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Institut Français de Presse, patriarche bien tranquille, un peu moins conforme

29 mars 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Institut Français de Presse, patriarche bien tranquille, un peu moins conforme

Temps de lecture : 4 minutes

Créé en 1937 au sein de l’Université de Paris, l’Institut Français de Presse (IFP) est le plus ancien centre universitaire français d’étude des médias. Après une interruption durant la guerre, l’institution renaîtra en 1945, sous la forme du Centre d’Étude Scientifique de la Presse, qui prendra, à partir de 1951, le nom d’Institut Français de Presse. D’abord centre de recherche pluridisciplinaire et de documentation, c’est à partir de 1961 que l’Institut Français de Presse, logé à l’Institut d’études politiques (IEP), devient une véritable « école », avec la création du diplôme de l’IFP.

Rattaché à Paris II

En 1969, l’IFP est rat­taché de plein droit à l’Université Paris II et pro­pose, en plus du DESS de Jour­nal­isme, un DESS Com­mu­ni­ca­tion et Mul­ti­mé­dia ain­si que deux DEA, l’un con­sacré aux Médias et Mul­ti­mé­dia, l’autre aux Audi­ences, Récep­tion et Usages des Médias et du Multimédia.

Depuis le 1er jan­vi­er 2022, l’Institut Français de Presse (IFP) est une com­posante de Paris-Pan­théon-Assas uni­ver­sité ain­si que le départe­ment en sci­ences de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion de l’université Paris-Pan­théon-Assas et délivre des diplômes nationaux de 1er, 2e et 3e (de la licence au doc­tor­at). L’IFP accueille env­i­ron 500 étu­di­ants chaque année.

Un enseignement tourné vers l’international

Sous l’im­pul­sion de deux de ses fon­da­teurs, Fer­nand Ter­rou et Jacques Kayser (neveu par alliance d’Al­fred Drey­fus, mem­bre du par­ti rad­i­cal et de la Ligue des droits de l’homme, ancien résis­tant) l’étab­lisse­ment s’in­scrit dans une démarche large­ment ouverte sur l’in­ter­na­tion­al et développe dans un pre­mier temps des rela­tions priv­ilégiées avec l’Institute for Com­mu­ni­ca­tion Research de la pres­tigieuse Uni­ver­sité Stan­ford aux États-Unis.

Dans les années soix­ante-dix, l’IFP, en asso­ci­a­tion avec le CFPJ et le min­istère de la Coopéra­tion, a égale­ment par­ticipé à la créa­tion de deux grandes écoles de jour­nal­isme à Yaoundé et à Dakar. L’in­sti­tut a aus­si mis en place des col­lab­o­ra­tions avec l’Institut de Presse et des Sci­ences de l’Information de Tunis, l’Institut Supérieur de Jour­nal­isme de l’Université de Rabat, la Fac­ulté de Com­mu­ni­ca­tions de masse de l’Université du Caire, l’Université Libanaise de Bey­routh, et la Fac­ulté de jour­nal­isme de l’Université de Moscou.

Par ailleurs, chaque année, une dizaine de pro­fesseurs et inter­venants étrangers assurent un à deux mois de con­férence auprès des étu­di­ants de l’IFP. Par­mi ceux-ci, on peut citer Marc Lits de l’U­ni­ver­sité catholique de Lou­vain (Bel­gique), Kent Wilkin­son de l’U­ni­ver­sité du Texas (États-Unis), ou David A. Welch de l’U­ni­ver­sité du Kent à Can­ter­bury (RU).

Des formations et des collaborations conformes à la doxa dominante

Du côté des enseigne­ments, rien qui tranche véri­ta­ble­ment avec les autres insti­tu­tions du même type. On y retrou­ve tous les con­formismes du temps qui assurent une bonne « inté­gra­tion pro­fes­sion­nelle » dans le monde de l’en­tre-soi qu’est le jour­nal­isme con­tem­po­rain. Une pro­duc­tion d’eau tiède par­faite­ment adap­tée aux exi­gences actuelles de réus­site comme en témoignent les par­cours de ses plus fameux anciens élèves, tels que Jean-Pierre Elk­a­b­bach, François Baroin, Éti­enne Mougeotte, Thomas Sot­to, Alix Girod de l’Ain, Éti­enne Car­bon­nier, David Castel­lo-Lopes ou Éric Brunet. Seule incon­gruité dans ce panora­ma par­faite­ment bien-pen­sant, la présence de Jean Mon­tal­do, jour­nal­iste d’in­ves­ti­ga­tion, fig­ure de proue des grandes heures de l’heb­do­madaire Minute qui fit cauchemarder les caciques de la mit­ter­randie dont il mit en lumière l’ex­trême cor­rup­tion.

Un peu moins à gauche que les autres

Du coté des parte­nar­i­ats et des sou­tiens de l’In­sti­tut, là non plus, rien de très orig­i­nal, entre ban­ques, assur­ances, « gros » médias, et insti­tu­tions publiques (Air France Indus­tries, Allianz banque, Aré­va, ARTE, Axa, Cab­i­net du député-maire de la mairie du 11ème arrondisse­ment, CANAL+, Crédit Agri­cole SA, EDF, Edi­tions Cast­er­man, France Télévi­sions, Hachette Livre, Lagardère, La Tri­bune, L’Étudiant, Le Monde, M6, Pub­li­cis Groupe, etc) qui n’ont d’év­i­dence pas voca­tion à pro­mou­voir et financer une pépinière d’e­sprits rebelles et con­tes­tataires avides et impa­tients de remet­tre en cause les dogmes du temps.

Le nom­bre impor­tant d’é­tu­di­ants dans chaque pro­mo­tion fait néan­moins que l’en­dogamie idéologique y est sen­si­ble­ment moins prég­nante que dans d’autres étab­lisse­ments, comme en témoigne Édouard, élève au milieu des années 2010. « Si l’am­biance était glob­ale­ment « à gauche », ou, dis­ons, « libérale-lib­er­taire », j’y ai néan­moins ren­con­tré des condis­ci­ples qui étaient, comme moi, plutôt con­ser­va­teurs… Certes, nous fai­sions le plus sou­vent « pro­fil bas », mais nous n’avons jamais non plus été pointés du doigt. Franche­ment, je n’ai jamais ressen­ti de véri­ta­ble “pres­sion poli­tique”… ». C’est déjà ça. Même si on peut espér­er mieux…

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