Double salto arrière, looping, sans les pieds, sans les mains, Arnaud Lagardère était considéré comme un trapéziste financier. D’abord considéré comme fini, puis sauvé par le couple rival Bernard Arnault Vincent Bolloré, enfin dévoré par eux. Début 2024, il retrouve un mandat social inespéré avant d’être rattrapé par la patrouille financière au printemps.
Mise en examen et contrôle judiciaire
Comme analysé fréquemment dans l’OJIM, dans le match entre le fonds vautour américain Amber et Arnaud Lagardère pour le contrôle du groupe éponyme, c’est l’Américain qui joue et gagne. Malgré un arrangement à l’amiable survenu entretemps et un abandon du dépôt de plainte, c’est bien la plainte d’Amber ouverte en février 2021 au sujet de la gestion aventureuse du fils Lagardère qui aura mis la puce à l’oreille du Parquet National Financier et qui aboutit à une mise en examen trois ans plus tard fin avril 2024.
Conclusions sévères
Les termes de l’audition sont sévères, Arnaud Lagardère est mis en examen pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir, et non-dépôt de comptes ». L’obligation de fournir une caution judiciaire de 200K€ n’est qu’un inconvénient mineur face à l’interdiction de gérer une société. Malgré une procédure d’appel Arnaud Lagardère s’est vu obligé de démissionner de ses mandats aussi bien chez Hachette que dans le groupe qui porte son nom.
Comptes trop acrobatiques
Comme l’Ojim l’a souvent relaté, Arnaud Lagardère avait un train de vie princier financé par les remontées des sociétés vers sa holding personnelle. Autrement dit les sociétés finançaient villas, loyers, pensions alimentaires, voyages en jet privé, festivités diverses, entretien de la parentèle, etc, le tout sur un grand pied. Ce qui pourrait s’appeler de l’ABS, terme ne définissant pas le système de freinage d’un véhicule mais le plus désagréable abus de biens sociaux.
Les chiffres évoqués se situeraient quelque part entre 60 et 120M€ de présumés transferts illicites. Arnaud Lagardère se protège derrière ses conseils, avocats, notaires, commissaires aux comptes dont certains sont à leur tour mis en examen ou sous statut de témoin assisté. Arnaud Lagardère va devoir renoncer à sa rémunération de 3,5M€ annuels sans compter de plus graves inconvénients si les possibles amendes excédaient sa situation nette.
Voir aussi : groupe Lagardère, infographie