Qui l’eût cru ? Après avoir mené au bord de la catastrophe l’empire créé par son père, après avoir perdu un milliard d’euros et quelques dans le sport, après en avoir vendu l’essentiel du groupe à Vivendi de Vincent Bolloré, il réussit un double salto arrière en revenant au premier plan au sein de son ancien groupe et en prenant la tête de Hachette.
PDG jusqu’à 2027
Lorsque le combat entre Bernard Arnault et Vincent Bolloré faisait rage pour reprendre le groupe Lagardère, Bolloré a eu l’intelligence de respecter l’ego de l’héritier regardé avec commisération par les maîtres du CAC 40. Il lui a ainsi garanti le titre de PDG de son groupe (sans le démanteler) jusqu’à la prochaine élection présidentielle, avec les émoluments qui l’accompagnent.
Voir aussi : Grandeur et décadence de la maison Lagardère (Seuil)
Mais un titre de PDG peut être un simple hochet, une jolie carte de visite assortie du salaire et des notes de frais de rigueur. C’est ce que chacun prédestinait à Arnaud Lagardère, y compris à l’Observatoire du journalisme. Nous pensions que la perte de contrôle du groupe correspondrait à une sorte de retraite anticipée tout en respectant les formes d’un faux-semblant d’activité. Nous nous sommes trompés.
De vrais titres avec une influence réelle
Ce n’était pas gagné d’avance. C’est bien Arnaud Lagardère qui a été chercher Geoffroy Lejeune pour reprendre le JDD dans la tourmente.
C’est lui qui a obtenu la direction effective du pôle d’Europe 1 en voie de redressement. Surtout, à la surprise générale, il a été désigné comme PDG d’Hachette intégré au groupe Bolloré après que celui-ci ait obtenu les autorisations nécessaires pour le rachat en se séparant d’Editis. Un autre candidat se serait bien vu dans le fauteuil, c’est Nicolas Sarkozy. Mais ses ennuis judiciaires ont nui à sa candidature.
Il faut aussi avoir de la chance. La vache à lait du groupe Lagardère c’est la distribution de médias (les Relay) mais surtout les boutiques hors taxes d’aéroport. Un secteur sinistré lors de période Covid et post Covid mais qui a repris une pleine vigueur depuis la moitié de l’année 2022 avec la reprise du transport aérien et qui remplit les caisses du groupe.
Au passage, Arnaud Lagardère se sera débarrassé de sa dette personnelle auprès des banques qui risquait de le perdre. Il a du temps devant lui, il peut vendre quand il veut à Vivendi les actions de Lagardère qu’il conserve et prendre alors une retraite dorée ou continuer à profiter de ses mandats de président en exerçant pleinement le pouvoir ou sans doute en le partageant sagement avec les hommes de l’ombre de Vincent Bolloré.
Voir aussi : Infographie : le groupe Lagardère (avant la finalisation de la vente à Bolloré)