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Le naufrage de la Nupes, revue de presse

12 décembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
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Le naufrage de la Nupes, revue de presse

Temps de lecture : 4 minutes

« Il n’y a plus de Nupes » a tranché Jean-Luc Mélenchon, son fondateur, lors d’une réunion publique en Charente-Maritime, enterrant officiellement l’alliance des partis de gauche. Née au lendemain de l’échec de la gauche à la présidentielle en 2022, cette coalition s’était particulièrement illustrée lors des élections législatives de la même année en obtenant 133 sièges, devenant de fait la première force d’opposition.

Les raisons de la rupture

La rup­ture était sur le bout des lèvres de tous, mais pas offi­cielle, Jean-Luc Mélen­chon l’a actée et l’alliance a implosé pour plusieurs raisons. Il accuse les com­mu­nistes, les verts et les socialistes :

« C’est le par­ti com­mu­niste qui a voté qu’il n’y avait plus de Nupes. Vous enten­dez les gens ? C’est pas moi qui ai décidé ça ! ». 

Sur­prise par l’attaque du Hamas le 7 octo­bre 2023, la France Insoumise s’était obstinée à refuser de qual­i­fi­er l’organisation « de ter­ror­iste ». Le PS avait alors voté un mora­toire sur la par­tic­i­pa­tion du groupe social­iste aux travaux de la Nupes (L’Indépendant).

Libéra­tion pointe égale­ment les pro­pos polémiques du leader de LFI à pro­pos de la marche con­tre l’antisémitisme qui serait syn­onyme « de sou­tien incon­di­tion­nel au mas­sacre ». Et rap­porte les pro­pos du maire social­iste de Mont­pel­li­er, Michaël Delafos­se, accu­sant la gauche de se per­dre en cédant au com­mu­nau­tarisme : « Peut-être qu’un jour Mélen­chon, que j’ai telle­ment admiré pour ses dis­cours sur la laïc­ité, revien­dra à la rai­son et dira qu’il s’est trompé, comme nous nous sommes trompés sur la déchéance de nation­al­ité », accuse-t-il.

Les Échos notent le lien établi entre les émeutes con­séc­u­tives à la mort de Nahel et les posi­tions fer­mes main­tenues par des per­son­nal­ités poli­tiques telles que le député David Guiraud et Antoine Laué­ment qui rejet­tent l’ap­pel au calme. L’in­tran­sigeance de LFI est vive­ment con­damnée par des représen­tants social­istes et com­mu­nistes, dénonçant ain­si une posi­tion jugée inflexible.

Comme l’a révélé Mar­i­anne, à qui il leur avait accordé un entre­tien en 2010, la pos­ture de Jean-Luc Mélen­chon a bien évolué sur l’Islam ces dernières années :

« En ce moment, on a le sen­ti­ment que les gens vont au-devant des stig­ma­ti­sa­tions : ils se stig­ma­tisent eux-mêmes — car qu’est-ce que porter le voile, si ce n’est s’infliger un stig­mate — et se plaig­nent ensuite de la stig­ma­ti­sa­tion dont ils se sen­tent vic­times », avait-il estimé, préférant « penser à tous ces gens qui n’ont tout sim­ple­ment aucune reli­gion ». (Valeurs Actuelles)

En 2019, il sig­nait une tri­bune pour Libéra­tion : « Pour dire STOP à l’is­lam­o­pho­bie ». Il y a quelques années, il fustigeait le port du voile inté­gral et  la burqa.

Libéra­tion recon­naît que la nou­velle stratégie du représen­tant de LFI est liée à ses scores réal­isés dans les quartiers dits “pop­u­laires”. En 2017, ce sont eux qui avaient élu ses dix sept députés. En par­al­lèle, « ce change­ment stratégique s’éla­bore aus­si sur un pos­tu­lat théorique : le mod­èle répub­li­cain ne parvient plus à créer une iden­tité col­lec­tive, au-delà des iden­tités de cha­cun ». Cer­tains députés con­fessent : « C’est vrai qu’il con­solide l’élec­torat musul­man, mais c’est parce que le néo­pro­lé­tari­at est musulman ». 

Stratégie de conflit

Après avoir traité Ruth Elkrief de « manip­u­la­trice » sur la plate­forme X suite à un entre­tien sur LCI, son appar­te­nance poli­tique à la gauche de la gauche lui fait béné­fici­er d’un totem d’immunité (Boule­vard Voltaire).

Cette pos­ture idéologique sem­ble être guidée par un nou­veau clien­télisme, « flir­tant avec l’islamo-gauchisme et l’antisionisme » qui fait som­br­er Jean-Luc Mélen­chon dans le déshon­neur, rap­porte Le Figaro.

Voir aus­si : Ruth Elkrief, portrait

De son côté, Le Monde accuse le numéro deux de LFI d’entreprendre une « stratégie de con­flict­ual­i­sa­tion per­ma­nente » avec les jour­nal­istes et la classe poli­tique – même de gauche avec Marine Ton­de­lier. Si la stratégie employée est de « par­ler cru et dru », pour le poli­to­logue Rémi Lefeb­vre, les « séquences » de Jean-Luc Mélen­chon sont « nour­ries et réfléchies ». C’est un « mélange de haine et d’analyse de la sit­u­a­tion », juge-t-il, rap­pelant la défi­ance d’une par­tie des citoyens à l’égard des médias. En ciblant la jour­nal­iste, M. Mélen­chon s’en prend à ce qu’il avait nom­mé la « deux­ième couche de l’ordre cap­i­tal­iste » et les « valets de l’ordre social ».

« Les Français trancheront »

À sept mois des élec­tions européennes, Jean-Luc Mélen­chon souhaite met­tre en place une liste com­mune de la gauche style Ter­ra Nova, sinon « les Français trancheront ». À suivre.

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