l’hôpital, dans les trains, créant une psychose liée au fait que ces sales bêtes sont particulièrement tenaces ». Dans le même article, l’entomologiste Léna Polin indique qu’elles ont toujours existé en France, même si elles avaient pratiquement été éradiquées depuis les années 1950 mais « On bouge davantage, on voyage plus, c’est comme cela que l’on importe ce type de parasite ».
L’information est importante. C’est le lien entre le déplacement (« on importe ce type de parasite ») des punaises de lit et les migrations, qui a induit le mauvais procès fait à Pascal Praud après son émission du 29 septembre sur CNews.
Des punaises à Roissy… et ailleurs
En effet, le journaliste, qui n’a pas l’habitude d’avoir la langue dans sa poche, ce qui est devenu rare dans les médias actuels, a poursuivi sa question : « Est-ce lié à l’hygiène ? ». Il s’adresse à Nicolas Roux de Bézieux, fondateur et dirigeant d’une plateforme qui est spécialisée dans la lutte contre les nuisibles tels que les punaises de lit. Pascal Praud enchaîne :
« Je vais poser toutes les questions : il y a beaucoup d’immigration en ce moment. Est-ce que c’est les personnes qui n’ont pas les mêmes conditions d’hygiène que ceux qui sont sur le sol de France qui les apportent parce qu’ils sont dans la rue, parce que peut-être n’ont-ils pas accès à tous les services comme les autres ? Est-ce lié à cela ? ».
La polémique démarre immédiatement sur les réseaux sociaux, si bien que Pascal Praud justifiera sa question à la fin de l’émission :
« L’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers s’est retirée de la zone d’attente de Roissy, infestée par les punaises de lit. Une situation qui, selon elle, ne cesse de se dégrader » depuis février.
La chasse à la sorcière Praud est lancée
Des députés du groupe Renaissance et du groupe LFI ont déclaré, le jour même de l’émission, saisir le régulateur des médias, jugeant la question de Pascal Praud « raciste ». Sur X (ex-Twitter), le député LFI des Hauts-de-Seine Aurélien Saintoul va même jusqu’à déclarer : « Ces propos sont d’un racisme évident. La prétendue prudence de Pascal Praud ne cache pas le souvenir de Maurras qui affirmait « l’effroyable vermine des Juifs d’Orient apporte les poux, la peste, le typhus. Ignoble ».
En fin de journée, France Inter publiait un article sur son site. Selon ce média, la vraie question serait « Jusqu’où ira Pascal Praud pour faire le buzz ? » (le vendredi 29 septembre 2023, son nom a été dix fois plus mentionné que la vieille, selon Visibrain).
La journaliste Noémie Lair enchaîne en rappelant les faits et en insistant sur « l’indignation » provoquée par Pascal Praud. Puis, elle précise que « La ministre chargée de la lutte contre les discriminations, Bérangère Couillard, indique sur le réseau social X (ex-Twitter) demander à la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT de saisir l’Arcom, après ces propos qu’elle qualifie de très choquants. Je n’accepterai jamais les discours de haine dans les médias comme ailleurs. Il ne faut rien laisser passer ». Pour les députés Renaissance, les propos de Pascal Praud constitueraient « un racisme rance qu’on espérait éradiqué », à la fois « décomplexés » et « ignobles ».
Pascal Praud bénéficie de soutiens du côté LR
Outre le fait que son émission est l’une des plus regardées de France, traitant de sujets que certains de ses adversaires reconnaissent comme nécessaires car proches des gens, ce qui vaut aussi pour son émission d’Europe 1, Pascal Praud a obtenu le soutien de politiques, à l’image du sénateur Stéphane Le Rudulier, indiquant : « Stop à la dictature de la pensée. Pour rappel : la zone d’attente pour les personnes migrantes de l’aéroport de Roissy est infestée par les punaises de lit depuis des mois ». La sénatrice LR Valérie Boyer précise que le crime de Pascal Praud est simplement d’« oser interroger les faits face à la pensée unique ».
Dans l’un des articles qu’elle publie du lundi au jeudi sur Causeur, Elizabeth Lévy, évoque « un exemple archétypal des procès en sorcellerie dont la multiplication rend le débat impossible et le climat irrespirable ». Elle rappelle que Pascal Praud, en tant qu’animateur, n’a rien affirmé mais qu’il a interrogé l’un de ses interlocuteurs. En somme, il a posé une question à un spécialiste. Elle évoque un « lynchage », montrant sans peine combien la polémique tourne à une sorte de délire quand, par exemple, le député Renaissance Christopher Weissberg compare CNews au « torchon collaborationniste » en déclarant « Je Suis Partout est de retour ». Selon elle, il n’est évidemment pas interdit de critiquer Pascal Praud. Cependant, c’est bien de « lynchage » dont il s’agit « certaines questions sont interdites », en particulier tout débat lié à l’immigration.
Retour de la question sur Europe 1
Finalement, le vendredi 6 octobre 2023, Pascal Praud revient sur le sujet des punaises de lit, lors de son émission sur Europe 1 cette fois. Il ne pose pas de questions qui fâchent mais porte le débat sur l’actualité immédiate : dans un lycée parisien, l’ensemble des professeurs fait valoir son droit de retrait et refuse donc de travailler tant l’établissement est infesté de punaises de lit. Les médias se tournent alors vers les établissements scolaires et l’on découvre, ce même jour, que de nombreux établissements scolaires, depuis les écoles jusqu’aux lycées, ainsi que plusieurs internats infestés doivent fermer leurs portes : à Louhans, Saint-Dié… Le 7 octobre, c’est un deuxième lycée parisien qui est considéré comme infesté.
Toujours selon Europe 1, les locaux de la police aux frontières de l’aéroport d’Orly seraient aussi infestés. La question soulevée par Pascal Praud, celle de l’origine de la recrudescence des punaises de lit, n’est plus seulement une polémique, c’est devenu une question de salubrité publique. Qui osera répondre à sa question ?
ENCADRE https://www.ojim.fr/portraits/portrait-pascal-praud-le-dandy-nantais/