De la Nouvelle France à la France éternelle
Né le 20 août 1980 à Lorraine dans les Laurentides, le Québécois Mathieu Bock-Côté est désormais une personnalité bien connue du PAF et plus globalement des médias français. Ancien chroniqueur du Journal de Montréal et figure de la vie intellectuelle montréalaise, essayiste et sociologue, il s’est imposé dans l’hexagone comme l’une des figures de proue de la nouvelle génération de journalistes et d’intellectuels « conservateurs » qui suscite l’ire de la gauche ne supportant pas l’intrusion d’une quelconque contradiction idéologique dans son pré-carré médiatique.
Portrait vidéo
Formation
Diplômé en philosophie de l’Université de Montréal, titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en sociologie de l’Université du Québec à Montréal, ses travaux universitaires traitent essentiellement du nationalisme québécois, de la culture politique québécoise et de la confrontation de celle-ci avec le multiculturalisme. Baigné familialement dans le nationalisme québécois, son mémoire de maîtrise et sa thèse de doctorat — « rédigés sur le ton de l’essai » selon son directeur Jacques Beauchemin – sont déjà marqués par le conservatisme et la volonté de dépasser le cadre strictement scientifique pour inscrire sa démarche sociologique dans une vision politique globale à rebours des tendances lourdes parcourant déjà l’université canadienne qui fût l’un des principaux berceaux de l’idéologie « woke » et de la course à la « repentance » vis à vis des diverses minorités ethnico-culturelles.
Vie privée
Matthieu Bock-Coté est marié avec la journaliste, animatrice et productrice québécoise Karima Brikh, qu’il a rencontrée sur le plateau d’une émission animée par celle-ci. Karima Brikh a depuis lors également rejoint la rédaction de CNews. Moins conservatrice que son conjoint, Karima Brikh est sensée être l’un des contrepoids de « centre gauche » sur la chaîne d’information.
À l’âge de 16 ans, il adhère au Parti Québécois (PQ), mouvement politique indépendantiste dirigé aujourd’hui par Paul St-Pierre Plamondon. Il en restera membre jusqu’en 2004.
Parcours Professionnel
Après avoir été chargé de cours à l’UQAM, à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke ainsi qu’à HEC Montréal, il se lance dans le journalisme et contribue à divers médias québécois, principalement le Journal de Montréal mais également le quotidien 24 heures, QUB Radio, ou encore Télé-Québec.
C’est en 2014 qu’il traverse l’atlantique et entame de nombreuses participations à des médias français, signant notamment des articles dans Le Figaro, Le Point ou Valeurs actuelles. Il collabore également à Front Populaire, de Michel Onfray et à Causeur, dirigé par Élisabeth Lévy.
En 2020, il est recruté par CNews et Europe 1, au côté notamment de Charlotte d’Ornellas et Eugénie Bastié, pour « remplacer Éric Zemmour » sur une ligne jugée « ultraconservatrice » (on frémit !) par le journal Le Monde. On peut aujourd’hui également le lire dans les colonnes du JDD nouvelle formule.
S’affirmant « gaulliste », ce qui aujourd’hui ne mange pas de pain tant la « gaullomanie » semble également partagée d’un côté à l’autre de l’échiquier politique, « MBC », comme on le surnomme, fait souvent référence à des figures « libérales-conservatrices » comme Margaret Thatcher ou Helmut Kohl et affirme se situer dans la lignée de l’intellectuel Raymond Aron. Ses professions de foi « libérales » ne l’empêchent pas d’être la cible de violentes attaques de la gauche et de l’extrême gauche qui cherchent régulièrement à faire interdire ou à perturber ses interventions publiques.
Ainsi, en décembre 2020, en pleine crise du Covid, alors que l’Association des librairies du Québec produit des vidéos de personnalités incitant à la lecture, elle décide de censurer celle dans laquelle le Premier ministre québecois, François, Legault, suggérait la lecture de son l’essai L’empire du politiquement correct.
En France, les 7 et 8 janvier 2022, Mathieu Bock-Côté participe à un colloque organisé dans l’enceinte de la Sorbonne, intitulé « Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture ». Cet événement provoque de fortes polémiques et un certain nombre d’universitaires et de syndicats, notamment la CGT et SUD, appellent à son annulation, au nom « des libertés académiques », comme il se doit.
La gauche ne peut en effet lui pardonner ses prises de position anti-wokistes, sa remise en cause du dogme du « racisme systémique » pas plus que ses dénonciations des indulgences dont bénéficie l’islamisme et sa défense du droit des « autochtones » à vivre selon leur héritage et leurs traditions.
Publications
- Mathieu Bock-Côté (dir.) et Jacques Beauchemin (dir.), La Cité identitaire, Outremont, Athéna Éditions, 2007, 304 p.
- Mathieu Bock-Côté, La Dénationalisation tranquille : mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire, Montréal, Boréal, 2007, 216 p.
- Mathieu Bock-Côté, Fin de cycle, Montréal, Boréal, 2012, 185 p.
- Mathieu Bock-Côté, Exercices politiques, Montréal, VLB éditeur, 2013, 384 p.
- Mathieu Bock-Côté, Le Multiculturalisme comme religion politique, Paris, Éditions du Cerf, 2016, 368 p.
- Mathieu Bock-Côté, Le Nouveau Régime : Essais Sur les Enjeux Démocratiques Actuels, Montréal, Boréal, 2017, 328 p.
- Mathieu Bock-Côté, L’Empire du politiquement correct : essai sur la respectabilité politico-médiatique, Paris, Éditions du Cerf, 2019, 299 p.
- Mathieu Bock-Côté, La Révolution racialiste : et autres virus idéologiques, Paris, Presses de la Cité, 2021, 240 p.
- Mathieu Bock-Côté, Le totalitarisme sans le goulag, Paris, Presses de la Cité, 2023, 272 p.
Ce qu’il gagne
Non renseigné.
Il a dit…
« Ce n’est pas à la société majoritaire de s’incliner devant les revendications identitaires ou religieuses. C’est au nouvel arrivant de « prendre le pli » de la majorité historique, sans nier les droits et libertés. Les Québécois doivent assumer « sans complexe » leurs 400 ans d’histoire (…) y compris la mémoire du catholicisme (…) et pouvoir se souhaiter « Joyeux Noël » sans craindre d’offenser personne ».
Mathieu Bock-Côté, table ronde, Université de Sherbrooke, mai 2011.
« Je suis probablement l’intellectuel le plus insulté au Québec. »
Mathieu Bock-Côté, « L’effet MBC », L’Actualité, 6 août 2022.
« Il y a une meute lyncheuse qui se rassemble sur les réseaux sociaux et qui mène des campagnes de diffamation contre ceux qui contredisent le dogme du moment. Dès qu’on la contredit, il y a la tentation du lynchage et du procès de l’Inquisition. »
Mathieu Bock-Côté, émission « Tout le monde en parle », version Québécoise, ICI Radio-Canada, décembre 2020.
« Je crois au respect mais je n’accepte pas ceux qui se transforment en petits inquisiteurs, qui font des listes d’interdits, qui mènent des campagnes de dénigrement à temps plein. »
Mathieu Bock-Côté, émission « Tout le monde en parle », version Québécoise, ICI Radio-Canada, décembre 2020.
« Cette fragmentation infinie de la subjectivité est visible dans l’acronyme LGBTQI+, qui semble appelé à s’étendre en mobilisant toutes les ressources de l’alphabet. »
Mathieu Bock-Côté, L’empire du politiquement correct, 2019, Le Cerf.
« La beauté de notre histoire, c’est d’abord celle d’un peuple qui ne veut pas disparaître et qui s’accroche à l’existence de toutes les manières possibles. »
Mathieu Bock-Côté, « Gilles Vigneault : poète de l’enracinement et de la renaissance », Le Journal de Montréal (blog), 24 novembre 2014.
Ils ont dit de lui…
« Mathieu Bock-Côté martèle un discours hostile au multiculturalisme. Inversant le sens des dominations, il se présente comme une sentinelle antitotalitaire. »
Fabien Escalona, Mediapart, « Mathieu Bock-Côté, exportateur de paniques morales à travers l’Atlantique », 16 juillet 2023.
« On pourrait dire que c’est un conservateur naviguant entre extrême droite et extrême centre. »
Philippe Corcuff, La grande confusion, 2020.
« Matthieu Bock-Coté, l’immigré québécois, le chum de Montréal, qui a rien à foutre ici, le chum de Tchicoutimi, qui se pogne sur la France. L’immigré qui met la France dans la laveuse en jasant, celui qui pète une coche sur les affaires qui le concernent pas ».
Yann Barthès, Chronique « Ferme ton tabernacle », in émission Quotidien, TMC, octobre 2022.
« Plutôt que de se donner la peine de les lire (…) les contradicteurs de Mathieu Bock-Côté se contentent souvent de lui coller une étiquette (« nationaliste conservateur », « homme droite », etc.), de railler la forme de ses interventions, de caricaturer ses arguments, quand ce n’est pas son physique. »
Éric Bédard, Revue Argument, « Revitaliser la démocratie: quelques réflexions sur le dernier livre de Mathieu Bock-Côté sur le multiculturalisme », 2016.
« Le fait d’avoir un pied au Québec et un autre en France lui apporte un œil nouveau, et sa pensée apporte incontestablement au débat d’idée à droite même si ce ne sont pas mes opinions politiques. Et c’est assez rare, pour un intellectuel étranger, de se faire une place dans le débat d’idée à droite au sein de grands journaux généralistes. »
Jean-Yves Camus, 20 Minutes, « Qui est le Québécois Mathieu Bock-Côté, nouvelle voix de la droite conservatrice française? », 28 octobre 2017.