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Confiance dans les médias : l’Assemblée nationale s’interroge sur les causes de la défiance

3 février 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Confiance dans les médias : l’Assemblée nationale s’interroge sur les causes de la défiance

Temps de lecture : 4 minutes

Le 25 janvier 2024, la Commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale interrogeait plusieurs chercheurs sur la perception des Français à l’égard des médias et de l’information, dans le cadre des États généraux de l’information.

De sondages en sondages, le con­stat est sans appel : les Français n’ont plus con­fi­ance en leurs médias. « Ce phénomène ancien sem­ble s’amplifier », a souligné en préam­bule la prési­dente de la Com­mis­sion Isabelle Rauch, avant de rap­pel­er qu’un sondage du CEVIPOF avait indiqué que seuls « 28 % [avaient] très con­fi­ance ou con­fi­ance dans les médias, con­tre 69 % n’ayant pas con­fi­ance » et que le 37ème baromètre des médias de La Croix rap­pelait que « 54 % dis­aient qu’il faut se méfi­er des médias sur les grands sujets d’actualité ». Dif­férents acteurs des médias étaient inter­rogés dans ce cadre pour répon­dre à la ques­tion des caus­es de la défi­ance dans les médias.

Défiance médiatique, défense politique

Pour Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Cen­tre de recherch­es poli­tiques de Sci­ences Po (CEVIPOF), « la con­fi­ance dans les médias doit être pris dans le spec­tre plus général de la con­fi­ance dans les acteurs du poli­tique ». Selon lui, la décor­réla­tion entre le poli­tique et le médi­a­tique ne peut être opérée. Une obser­va­tion cau­tion­née par le directeur délégué de Har­ris Inter­ac­tive, Jean-Daniel Lévy, qui a déclaré : « il y a une sus­pi­cion de tout acteur prenant la parole dans l’espace pub­lic, qui appa­raît insincère. Soit parce qu’il aurait des intérêts cachés dans ses déc­la­ra­tions, soit parce que sous cou­vert d’expertise il dis­pense ses opin­ions ». Celui-ci a néan­moins indiqué que les Français avaient un point de vue para­dox­al sur les émet­teurs de ces infor­ma­tions ; ils seraient ain­si méfi­ants à l’égard des émet­teurs mais non des jour­nal­istes, qui seraient perçus comme des per­son­nes mues par une « bonne volon­té » mais « empêchés » de men­er exhaus­tive­ment leur tra­vail par les « sys­tèmes » dans lesquels ils sont intégrés.

L’info en continu : une cause de la défiance ?

C’est aus­si parce qu’ils ont l’impression de « voir tou­jours les mêmes têtes », a renchéri Bruno Cautrès, que « les mêmes mots revi­en­nent, que les mêmes sujets sont exploités », que les Français exprimeraient leur défi­ance à l’égard de leurs médias. Une infor­ma­tion con­fir­mée par Lau­re Sal­vaing, direc­trice générale des études de Ver­ian (ancien SOFRES – Kan­tar), qui indique qu’il existe une « fatigue infor­ma­tion­nelle », causée par deux raisons prin­ci­pales : la redon­dance des sujets traités (à l’instar de « la mort de Nahel » et « la guerre en Ukraine » dont les Français inter­rogés par son insti­tut ont déclaré avoir trop enten­du par­ler) et l’absence de mise en avant d’autres sujets (dont la « fin de vie », les « vio­lences faites aux femmes » et les dif­fi­cultés à dia­loguer avec l’administration).

La nature de l’information sem­ble égale­ment être un sujet d’inquiétude des Français : Lévy a ain­si souligné que les Français avaient des dif­fi­cultés « à savoir si les infor­ma­tions reçues sont vraies ou fauss­es. [Ils se deman­dent : ] n’y‑a-t-il pas une course à l’audience qui au nom de l’idée de faire pro­gress­er l’audimat, tenir l’antenne et faire l’évènement » engen­dr­erait un troncage de l’information ? S’il ne sem­ble pas exis­ter un gouf­fre abyssal entre la con­fi­ance accordée aux médias publics par rap­port aux médias privés, tous ont recon­nu qu’il exis­tait une défi­ance plus grande des Français à l’égard des réseaux soci­aux. Les dif­férentes per­son­nes audi­tion­nées ont égale­ment recon­nu que les JT de 20H de deux grandes chaînes de télévi­sion, regardés par 10 mil­lions de Français, restaient les plus grands « influ­enceurs » de l’information.

Enseignement et félicitations du jury

Tous étaient égale­ment unanimes pour saluer les dif­férentes ini­tia­tives visant à enseign­er l’appréhension de l’information médi­a­tique. Bruno Cautrès a ain­si salué la créa­tion de nou­veaux métiers relat­ifs à cet appren­tis­sage (les « fact checkeurs »). Tous se sont égale­ment félic­ités de l’intérêt des Français pour l’information. Ain­si, le DG d’Harris inter­ac­tive s’est dit, non sans une pointe de con­de­scen­dance, « sur­pris » de « la récep­tion [accordée par] nos com­pa­tri­otes » à des « grands sujets d’actualité » et non les seules « rubriques de chats écrasés ». De même, Lau­re Sal­vaing s’est mon­trée « assez pos­i­tive sur l’état de la société française en matière d’actualité et d’information », soulig­nant que 70 % des Français se dis­aient intéressés par l’actualité. Cette dernière a égale­ment con­clu son inter­ven­tion lim­i­naire en soulig­nant que la défi­ance générale des Français était, avec 57 % de Français méfi­ants de ce que dis­aient les médias, « bien là. […] La France a des avis plus négat­ifs sur tout ce qui est insti­tu­tion­nel par rap­port aux autres pays. Les Français atten­dent beau­coup de leurs élus et l’État ».

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