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EJdG, le journalisme à la sauce Sciences Po

23 janvier 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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EJdG, le journalisme à la sauce Sciences Po

Temps de lecture : 5 minutes

Nichée au cœur des monts alpins, l’École de Journalisme de Grenoble présente la spécificité d’être portée par deux institutions locales, l’Université Grenoble-Alpes et Sciences Po Grenoble. Des référents prestigieux qui sont, selon la direction de l’école, les garants de « l’excellence scientifique » du cursus proposé, mais qui sont parallèlement tout autant la garantie d’une parfaite conformité avec la doxa dominante et les consensus idéologiques obligatoires du temps. Une parfaite soumission à l’air du temps confirmée par la rédaction (certes partielle, le webmaster ayant peut-être renoncé devant le caractère lourdement fastidieux de la tâche…) du site internet de l’établissement en « écriture inclusive » et l’affirmation — qui ne mange pas de pain — « de placer l’engagement sociétal et citoyen au cœur de son projet pédagogique ».

Une école à l’image de la municipalité

Par ailleurs, l’EjdG se félicite de son implan­ta­tion dans « une métro­pole inno­vante sociale­ment, poli­tique­ment et économique­ment ». Il est vrai que Greno­ble s’enorgueillit d’être, depuis de nom­breuses années, à l’avant-garde du wok­isme éco­lo-gauchiste. Une ten­dance lourde incar­née notam­ment par le maire de la ville (depuis 2014), Eric Piolle (Europe-Ecolo­gie-Les Verts), grand pro­mo­teur des menus végé­tariens dans les can­tines sco­laires et farouche adver­saire des sap­ins de Noël tra­di­tion­nels. Eric Piolle s’est égale­ment dis­tin­gué par sa défense des « hijabeuses », ces femmes musul­manes qui mili­tent pour le droit de porter le voile dans le sport, et par l’autorisation du port du « burki­ni » dans les piscines municipales.

C’est donc à cet envi­ron­nement « inno­vant » — que cer­tains qual­i­fient « d’islamo-gauchiste »- que l’EJdG est fière d’être inté­grée. Un posi­tion­nement large­ment à gauche donc, con­fir­mé par le pro­fil des invités et autres « inter­venants extérieurs », par­mi lesquels on pour­ra not­er Mathilde Goanec, jour­nal­iste à Medi­a­part, Lau­re Pollez, jour­nal­iste à Com­plé­ment d’Enquête ou encore Ari­ane Lavrilleux.

Cette dernière, jour­nal­iste cofon­da­trice du col­lec­tif de femmes jour­nal­istes Prenons la Une, est notam­ment à l’origine des fauss­es accu­sa­tions portées con­tre l’association human­i­taire SOS Chré­tiens d’Ori­ent. En sep­tem­bre 2023, elle a égale­ment été enten­due par la DGSI dans le cadre d’une enquête pour « vio­la­tion du secret de la défense nationale » suite à des révéla­tions con­cer­nant la mis­sion de ren­seigne­ment française « Sir­li », entamée en févri­er 2016 au prof­it de l’É­gypte dans le cadre de la lutte antiter­ror­iste. À l’époque, elle avait été farouche­ment soutenue par le patron du Par­ti social­iste, Olivi­er Fau­re, ain­si que par les députés Julien Bay­ou (EELV) et Raquel Gar­ri­do (LFI).

Un enseignement bien-pensant qui n’évite pas les « dérapages »

Seule école de jour­nal­isme de la région Rhône-Alpes recon­nue par la pro­fes­sion, l’EJdG pro­pose à ses étu­di­ants un dou­ble-diplôme. À la fin de leurs deux années d’études, ces derniers obti­en­nent en effet un Mas­ter de l’Université Greno­ble Alpes et le diplôme de Sci­ences Po Greno­ble. Le con­cours d’entrée (dont l’épreuve d’admissibilité se déroule en « dis­tan­ciel ») est ouvert aux can­di­dats tit­u­laires, ou en cours d’acquisition, d’un diplôme de Licence ou équiv­a­lent. La for­ma­tion com­prend un tronc com­mun de jour­nal­isme et une spé­cial­ité que les élèves choi­sis­sent en sec­onde année (Presse écrite et agence, Radio ou Télévi­sion). Durant ces deux années d’études, l’accent est mis par­ti­c­ulière­ment sur la con­ver­gence numérique des médias et le « con­trôle des respon­s­abil­ités poli­tiques et sociales » de l’activité jour­nal­is­tique. En effet, l’école affirme ne pas con­sid­ér­er le jour­nal­isme « comme un exer­ci­ce lit­téraire ou un art de l’influence » et être par­ti­c­ulière­ment atten­tive à « l’éthique » du méti­er. Les ques­tions « de déon­tolo­gie et d’éthique du jour­nal­isme » sont donc placées au cœur des enseigne­ments. Une noble préoc­cu­pa­tion qui ne sem­ble pas tou­jours porter les fruits espérés, au regard notam­ment du scan­dale qui a sec­oué l’école en févri­er 2019, dans la foulée de celui de la « Ligue du Lol » qui a touché d’autres étab­lisse­ments du même type. À cette époque, plusieurs anci­ennes élèves de l’EJdG se sont plaintes sur les réseaux soci­aux des pro­pos tenus dans le cadre d’un groupe Face­book ani­mé par cer­tains de leurs anciens condis­ci­ples. Céline Argen­to, jour­nal­iste et élève de l’é­cole entre 2014 et 2016, a notam­ment évo­qué sur Twit­ter « d’an­ciens mem­bres de [sa] pro­mo » qui « con­tin­u­ent aujour­d’hui d’al­i­menter un groupe de haine, joli­ment appelé Ultim-hate » « Rien n’est illé­gal », a‑t-elle assuré, avant d’ajouter néan­moins : « il me sem­ble hon­teux que des per­son­nes ayant pour voca­tion d’in­former puis­sent en être réduites à sim­ple­ment cri­ti­quer pour le plaisir ». Des faits con­fir­més par d’autres anci­ennes étu­di­antes par­lant de « rail­leries » et de « moqueries dégueu­lass­es » visant prin­ci­pale­ment les femmes, élèves comme professeurs.

Rien de très grave en apparence mais toute­fois large­ment suff­isant — à l’heure des sen­si­bil­ités exac­er­bées et des fragilités extrêmes — pour sus­citer la polémique et le scan­dale, et con­duire l’école à pub­li­er un com­mu­niqué affir­mant « con­damn­er fer­me­ment » ce groupe Face­book et les pro­pos qui y étaient tenus. La direc­tion de l’établissement a égale­ment organ­isé des réu­nions avec ses étu­di­ants pour « échang­er sur ces dérives et sur les moyens d’éviter qu’elles se repro­duisent dans l’avenir ». Il est vrai que lorsque l’on joue les oies blanch­es de la « bien­veil­lance » et de « l’inclusivité », ce genre de com­porte­ments (qui, en des temps obscurs auraient sans doute été qual­i­fiés de « potach­es ») fait quelque peu désor­dre, démon­trant par ailleurs que les dis­cours lénifi­ants et le prêchi-prêcha moral­isa­teur ne suff­isent pas à élim­in­er les con­flits, étein­dre les jalousies et con­train­dre les divers bas instincts humains au sein d’un milieu ultra-con­cur­ren­tiel où les « con­frères » sont aus­si des « con­cur­rents » et où les sourires de façade ont bien du mal à mas­quer les crocs qui rayent le parquet.

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