Vous ne le connaissez certainement pas et c’est pour cela qu’il ferme ! Nowu, le média destiné à traiter la question de l’environnement auprès des jeunes a fait l’objet d’un arbitrage de la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte : il ne passera pas la fin de l’année.
Un média « djeune »
Nowu, c’est en quelque sorte une histoire franco-allemande de plus qui aura mal tourné. Ce média numérique créé par France Télévisions et la Westdeutscher Rundfunk (le service public audiovisuel du land de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie) pour sensibiliser les jeunes aux question écologiques, n’aura duré que deux ans et demi. La cible était assez limitée et surtout volatile : les « jeunes » à partir du lycée et jusqu’à à 25 ans.
À travers des contenus écrits et diffusés sur les réseaux sociaux (Instagram, TikTok et Twitter) le site proposait d’évoquer les grandes questions environnementales mais n’a pas trouvé son public. Avec à peine 1 000 abonnés sur Twitter, 46 000 sur Instagram et 95 000 sur TikTok, le concept n’a pas percé.
Au programme de la communication, des visuels franchement moches, beaucoup d’émoticônes pour faire jeune, un peu de scato, qui ne fonctionne pas mais aussi du prosélytisme végan. Avec une présentation toujours très diversitaire et très urbaine, n’a pas réussi à susciter d’interaction et n’a presque jamais fait parler de lui en dehors des canaux de France Télévisions.
T’imagines pas tout ce qu’on peut faire avec l’urine, les excréments et les cheveux #PasDeGachis 👇https://t.co/1iJLwNkR6N
— NOWU (@nowu_fr) November 7, 2023
Un site pas intuitif et incomplet
La visite du site Nowu permet d’avoir un aperçu rapide des raisons de son échec. Outre le fait de renvoyer à des documentaires Arte, Netflix ou encore Apple TV, les contenus donnent la fâcheuse impression de prendre le lecteur pour un demeuré. Parmi les conseils dispensés, on retrouve des thèmes comme « Comment convaincre ta pote de garder ses vieilles baskets ou son vieux téléphone ? »… Les articles suggèrent également des propositions étonnantes du type : « Et si on vivait tous·tes en coloc en 2050 ? ». La « Co-red cheffe » du média Pauline Vallée dispensait pour sa part la bonne parole sur les réseaux avec des contenus aussi cruciaux pour le lecteur (que pour la planète) « Thread useless du samedi : les écolos sont-ils pas drôles ? » . Si l’on met de côté l’absence de négation et l’usage d’un français souvent approximatif, il convient surtout de noter que l’absence totale d’interaction avec cette personne qui semble avoir travaillé dans le vide. Pauline Vallée, pourfendeur d’Elon Musk, pourra toujours se cacher derrière le nouvel algorithme, il semblerait surtout que contenu tantôt moralisant tantôt victimisant n’ait pas trouvé d’écho auprès des jeunes générations visées.
Adieu la planète et vive le sport !
Le média La Lettre affirme que la patronne de France Télévisions entend « redéployer ses moyens » sur la couverture des JO de 2024, une explication surprenante tant les Olympiades n’ont pas grand-chose à voir avec Nowu. En réalité, le sort de ce fantôme du net semblait scellé depuis plusieurs mois. Dès janvier 2023 il ne publiait plus guère avec le retrait de la Westdeutscher Rundfunk du projet.
Alimenté par une dizaine de personnes en France, il était néanmoins confié à des prestataires externes à France télévisions ce qui peut paraître assez étonnant quand on jette un œil aux effectifs pléthoriques de ce média public. Toujours selon La Lettre, les contenus de Nowu seront redéployés sur les différentes offres éditoriales de France Télévisions notamment France Info. Après une heure passée à « surfer » sur ce site il nous est apparu difficile de trouver quelque chose à sauver parmi les contenus proposés. Lors de ses premiers mois d’existence, Nowu se félicitait d’avoir créé un site basé sur la « sobriété numérique ». Après deux ans de gâchis, pas sûr que le bilan carbone laissé par cette aventure éditoriale soit très favorable pour la planète.