La publicité clandestine, vous connaissez ? Le mécanisme à la télévision est assez simple : lors d’un entretien avec une personnalité, une marque est citée au hasard, enfin pas tout à fait au hasard. Pour une artiste ce peut être un article de mode, pour un entrepreneur ce sera un de ses produits. Comme évoquer par « inadvertance » la box de l’opérateur Free lors d’un interview avec son propriétaire Xavier Niel ; le tout au cours d’une émission qu’il produit avec ses associés.
France 5, Mediawan et Anne-Élisabeth Lemoine sont dans un bateau
Chacun connaît le jeu enfantin : pincemi et pincemoi sont dans un bateau, pincemi tombe à l’eau, qui est ce qui reste ? Ici le bateau c’est France 5, noble chalutier de France Télévisions. L’équipage c’est celui de l’émission C’dans l’air du 30 janvier 2024. La salle des machines, c’est la société de production Mediawan. Le capitaine c’est la journaliste vedette Anne-Élisabeth Lemoine. Xavier Niel joue le rôle de l’armateur.
Qui produit l’émission C’dans l’air ? C’est Mediawan. Qui est un des principaux actionnaires de Mediawan ? C’est Xavier Niel pardi avec ses camarades Pigasse et Capton. Qui est aimablement interviewé dans l’émission produite par Mediawan ? C’est toujours notre ami Xavier Niel. Quel opérateur téléphonique est opportunément cité ? c’est Free, la société de téléphonie du bon Xavier. Et dans des termes plutôt sympathiques : « l’offre [la] plus généreuse… plus responsable… plus puissante du marché ».
Voir aussi : Mediawan, infographie
Conclusion
À la devinette, qui est ce qui reste dans le bateau ? Réponse : tout le monde reste à bord. France 5, C’dans l’air, Mediawan et l’animatrice Anne-Élisabeth Lemoine ne sont pas passés par-dessus bord mais reçoivent toutefois une admonestation de l’ARCOM.
Le régulateur remarque que « seule la nouvelle offre de Free avait été présentée au cours de cette séquence, et qu’elle avait fait l’objet, de la part de la présentatrice, de propos laudatifs et marqués par une absence de distance critique ». Contrairement aux très nombreuses et fortes amendes contre le groupe Bolloré, France 5 ne reçoit qu’un simple « appel à la vigilance ». Une aimable tape sur la main entre gens bien élevés.