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LCP : la nomination d’Emmanuel Kessler à la tête de la chaîne contestée

26 mai 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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LCP : la nomination d’Emmanuel Kessler à la tête de la chaîne contestée

Temps de lecture : 5 minutes

Il prendra ses fonctions le 10 juin 2024 comme président directeur général de LCP : Emmanuel Kessler a été choisi à la surprise générale par la présidente de l’Assemblée nationale, alors même que le comité de sélection lui avait préféré la candidate Brigitte Boucher.

Le comité de sélec­tion avait choisi : Brigitte Bouch­er devait être la prochaine fig­ure à incar­n­er LCP. C’était sans compter sur Yaël Braun-Pivet, la prési­dente de l’Assemblée nationale, qui n’a pas tenu compte de cet avis et nom­mé à la prési­dence de la chaîne par­lemen­taire l’ancien prési­dent de Pub­lic Sénat, Emmanuel Kessler.

Cinq candidats pour un élu

Quels étaient les pro­jets respec­tifs des cinq can­di­dats présélec­tion­nés pour LCP ? Les cinq heureux élus pressen­tis pour pren­dre la tête de la chaîne par­lemen­taire avaient été enten­dus le 6 mai à l’Assemblée nationale pour présen­ter leur vision. Ils avaient audi­tion­né par le comité de sélec­tion com­posé de la délé­ga­tion du Bureau de l’Assemblée nationale respon­s­able de la com­mu­ni­ca­tion et de la presse. Bérénice Ravache, Michaël Szames, Emmanuel Kessler, Brigitte Bouch­er et Lau­re Kaltenbach-Fournier avaient alors présen­té leur vision de la direc­tion de la chaîne par­lemen­taire. À l’issue de cette audi­tion, trois can­di­dats avaient été retenus pour être présen­tés au bureau de l’Assemblée nationale qui devait tranch­er en nom­mant, par voie de propo­si­tion de la prési­dente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, l’un d’entre eux.

Une chaîne de la « proximité » ?

La prox­im­ité avec le pub­lic local avait été l’un des argu­ments avancés par dif­férents can­di­dats. Bérénice Ravache, anci­enne direc­trice déléguée de France Bleu avait ain­si souligné que : « Le sen­ti­ment d’invisibilité c’est le mal mod­erne d’une époque où on a tant de moyens d’expression et de com­mu­ni­ca­tion, et pour­tant tant de mal à se faire enten­dre ». Celle qui fut aus­si secré­taire générale de Radio France avait présen­té un plan, dénom­mé « LSD » (soit local, social et direct), en insis­tant sur le fait que la prox­im­ité devait aus­si inté­gr­er dans les pro­grammes les travaux des députés en circonscription.

Michaël Szames, deux­ième can­di­dat et directeur des rela­tions insti­tu­tion­nelles et de la com­mu­ni­ca­tion de l’Union nationale des cen­tres com­mu­naux d’action sociale, avait indiqué vouloir faire de LCP un « média citoyen de prox­im­ité de référence, capa­ble de répon­dre au défi démoc­ra­tique inédit qui est devant nous ». Aspi­rant à trans­former LCP en média glob­al, il avait pro­posé trois engage­ments pour la chaîne, inclu­ant la notion « « d’aller vers » pour la prox­im­ité ».

Emmanuel Kessler, l’ancien directeur des rédac­tions économiques de Pris­ma Média avait quant à lui souligné que la chaîne « a[vait] un rôle à jouer pour retiss­er du lien entre élus et citoyens ».

« Moderniser » LCP ?

Sur le web, la chaîne LCP appa­rais­sait à la peine pour les dif­férents can­di­dats. Bérénice Ravache avait souligné que « le site web de LCP [était] à la peine, faute de con­tenus et de référence­ment qui ren­dent un site vis­i­ble et attrac­t­if ». De son côté, Michaël Szames aspi­rait à créer des parte­nar­i­ats avec des « acteurs clefs du numérique comme Kon­bi­ni, Brut, Twitch ». Emmanuel Kessler voulait quant à lui sol­liciter « les influ­enceurs » et créer un nou­veau ren­dez-vous pour faire de la « téléréal­ité citoyenne ». Souhai­tant génér­er un « réflexe LCP », Brigitte Bouch­er, qua­trième can­di­date, espérait aus­si de la chaîne qu’elle devi­enne « réac­tive à l’actualité » et qu’elle réaf­firme ses trois mis­sions, soit « la mis­sion par­lemen­taire, la mis­sion citoyenne et la mis­sion éduca­tive ». Elle souhaitait égale­ment créer un « The Voice » adap­té à la chaîne, dont l’enjeu du con­cours ne serait pas musi­cal mais s’apparenterait à un con­cours d’éloquence.

Les cinq can­di­dats avaient eu avec plus ou moins de parci­monie, recours à un vocab­u­laire très con­venu. « Anti­dote à la fièvre » (E. Kessler), la chaîne LCP devrait être le « réflexe citoyen » (M. Szames), un « for­mi­da­ble out­il au ser­vice de la démoc­ra­tie » (B. Bouch­er) comme un « label de référence » (L. Kaltenbach-Fournier). Cette dernière can­di­date, dont la car­rière (prési­dente de l’agence d’ingénierie cul­turelle Cre­ative Tech) était plus sin­gulière que celle de ses homo­logues, avait été la seule à évo­quer l’augmentation du temps d’antenne des par­lemen­taires dans son pro­gramme, pro­posant que ce temps atteigne les 55 % con­tre les 42,5 % en 2023.

Emmanuel Kessler : le choix du réseau ?

Mal­gré la large avance prise par Brigitte Bouch­er dans les votes du comité de sélec­tion (10 points d’avance sur Kessler), c’est à Kessler qu’est revenu le poste. Celui qui avait été nom­mé par Pierre Moscovi­ci à la com­mu­ni­ca­tion de la Cour des comptes aurait, si l’on en croit Le Figaro, « con­va­in­cu la prési­dente ». « Elle trou­ve qu’il a une vraie vision à court, moyen et long terme », a expliqué un proche de Braun-Pivet au quo­ti­di­en. À l’inverse, Brigitte Bouch­er aurait essayé de jouer de ses rela­tions avec cer­tains députés pour appuy­er sa can­di­da­ture. Le choix de la prési­dente a quoiqu’il en soit déplu à cer­tains mem­bres du comité de sélec­tion, qui ont souligné : « Sup­p­ri­mons le comité de sélec­tion puisqu’il ne sert à rien. » D’autres sources que Le Figaro indique « proches du dossier » se sont égale­ment émues : « L’Assemblée nationale est cen­sée être le tem­ple de la démoc­ra­tie. Faire fi du vote des députés est con­traire à toutes les valeurs de cette insti­tu­tion. » Les députés ont la mémoire courte : un tel mépris du vote n’est pour­tant pas une pre­mière pour l’institution…

Voir aus­si : Emmanuel Kessler, portrait

 

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