Ce quatrième article poursuit le focus entamé dans les précédents articles du dossier que l’OJIM consacre à la recension du rapport sur les grands enseignements tirés par les auteurs du rapport du CESE de la participation citoyenne aux États généraux de l’information (EGI).
Alors que les deuxième et troisième articles se sont attachés à rendre compte des réponses apportées par les participants aux questions fermées, cet article se limite au traitement des trois réponses apportées aux trois premières questions ouvertes, alors que celles relatives aux deux dernières font l’objet d’un traitement dans le cinquième article (pour des considérations éditoriales), cinq questions ouvertes ayant été proposées aux participants, leur laissant toute liberté pour y apporter leurs propres réponses.
Confiance, qualité et pluralisme
Quels sont les 3 mots qui vous viennent à l’esprit quand on parle d’information ?
Le corpus de réponses à cette question traite de sujets particulièrement variés.
Certains mots apparaissent à la fois de façon positive et négative (partialité VS impartialité, exhaustivité VS superficialité, parti-pris VS neutralité, etc.)
Près de la moitié (46%) des participants ont partagé au moins un mot lié au sujet de la confiance en l’information – et sa rupture (désinformation, manipulation, mais aussi indépendance, objectivité, vérité par exemple).
Le sujet de la qualité de l’information est également fréquemment mentionné (38% des participants). Il est notamment renforcé par des mots tels que fiabilité, source, véracité.
Certains mots se rapportent au métier de journaliste (20%), pendant que la thématique du pluralisme (20%) met en avant les enjeux de conflits d’intérêts, de concentration médiatique et de diversité des points de vue.
Enfin, les participants ont également mentionné des mots se rapportant aux contenus et au choix de sujets (18%), à la pédagogie (de l’EMI au rôle des médias dans la vulgarisation), aux enjeux de démocratie, et enfin à la hiérarchisation des informations et aux supports utilisés.
Groupes thématiques | % de participants[1] | Sous-groupes thématiques |
Confiance et manipulation de l’information | 46% | Désinformation (12%) ; Manipulation (10%) ; Indépendance (7%) ; Objectivité (6%) ; Partialité ou impartialité (5%) ; Vérité (4%) ; Propagande (3%) ; Mensonge (2%) ; Subjectivité (1%) ; Méfiance, doute (1%) ; Influence (1%) ; Contrôle (1%) ; Pouvoir (1%) ; Censure (1%) ; Idéologie (1%) ; Capitalisme, entreprise (0%) ; Vigilance (0%) ; Confiance (0%) ; Argent (0%) |
Qualité de l’information | 38% | Fiabilité (13%) ; Source (10%) ; Faits (6%) ; Véracité (5%) ; Superficialité (3%) ; Rigueur et précision (3%) ; Transparence (2%) ; Information moyenne (1%) ; Clarté (1%) ; Qualité (1%) ; Exhaustivité (1%) ; Données (1%) ; Documentation (0%) ; Informateur (0%) ; Preuve (0%) ; Recoupement (0%) ; Approximation (0% |
Pratiques journalistiques | 20% | Journalisme (6%) ; Sensationnalisme (5%) ; Intégrité, sérieux (4%) ; Enquête (3%) ; Rapidité, immédiateté (2%) Honnêteté (1%) ; Professionnalisme (1%) ; Compétence (0%) ; Protection des sources (0% |
Pluralisme | 20% | Points de vue (6%) ; Parti-pris et conflits d’intérêt (5%) ; Pluralisme et diversité (5%) ; Concentration médiatique (2%) ; Neutralité (2%) Pensée unique (1%) ;Contradictoire (0%) ; Perspective (0%) ; Équilibre (0%) |
Sujets et contenus | 18% | Actualités (8%) ; Négativité et mauvaises nouvelles (3%) ; Ouverture (sur le monde) (3%) ; Climat anxiogène (2%) ; Redondance (1%) ; Culture (1%) ; Réalité (1%) ; Événements (0%) ; Image (0%) ; Témoignage (0%) ; Économie (0% |
Savoir et connaissances | 17% | Savoir et connaissances (5%) ; Esprit critique et prise de recul (4%) ; Analyses (4%) ; Éclairage, pédagogie (2%) ; Éducation (1%) ; Contextualisation (1%) ; Réflexion (1%) ; Renseignement (0%) ; Interprétation (0%) ; Curiosité (0%) ; Hall d’entrée (0%) ; Approfondissement (0%) ; Caractère intéressant (0%) |
Citoyenneté et démocratie | 16% | Liberté d’expression (5%) ; Démocratie (3%) ; Politique (3%) ; Citoyenneté (2%) ; Débat (1%) ; Droit (1%) ; Service public (1%) ; Société (1%) ; Polémique (0%) ; Argumentation (0%) ; Populisme (0% |
Hiérarchisation de l’information | 12% | Nécessité et utilité (6%) ; Infobésité (4%) ; Pertinence (1%) ; Sélection (1%) ; Information (1%) ; Complexité (0%) ; Hiérarchisation (0%) ; Synthèse (0%) ; Discernement (0% |
Espace et supports médiatiques | 10% | Médias (3%) ; Presse (2%) ; Partage et diffusion (1%) ; Réseaux sociaux et internet (1%) ; Communication (1%) ; Télévision (1%) ; Radio (1%) ; Public (0%) ; Publicité (0% |
Autres | 1% | Autres (1%) |
[1] Les données sont exprimées en pourcentage des participants ayant répondu à la question. Par ailleurs, un participant peut indiquer plusieurs réponses : le total des pourcentages des idées peut donc dépasser les 100%.
Les sujets trop mis en avant
Quels sont les sujets dont les médias parlent trop ?
Pour plus de la moitié des répondants à cette question, les contenus alarmistes sont des sujets trop fréquemment abordés par les médias.
Les participants relèvent spécifiquement les sujets qui concernent les faits divers, mais aussi les guerres, les sujets clivants, et les sujets négatifs en général.
La surmédiatisation de sujets de société est soutenue par près de 40% des participants, et plus spécifiquement les sujets relatifs à l’immigration, la crise climatique et écologique, l’insécurité, ou plus marginalement l’inflation et la religion.
Les sujets de surface sont mentionnés par 29% des répondants, notamment l’actualité sportive, mais aussi les péripéties de la vie des personnalités politiques, médiatiques, du showbiz.
Enfin, 25% des répondants considèrent la médiatisation des sujets politiques trop importante, mettant en lumière les aspects de la vie politicienne et des « petites phrases ».
Parmi les verbatims formulés par les participants à l’égard de cette question, le rapport relève ceux-ci :
- « Il y a une course aux faits divers car ce sont des contenus qui génèrent le plus de clics, le plus d’audience »
- « Ce qui fait de l’audience et qui choque » « Les évènements sensationnels »
- « La surmédiatisation politique actuelle ».
Les sujets insuffisamment traités
Quels sont les sujets dont les médias ne parlent pas assez ?
Lorsqu’il s’agit d’identifier les sujets sous-médiatisés, 36% des répondants évoquent les succès et initiatives positives, soulignant la nécessité de contrebalancer la surmédiatisation des sujets négatifs.
Les participants insistent sur l’importance de mettre en lumière les initiatives réussies, qu’elles soient innovantes ou citoyennes, à différentes échelles.
Le deuxième sujet mentionné est relatif aux problèmes concrets du quotidien des citoyens (31%), y compris rendre visible les injustices, violences et inégalités qu’ils peuvent subir.
21% des répondants mettent en avant le besoin de sensibiliser davantage sur les enjeux environnementaux et climatiques (et comment y faire face). Cette thématique est suivie par un souhait d’accroître la couverture de l’actualité internationale et des conditions de vie dans les pays européens et non européens (19%).
Parmi les verbatims formulés par les participants à l’égard de cette question, le rapport relève ceux-ci :
- « De projets positifs et qui rassemblent »
- « De tout ce qui fonctionne, des belles initiatives qui nous montrent créativité et intelligence des humains quand ils font des choses ensemble »
- « De réelles problématiques et solutions dans le quotidien des citoyens »
- « De politique internationale, de géopolitique qui nous concerne ».
Patrice Cardot