LFI, à part ses démêlés avec la Nupes, continue son combat contre la montée en puissance des médias dans lesquels Vincent Bolloré a récemment investi. Ils veulent ainsi exercer leur droit de tirage annuel au profit de la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations des chaînes TNT.
Création d’une commission d’enquête parlementaire
« ll est vrai que Vincent Bolloré a porté à un niveau d’incandescence le non-respect des engagements » des chaînes de télévision, le député LFI des Hauts-de-Seine Aurélien Saintoul semble trouver particulièrement malséant les investissements menés par l’ancien président du conseil de surveillance du groupe Vivendi. Présent dans différents types de supports médiatiques (Canal +, CNEWS, C8, Europe1, RFM, Virgin Radio, Paris Match, JDD), l’entrepreneur avait déjà suscité le courroux de l’extrême gauche à l’Assemblée nationale. D’où la demande, par le groupe LFI, de la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations des chaînes TNT.
Bolloré, l’obsession de la gauche et l’extrême gauche
Ce n’est pas la première initiative que les groupes des gauches mènent au Parlement : en octobre 2022, LFI rédigeait ainsi une proposition de loi visant à mettre fin à la concentration dans les médias et l’industrie culturelle, où elle citait expressément les « dérives » du « cas Bolloré ».
Le 12 septembre dernier, c’est l’écologiste Sophie Taillé-Polian qui avait présenté une proposition de loi visant à protéger la liberté éditoriale des médias sollicitant des aides de l’État, en citant « un actionnaire [capable] d’imposer un directeur de la rédaction à la tête d’un journal contre lavis de 99 % des journalistes qu’il emploie », évoquant quelques lignes plus loin le cas du JDD. Au Sénat, c’est encore le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, qui a proposé la création d’une commission d’enquête sur la « concentration des médias en France » ; celle-ci soulignait que le groupe Bolloré avait un chiffre d’affaires dans les médias plus élevé (16 085 M€ contre 333 M€ pour LVMH et 2082 M€ pour Bouygues).
Enfin, c’est donc Aurélien Saintoul qui a déposé une proposition de résolution, le 13 octobre dernier, tendant à la création d’une commission d’enquête sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre.
La télévision 🇫🇷 est farcie de chroniqueurs racistes, de présentateurs harceleurs, de journalistes ou patrons de presse partiaux et propagandistes.
Au nom du groupe @FiAssemblee, j’ouvre une commission d’enquête sur le fonctionnement des chaînes TV. pic.twitter.com/qECHo4yh4E
— Aurélien Saintoul (@A_Saintoul) October 24, 2023
Une commission qui arrive à point nommé
« Les chaînes de télévision ne peuvent pas être de simples actifs dans les portefeuilles de magnats tels que Messieurs Martin Bouygues, Patrick Drahi ou Vincent Bolloré », indiquait l’exposé des motifs de la PPR avant de déplorer « le manque de diversité [..] la récurrence des dérapages racistes et sexistes [comme ne relevant pas] du hasard mais [incarnant] l’effet direct de cette concentration financière voulue par ces propriétaires, dont certains ne se cachent même pas de mener à bien une entreprise idéologique ». Volonté de contrôler le respect des engagements contractuels initiaux par les chaînes (notamment celles dont les contrats arrivent à échéance), examen des moyens mis à disposition de l’ARCOM pour contrôler le respect des engagements pris par les chaînes, mise en lumière sur la procédure d’attribution au sein de l’ARCOM : tels sont les objectifs d’une PPR qui arrive à point nommé puisque l’autorité doit renouveler en 2025 les fréquences de quinze chaînes, parmi lesquelles plusieurs chaînes du groupe Vivendi (C8 le 25 février, Canal + le 5 juin, et CNews le 31 août). Xavier Niel est d’ailleurs en embuscade après son échec pour reprendre la fréquence de M6.
Et un possible débat en séance publique
Le sujet semble tenir au cœur des Insoumis, qui sacrifieraient leur « droit de tirage » annuel dont disposent les groupes pour proposer que cette commission soit à l’ordre du jour de l’Assemblée. Ces députés LFl pourraient également demander, comme ils en ont le droit une fois par session ordinaire, à ce que cette commission soit accompagnée d’un débat en séance publique.
Curieusement, LFI ne demande pas d’enquête sur les investissements de Xavier Niel dans les médias, on se demande bien pourquoi…
Voir aussi : groupe Bolloré, infographie