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Nassira El Moaddem, symbole des journalistes haïssant les Français

11 août 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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Nassira El Moaddem, symbole des journalistes haïssant les Français

Temps de lecture : 5 minutes

Le mardi 30 avril 2024, Nassira El Moaddem, journaliste pour Arrêt sur Images, qualifiait la France de « pays de racistes dégénérés » sur X. La raison ? Un article de la Fédération française de football rappelant que le port de casques et de collants n’était autorisé que sur autorisation médicale délivrés par la FFF elle-même. Il existait des soupçons de faux certificats médicaux délivrés pour cacher un voile musulman, ou bien les jambes des hommes.

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Les Français n’aiment pas qu’on les insulte

Quand on traite les mil­i­tants RN ou Recon­quête ! de racistes, tout le monde ou presque fait sem­blant d’être d’accord, ne serait-ce que pour ne pas avoir l’air de soutenir des par­tis qual­i­fiés d’un peu sul­fureux. En revanche, quand cette insulte porte sur tous les habi­tants d’un pays, le plébiscite est plus dif­fi­cile à sus­citer. D’autant que, dans le cas présent, le rap­pel de la FFF ne sem­ble pas absurde. Les Français n’ont pas l’habitude de con­sid­ér­er qu’un short est impudique, et les foot­balleurs savent com­bi­en des col­lants peu­vent être mal-pra­tiques en-dehors des grands froids. Cela vous frotte les jambes, descend sur les chevilles ou sert trop les cuiss­es, bref, on n’en met que quand la tem­péra­ture rend le sport imprat­i­ca­ble. Un peu comme les cou­vre-chefs, et ce ne sont pas les sportives voilées, qui inter­rompent par­fois un match parce que leur voile s’est déplacé, qui diront le contraire.

Les Français ont donc vive­ment réa­gi à la pub­li­ca­tion sur X de Nas­sira El Moad­dem. Comme les réseaux soci­aux rassem­blent des mil­liers de per­son­nes qui peu­vent écrire à peu près tout ce qui leur passe par la tête, il n’y avait évidem­ment pas que des com­men­taires cour­tois et bien con­stru­its. Les médias par­lent donc de « cen­taines de mes­sages racistes et haineux », d’une « vague de com­men­taires nauséabonds » et de « cam­pagne de cyber­har­cèle­ment » (Ouest-France). Ce titre pré­cise d’ailleurs que CNews est en par­tie respon­s­able de ce défer­lement de haine, puisque Jean-Marc Moran­di­ni a invité Julien Odoul, député RN, à réa­gir sur ce tweet.

Voir aus­si : Pour le Bondy Blog, la télé est dev­enue « facho »

Certains journalistes furieux de devoir répondre de leurs paroles

Les médias, mais aus­si Nas­sira El Moad­dem elle-même, qui déplorent une cabale dirigée par l’extrême-droite, sem­blent oubli­er un peu vite que la pre­mière pierre, c’est Nas­sira El Moad­dem qui l’a lancée. Per­son­ne ne l’a oblig­ée à pub­li­er cette insulte sur son compte, et il ne s’agit pas d’un mes­sage privé qui aurait été cap­turé par un quidam peu dis­cret. Nas­sira El Moad­dem a joué, elle a per­du, et elle le vit mal. Au lieu d’une lev­ée de boucliers con­tre la FFF, elle récolte une bor­dée de con­tra­dic­tions et, dis­ons-le, d’insultes. Quand on est Française d’adoption, on ne traite pas la France de pays de dégénérés ou alors pourquoi ne pas envis­ager la rem­i­gra­tion vers son pays d’origine ? Peut être un choix cohérent et bienvenu.

Pen­dant des années des décen­nies, les jour­nal­istes du monde libéral lib­er­taire ont été habitués à dire ce qu’ils voulaient, sans sanc­tion ni oppo­si­tion. Or, depuis peu, les jour­nal­istes con­ser­va­teurs sont plus nom­breux, et dis­posent même de médias où ils peu­vent s’exprimer, et les réseaux soci­aux font chaque jour vol­er en éclat la bar­rière qui sépare les jour­nal­istes qui par­lent et les Français qui écoutent. Parce que cer­tains se ren­dent compte qu’ils sont plus com­pé­tents que cer­tains jour­nal­istes, et ne se privent pas de les con­tredire, faits et chiffres à l’appui. Parce que les Français sont las de pay­er via leurs impôts des médias qui ne les représen­tent pas, voire les haïssent.

Les journalistes choisissent les confrères à protéger

Que les jour­nal­istes se pro­tè­gent entre eux, c’est une chose. On peut con­cevoir une cer­taine sol­i­dar­ité de pro­fes­sion. Qu’ils le fassent au prix d’un peu de mau­vaise foi et de mal­hon­nêteté, s’en est déjà une autre. Qu’ils choi­sis­sent les per­son­nes à pro­téger en fonc­tion de leur bord et de ce qu’elles dis­ent, c’en est une dernière. On ne se sou­vient pas d’une cam­pagne de sou­tien pour Geof­froy Leje­une lorsqu’il devait pren­dre la tête du JDD, on se sou­vient même de l’inverse.

Voir aus­si : Pour Gilles Kepel, le Bondy Blog est dans la main des Frères musulmans

Radouan contre Nassira

Prenons plus récent : le 2 mai, soit trois jours après la pub­li­ca­tion de Nas­sira El Moad­dem, Radouan Kourak, un autre jour­nal­iste d’origine maro­caine, tenait des pro­pos rad­i­cale­ment opposés. « Vous sem­blez cracher dans la soupe et renier ce pays qui nous a pour­tant tout don­né. Nous lui devons tout. La France est le pays le moins raciste du monde », affir­mait-il, là encore sur X, avant de renou­vel­er ces dires sur CNews le lende­main. Lui aus­si est insulté sur les réseaux soci­aux, notam­ment par l’expression bien con­nue d’arabe de ser­vice, et il reçoit même, selon son avo­cate, des men­aces de mort. Pour­tant, en-dehors des médias habituels comme Le JDD ou Valeurs actuelles, per­son­ne ne prend sa défense.

Les agres­sions ver­bales à l’encontre des jour­nal­istes subis­sent en somme le même traite­ment que les agres­sions physiques con­tre les citoyens : cer­tains médias les tri­ent… Nas­sira El Moad­dem, femme dite racisée, devient donc leur égérie et leur cause à défendre. Elle est aus­si le sym­bole de la décon­nex­ion d’une par­tie du monde médi­a­tique, qui ne cesse de cracher sur ceux qui le finan­cent tout en encen­sant les délinquants.

Image : Nas­sira El Moad­dem en mars 2017. Médi­a­part. Source : Wiki­me­dia. Licence : CC BY 3.0

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