À l’occasion du rendu de ses avis sur les saisines dont il a fait l’objet, le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) est revenu sur des griefs à l’encontre des médias Le Point, France Inter, Médiavenir et le journaliste Frédéric Haziza, déjà connu pour ses frasques.
Frédéric Haziza : un journaliste qui confond « exposé des faits et commentaires »
C’est à l’occasion d’une manifestation propalestinienne que le journaliste Frédéric Haziza a diffusé sur son compte X une vidéo où il aborde un passant. Le détenteur du micro, qui se présente sur X comme un « Journaliste #ForumRadioJ, #LesEnfantsDeLaRépublique #LEDLR », a ainsi demandé au manifestant : « Qu’est-ce que vous pensez du massacre par le Hamas de 1 400 Israéliens ? » [Son interlocuteur lui répond que] « le massacre, c’est pas bien, tuer des gens c’est pas bien » [et argumente en évoquant ce qu’on] « lui a dit à l’école : regardez la Shoah, c’est pas bien, on a tué des millions de personnes c’est pas bien », [puis affirme que] « on fait la même chose… ». [M. Haziza le coupe à nouveau : ]« Non mais je parle du massacre par le Hamas de 1 400 Israéliens… Le Hamas… Le Hamas… ». Puis de reprendre : « Organisation terroriste ou pas, le Hamas ? ». [Réponse] : « Organisation terroriste ? … Heu… comment il s’appelle ? Tsahal [nom de l’armée israélienne, ndlr] ! Oui, Tsahal terroriste ! » [M. Haziza] : « Et le Hamas non ? » [Le passant] : « Organisation politique qui a une branche armée, qui a effectivement commis des crimes de guerre. » [M. Haziza] : « Là vous parlez un peu comme Mathilde Panot… » [Le passant] : « Vous, vous parlez un petit peu comme BFM / CNews. Vous travaillez pour CNews, c’est ça ? … BFM ? ». [M. Haziza ]: « Radio J, Radio J ». »
Intention de nuire
Saisi par le passant, le CDJM a demandé des explications à Radio J et son journaliste, mais n’a pas reçu de réponse. Après cette saisine, la vidéo en cause a été supprimée du compte du journaliste. Le CDJM, saisi sur la commission potentielle de confusion des faits et du commentaire de la part du journaliste, a estimé que la question « du massacre par le Hamas de 1 400 israéliens » était revenue « à cinq reprises, sans aucune question sur l’événement qui justifie le reportage [et que] le journaliste ne cherch[ait] pas à recueillir un témoignage sur un événement, mais exclusivement à confronter son interlocuteur aux massacres commis par le Hamas. » Soulignant que cette démarche s’apparente « à « l’intention de nuire » classée par la Charte d’éthique professionnelle des journalistes français (SNJ 2011) comme une des « plus graves dérives professionnelles », le CDJM a estimé que Frédéric Haziza n’avait pas respecté ses obligations déontologiques.
Médiavenir : une vidéo tronquée, un propos altéré
Médiavenir a également été pointé du doigt par le CDJM pour avoir publié une vidéo d’un entretien de Céline Pina sur CNews, dans lequel celle-ci évoquait la guerre entre Israël et le Hamas. La journaliste a déploré qu’en « enlevant le moment où [elle exprimait] qu’une vie palestinienne et une vie israélienne avait la même valeur, [Médiavenir] a délibérément déséquilibré la teneur de son propos qui portait sur la différence entre crime contre l’humanité et victimes de conflit armé ». Elle a également regretté d’avoir dû « interrompre ses activités professionnelles ». Le CDJM a indiqué observer une « altération significative de son propos » et que le montage « sembl[ait] avoir été réalisé pour produire un effet narratif et accroître la dimension polémique des propos ». Le CDJM a jugé à l’unanimité que « les règles déontologiques d’exactitude et de non-altération d’un document ont été enfreintes » par le média.
Le Point et France Inter
Enfin, le CDJM a notifié au Point qu’il n’avait pas respecté l’obligation déontologique d’exactitude et la véracité pour quatre des six points soulevés par le requérant de la saisine à l’occasion d’un article. Il a aussi fait savoir à France Inter que sa journaliste Léa Salamé aurait dû « corriger les propos inexacts » du ministre Aurélien Rousseau, qui avait indiqué à son antenne qu’il n’y avait pas eu d’effets secondaires sur les vaccins contre le Covid-19 alors que « la question des effets secondaires [est] documenté[e] notamment par les organismes de santé publique ».
Voir aussi : Le Point et la guerre russo-ukrainienne