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Duel Attal-Bardella : la presse de droite se fie aux sondages

3 juin 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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Duel Attal-Bardella : la presse de droite se fie aux sondages

Temps de lecture : 5 minutes

Qui a gagné le débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella ? Pour Renaissance, le Premier ministre est vainqueur. Pour le Rassemblement national, c’est Jordan Bardella. Pour les commentateurs politiques, cela dépend. De quoi ? De la forme, du fond, mais aussi de ce qu’en disent les Français. Un sondage paru juste après le débat donne Jordan Bardella vainqueur. La presse de droite ou assimilée se saisit de cette occasion.

Un sondage commandé par Le Figaro

Les sondages font-ils l’opinion ou la reflè­tent-ils ? La ques­tion est ouverte, mais cela n’empêche pas les médias de recourir régulière­ment à ce type de source, cen­sée mon­tr­er l’avis d’un pan­el large et représen­tatif de la pop­u­la­tion. On pour­rait ergot­er des heures sur le sens d’un sondage qui con­sid­ère que cer­taines caté­gories pensent la même chose pour éviter d’interroger l’ensemble de la pop­u­la­tion, ou deman­der à par­tir de com­bi­en de sondés une enquête peut être con­sid­érée comme fiable. Cent, cinq cents, mille, deux mille ? Tou­jours est-il qu’au lende­main du fameux débat, Le Figaro sor­tait les résul­tats d’un sondage com­mandé auprès d’Odoxa-Backbone. Ce sondage tes­tait les « Français exposés au débat » et leur avis sur la per­son­ne la plus con­va­in­cante, dans l’ensemble et sur dif­férents sujets. On notera que l’expression « Français exposés au débat » per­met de rassem­bler de nom­breuses per­son­nes, y com­pris ceux qui n’ont vu que les extraits dif­fusés par leur cham­pi­on, biais cog­ni­tif s’il en est. Le débat a été suivi par 3,6 mil­lions de téléspec­ta­teurs, soit 18% de part d’audience.

Selon le sondage, Bardella plus convaincant qu’Attal

D’après le sondage dif­fusé par Le Figaro, 51% des Français ont trou­vé Jor­dan Bardel­la plus con­va­in­cant, ce qui per­met au jour­nal d’évoquer une vic­toire rem­portée « d’une courte tête » et au Jour­nal du Dimanche de par­ler d’un « léger avan­tage au can­di­dat du RN ». Au reste, ce résul­tat va avec les sondages con­cer­nant les votes aux élec­tions européennes, où Jor­dan Bardel­la récolte régulière­ment plus de 30% des voix. 40% des sondés ont déclaré que le débat avait ren­for­cé leur souhait de vot­er pour Jor­dan Bardella.

Le débat a‑t-il changé quelque chose ?

On peut néan­moins se deman­der si le débat a changé quoi que ce soit aux opin­ions des Français. Qui regarde un débat pour savoir pour qui vot­er, et surtout, qui est con­va­in­cu par un débat qui relève plus d’une con­fronta­tion mise en scène que d’un débat d’idées con­struc­tif ? Pour L’Opinion, le débat entre Jor­dan Bardel­la et Gabriel Attal a été « tech­nocra­tique à cer­tains moments » au point que l’on peut « se deman­der ce que les téléspec­ta­teurs ont saisi ». Or, il n’est pas vrai­ment néces­saire de com­pren­dre pour être con­va­in­cu, surtout si on l’était déjà. L’Opinion estime d’ailleurs que ce débat, c’est plutôt Gabriel Attal qui l’a gag­né. Seule­ment, comme il s’agit d’un exer­ci­ce « tech­no” et sans envolées », cette vic­toire ne s’est pas retrou­vée dans l’opinion des Français. Alors que l’on attendait un match de boxe, « le face-à‑face fut au con­traire bien tenu, sérieux et tech­nique », regrette L’Opinion. Pas de spec­ta­cle donc, comme le con­firme La Croix qui par­le d’un « débat ani­mé » et « d’échanges de bonne tenue », et pas de réel impact du débat dans les sondages, si l’on estime du moins qu’il était des­tiné à chang­er la donne, et relancer une cam­pagne mori­bonde pour la liste Renais­sance, talon­née par le Par­ti socialiste.

Jordan Bardella et Gabriel Attal, les nouveaux gendres idéaux de la politique ?

Des tech­ni­ciens en cos­tume policés et peu agres­sifs, voilà en somme ce que cer­tains médias reti­en­nent du débat. Est-ce là la poli­tique de demain ? C’est ce que sem­ble penser Franz-Olivi­er Gies­bert, jour­nal­iste et auteur d’ His­toire intime de la Ve République, Tome 3 Tragédie française, invité sur Europe 1 pour analyser le débat. Pour lui, les deux débat­teurs représen­tent « la poli­tique de demain », « une nou­velle généra­tion » qui sera « là dans 20 ans. »

Ce débat est-il la pro­jec­tion d’une réal­ité cer­taine ou celle du débat poli­tique que cer­tains médias veu­lent créer ? Le 23 mai, les Français ne pou­vaient se défendre d’un cer­tain malaise. Pourquoi un Pre­mier min­istre débat­tait-il avec une tête de liste, en pleine cam­pagne élec­torale ? Parce que Jor­dan Bardel­la sera à Matignon si Marine Le Pen est à l’Élysée ? Parce que Valérie Hay­er se mon­tre inca­pable de rassem­bler les foules ? Parce que le gou­verne­ment veut garder aux élec­tions cet air de duel Macron-Le Pen que la scène élec­torale a pris en 2017, puis con­servé en 2021 ? Du côté des autres par­tis, on regrette un débat qui polarise l’une des rares élec­tions qui n’a pas besoin de l’être : aux élec­tions européennes, il n’y a qu’un seul tour, et les sièges sont répar­tis pro­por­tion­nelle­ment entre tous les par­tis ayant obtenu au moins 5% des voix. Pas de vote utile donc, les électeurs n’ont pas besoin de vot­er à con­tre-cœur pour un can­di­dat qui ne leur con­vient pas sim­ple­ment parce qu’il a plus de chances d’accéder au sec­ond tour. Un débat finale­ment pour pas grand-chose ?

Voir aus­si : Débat Attal – Bardel­la : la presse de gauche unanime pour con­sacr­er le vainqueur

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