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Libération enfant chéri du capital, Daniel Křetínský injecte de nouveau entre 12 et 14M€

27 décembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Libération enfant chéri du capital, Daniel Křetínský injecte de nouveau entre 12 et 14M€

Temps de lecture : 4 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 26 octo­bre 2023

C’est une information que vous ne trouverez pas dans Libération et pour cause. Le quotidien bobo gauchiste ne vit que des libéralités de milliardaires, la dernière en date de l’oligarque tchèque Daniel Křetínský qui vient de remettre la main à la poche.

Une longue liste de soutiens de milliardaires

Voici une liste de « sou­tiens » qui ne sera jamais pub­liée sous forme d’investigation dans le quotidien :

2005, le jour­nal est en ces­sa­tion de paiement, Édouard de Roth­schild ren­tre au capital.

2012, bis repeti­ta, le jour­nal est au bord du gouf­fre. Roth­schild sort et Bruno Ledoux, un homme d’affaires qui a fait for­tune dans l’immobilier, prend 26% du cap­i­tal. Il réin­jectera de la tré­sorerie en févri­er 2014 pour éviter le dépôt de bilan.

Juil­let 2014, ça ne s’arrange pas, Patrick Drahi arrive en cheva­lier blanc, Drahi et Ledoux se parta­gent le jour­nal 50/50.

Juin 2016, Ledoux sort, Altice/SFR de Drahi seul maître à bord.

Mai 2020, le jour­nal passe à un Fonds de dota­tion pour une presse indépen­dante (FDPI), Drahi règle le pas­sif mais com­mence à se désen­gager tout en gar­dant un œil très vif via les admin­is­tra­teurs du fonds, la plu­part col­lab­o­ra­teurs de SFR.

Sep­tem­bre 2022, risque de ces­sa­tion de paiements des four­nisseurs et des salaires, le tri­bunal de com­merce est proche. Daniel Křetín­ský donne un mil­lion d’euros et en prête qua­torze, rem­bourse­ment avant fin 2026. Il ren­tre au con­seil d’administration.

Octo­bre 2023, les 15M€ sem­blent déjà engloutis, Daniel Křetín­ský s’engage pour un nou­veau prêt entre 12 et 14M€, rem­bourse­ment avant fin 2027. L’accord évoque une pos­si­bil­ité de prêts ultérieurs.

Voir aus­si : Info­gra­phie : Daniel Křetínský

Libé, le tonneau des Danaïdes

Vous con­nais­sez le ton­neau des Danaïdes ? Les cinquante Danaïdes, filles de Danaos, ont per­cé le cœur de leurs cinquante maris et sont con­damnées aux enfers où elles doivent empêch­er l’eau de s’écouler d’un ton­neau per­cé en bouchant les trous alors que l’eau coule con­tinû­ment. Mais les trous sont bien plus nom­breux que leurs doigts, l’eau fuit tou­jours et le ton­neau ne sera jamais rempli.

C’est la même chose pour Libéra­tion, 12M€ de pertes en 2020, 8M€ de pertes en 2021, à peu près la même chose pour 2022 et 2023 ne devrait pas voir une franche amélio­ra­tion. On évoque pudique­ment main­tenant un retour à l’équilibre… pour 2028. Autrement dit on ver­ra bien, du moment que les mil­liar­daires paient… comme les contribuables.

Sur ce dernier point,  le jour­nal fait par­tie des mieux dotés en aides directes et indi­rectes de l’État :

2012/2017 47M€
2018 6,3M€
2019 5,9M€
2020 7,7M€
2021 6,7M€
2022 5,4M€
TOTAL 79M€

NB : Sur la péri­ode 2012/2017 une par­tie de l’aide a pu être répar­tie sur l’Express appar­tenant pour cer­taines années au même groupe, mais c’est le quo­ti­di­en qui se taille la part du lion.
(Source Min­istère de la culture)

Con­clu­sion sim­ple, Libéra­tion n’est pas financé par ses lecteurs, ni par ses annon­ceurs mais par vos impôts et par quelques milliardaires.

Les pertes (abyssales) ne sont pas perdues pour tout le monde

Autre ques­tion : pourquoi des mil­liar­daires investis­sent-ils à fonds per­dus dans un jour­nal qui leur est en théorie hos­tile ? Réponse : parce que cette hos­til­ité n’est que de façade, ils parta­gent les mêmes intérêts, matériels et moraux. C’est la vieille, très vieille alliance du cap­i­tal libéral et du socié­tal lib­er­taire. Le mil­liar­daire achète la sym­pa­thie du monde cul­turel plutôt con­formiste de gauche, il acquiert un accès direct au gou­verne­ment en place, il obtient de l’influence.

C’est ain­si que Patrick Drahi a racheté le jour­nal en deux étapes entre 2014 et 2016. Au moment du rachat de SFR, Arnaud Mon­te­bourg lui avait reproché son implan­ta­tion fis­cale en Israël et en Suisse : pour mon­tr­er pat­te blanche Drahi finance le quo­ti­di­en. De même pour Daniel Kretinsky, roi du char­bon et du lig­nite, il sauve un jour­nal qui couine à chaque numéro pour sauver la planète.

Con­tra­dic­tion ? Non, com­plé­men­tar­ité. Un mil­liar­daire libéral ne voit aucun incon­vénient ni à l’immigration (de la main d’œuvre bon marché), ni au mariage pour tous, encore moins à la ges­ta­tion pour autrui (GPA) qui ouvre de nou­veaux marchés. Pen­dant ce temps les cen­trales à char­bon de l’ami Daniel tour­nent à plein régime et une par­tie des prof­its vient financer Libéra­tion ou Franc-Tireur. Si vous croisez un jour­nal­iste de Libéra­tion, vous savez qui le paie et pourquoi.

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