Première diffusion le 30 octobre 2023
Elles avaient échoué en Hongrie l’année dernière mais ont réussi cette année en Pologne. Même si les raisons de l’échec du PiS à reconduire sa majorité absolue pour la troisième fois de suite sont multiples, l’existence d’ingérences étrangères dans la campagne qui a précédé les élections législatives du 15 octobre 2023 en Pologne est désormais prouvée sans que l’on connaisse encore toute leur étendue. Ces ingérences de la nébuleuse Soros étaient déjà connues depuis quelques temps et nous les avions évoquées sur le site de l’Observatoire du Journalisme.
Dépenses des ONG sous enquête
Quelques jours après les élections, un député de la majorité sortante, Dariusz Matecki, est allé vérifier les dépenses de ces ONG pour promouvoir sur les réseaux sociaux leurs messages contre les listes électorales de droite. Les listes visées étaient celles, d’une part, de la coalition gouvernementale sortante Droite unie, qui sont en fait les listes du PiS sur lesquelles se présentaient également les candidats de deux petits partis alliés au PiS, ainsi que, d’autre part, les listes de l’alliance des nationalistes et des libertariens, Confédération (Konfederacja).
Le député Matecki est lui-même membre du parti Pologne souveraine, un de ces deux partis alliés au PiS au sein de la coalition Droite unie (son chef est le ministre de la Justice sortant). Confédération, malgré les dénégations de part et d’autre sur l’existence d’une telle possibilité, était considérée comme le seul allié potentiel du PiS si celui-ci devait échouer à reconduire sa majorité absolue, ce que prévoyaient les sondages.
Finalement, même avec Confédération, le PiS n’a plus la majorité absolue, et la prochaine coalition gouvernementale en Pologne devrait rassembler la Coalition civique menée par la Plateforme civique (PO) de l’ancien premier ministre et ancien président du Conseil européen Donald Tusk, la coalition centriste Troisième voie et la coalition Nouvelle Gauche. Cette nouvelle coalition gaucho-libérale a tout pour plaire à Soros et ses amis.
Plus de 300 publicités hostiles sur Facebook
Les dépenses des NGO dans la campagne ne sont pas anodines à l’échelle polonaise. Ainsi que le remarque le député Matecki, à propos d’une seule de ces organisations :
« Ils ont diffusé 332 publicités sur Facebook au cours des 90 derniers jours. Quelqu’un a soudainement investi près de 1,5 million de zlotys dans une campagne électorale en Pologne, dans des publicités incitant directement les citoyens à ne pas voter pour tel ou tel parti politique. Ils ont dépensé davantage sur Facebook que n’importe quel parti politique. »
Pour donner une idée des sommes, précisons qu’il faut à peu près 4,5 zlotys pour un euro.
Une couverture tissée entre Estonie et Hongrie
Les chiffres donnés ci-dessus concernent le profil Do:łącz géré par la société estonienne Amplify App OÜ. Le site wPolityce.pl appartenant à l’hebdomadaire conservateur Sieci alertait sur l’activité de cette société estonienne de médias dès le mois de juin dernier, dans un article au titre évocateur :
« Des personnes liées à Soros veulent empêcher la victoire du PiS ! Un entreprise estonienne opère déjà en Pologne. Des noms de députés de la PO en arrière-plan ».
Le site wPolityce.pl apprenait alors à ses lecteurs que cette société estonienne appartenait en fait à un Hongrois, Tibor Dessewffy, « un sociologue qui exerce des fonctions importantes au sein du groupe de réflexion ECFR (European Council on Foreign Relations) basé à Bruxelles, une organisation à but non lucratif financée par l’Open Society Foundation (OSF) de George Soros. » Et le média polonais d’ajouter : « Comme l’a rapporté mandiner.hu en 2021, l’entreprise de M. Dessewffy est l’une des composantes d’une puissante machine de big data développée pour la campagne de 2022 visant à évincer Viktor Orbán du pouvoir. »
On trouve aussi un article de juin sur l’activité politique de Do:łącz en Pologne et son propriétaire hongrois sur le site Internet de la télévision publique polonaise.
Quelques messages significatifs
Parmi les messages de campagne ayant fait l’objet d’une promotion payante sur Facebook par le profil Do:łącz, il y a par exemple ce message on ne peut plus clair au-dessus du portrait des leaders du PiS et de Confédération : « Ne votez pas pour le PiS ou pour Confédération ! ». Et comme il ne s’agit pas de partis politiques, ces messages n’entrent bien sûr pas dans les frais de campagne et ne sont donc pas plafonnés. On ne s’en offusque pas s’il s’agit d’organisations polonaises financées avec de l’argent polonais. Mais là, c’est de l’argent qui vient de l’étranger pour fausser le jeu des élections polonaises. Quand on soupçonne les Russes d’être dans le coup, tous nos grands médias en parlent, mais quand c’est de l’argent américain ou allemand…
Encore un peu d’argent allemand et de l’ami Soros
Ainsi, le magazine Liberté ! (en français) dont le rédacteur en chef Leszek Jażdżewski, avait sans doute, par ses propos outranciers prononcés en présence de Donald Tusk contre l’Église et contre le PiS, contribué à la défaite des libéraux et de la gauche aux élections législatives polonaises de 2019, aurait-il dépensé 1 143 357 zlotys rien qu’en réclames à contenu politique sur Facebook pendant la campagne électorale polonaise ainsi que 135 000 zlotys sur Youtube, fait remarquer Dariusz Matecki. Et le député demande : « Liberté est liée, entre autres, à la fondation allemande Friedrich Naumann Foundation for Freedom et à l’Open Society Foundations (Soros). Est-ce l’argent de ces organisations qui a été dépensé pendant la campagne électorale en Pologne ? » Ce qui est certain, c’est que des magazines plus lus que Liberté ! ne disposent pas de ce genre de budget.
Les exemples de pubs de Liberté ! donnés en lien par le député de la majorité sortante conduisent à des messages attaquant Confédération ou des messages cherchant à convaincre les Polonais que ce parti formerait une coalition avec le PiS s’il en a la possibilité après les élections.
Ne pas oublier Amnesty International
Une autre fondation, la Fondation Batory, créée dans les années 1980 par George Soros en personne (avec l’accord du régime communiste de l’époque) et financée par l’Open Society Foundations du même Soros, aurait dépensé 349 083 zlotys rien qu’en promotion Facebook pendant la campagne électorale. Une autre organisation classée à gauche et très hostile aux gouvernements conservateur du PiS comme la Fondation Batory, et qui reçoit elle aussi des fonds de l’OSF, c’est Amnesty International dont la branche polonaise aurait dépensé 142 424 zlotys pour la promotion de ses messages sur Facebook pendant la campagne électorale polonaise.
Le député de Pologne souveraine rappelle que son parti militait depuis plusieurs années pour faire adopter une loi imposant la transparence des financements des ONG. Une loi comme en avait la Hongrie avant que la Cour de Justice de l’UE ne décrète que ce n’est pas conforme avec le droit européen.
La main américaine
Dans un entretien pour l’hebdomadaire conservateur polonais Do Rzeczy publié deux semaines avant les élections du 15 octobre (et dont la traduction anglaise est accessible sur le site Sovereignty.pl), le Hongrois Csaba Faragó, chef du département international de la Fondation Százádvég, un important groupe de réflexion conservateur en Hongrie, expliquait ainsi le mode opératoire de ces interférences étrangères, en l’occurrence en provenance de la gauche américaine :
« Leur méthode est restée la même depuis les années 1990 : ils essaient d’envoyer de l’argent des États-Unis, qu’il s’agisse de l’argent des contribuables ou de l’argent des fondations, souvent de manière détournée. Ils organisent des appels d’offres, destinés exclusivement à leurs organisations partenaires en Hongrie ou ailleurs, qui sont celles qui sont appelées à recevoir cet argent. Ils s’efforcent ensuite de les encadrer pour produire un impact majeur sur l’opinion publique d’un pays. »