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Le désamour des médias pour la campagne des européennes

4 juin 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Le désamour des médias pour la campagne des européennes

Temps de lecture : 4 minutes

C’est une étude de la Fondation Jean Jaurès et de Confrontations Europe qui le révèle : la couverture médiatique des européennes aurait connu une chute de 30 % par rapport à l’année 2019…

En France, la cam­pagne des Européennes 2024 n’a pas ren­con­tré son pub­lic médi­a­tique : si l’on en croit l’étude de la Fon­da­tion Jean Jau­rès et du lab­o­ra­toire d’idée Con­fronta­tions Europe, qui se sont alliés à l’INA et au ser­vice de veille médias Onclu­sive, la cou­ver­ture télévi­suelle, radio­phonique et numérique de la cam­pagne pour l’élection des députés européens a con­nu une forte baisse de 30 % par rap­port à la dernière cam­pagne européenne en 2019. « Les Français comptent par­mi les Européens les plus mal infor­més sur l’Union européenne (UE). 49 % d’entre eux déclaraient à l’automne 2023 avoir récem­ment vu, enten­du ou lu une actu­al­ité rel­a­tive à l’UE. Ce qui nous place au dernier rang des 27 États mem­bres », indique l’étude en introduction.

Les mauvais élèves de la couverture européenne

Par­mi les mau­vais élèves, les chaînes privées cou­vri­raient assez peu l’évènement, à l’inverse de cer­taines chaînes du ser­vice pub­lic. Arte est le lau­réat de la cou­ver­ture de cet évène­ment, avec 6,9 % de ses sujets con­sacrés aux européennes au sein de son Arte jour­nal. De même, les médias général­istes seraient assez peu ten­tés par la cou­ver­ture de tels évène­ments ; ils préfèrent évo­quer la poli­tique nationale comme les sujets con­sen­suels du sport.

La faute aux politiques ?

La cul­pa­bil­ité des poli­tiques en matière de cou­ver­ture de cette cam­pagne pour­rait être incrim­inée ; l’absence de notoriété de cer­tains can­di­dats aux européennes serait ain­si l’une des caus­es de cette faible cou­ver­ture. « La vis­i­bil­ité des députés européens est chronique­ment faible, con­state le rap­port. […] Cette réal­ité est ampli­fiée par la désig­na­tion de têtes de liste peu ou pas con­nues des Français, à com­mencer par la tête de liste de la majorité prési­den­tielle, Mme Valérie Hay­er ». En effet, seules quelques têtes de liste sem­blent con­nues du grand pub­lic, notam­ment les per­son­nal­ités ayant déjà tenu ou ten­ant encore un rôle sur la scène poli­tique nationale – à l’image de Jor­dan Bardel­la ou Mar­i­on Maréchal. Par ailleurs, l’étude note une « omniprésence des sou­tiens […] par­ti­sans des dif­férentes listes », à l’image d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal, Marine Le Pen, Éric Zem­mour ou Jean-Luc Mélenchon.

Cette absence de con­nais­sance des dif­férentes per­son­nal­ités poli­tiques s’allie à une mau­vaise cou­ver­ture des activ­ités européennes en général ; les activ­ités du par­lement et des insti­tu­tions européennes sont peu évo­quées dans la grande presse ou par à‑coups et ce qui s’y fait demeure sou­vent assez flou…

Une couverture inégale suivant le parti

La cou­ver­ture des per­son­nal­ités poli­tiques sem­ble égale­ment dépen­dre de leur appar­te­nance poli­tique. Éval­u­ant la vis­i­bil­ité des têtes de liste par leur taux de men­tion dans les médias, l’étude révèle que le trio de tête des poli­tiques les plus men­tion­nés sont Jor­dan Bardel­la, suivi de Raphaël Glucks­mann et Valérie Hay­er. À l’inverse, le trio de queue voit se suiv­re François-Xavier Bel­lamy, Mar­i­on Maréchal et Manon Aubry.

Les rares moments où la cam­pagne sem­ble bien cou­verte par les médias sont les temps d’actualité forts : l’annonce des nou­velles pris­es de guerre venant s’ajouter aux listes, à l’instar de Fab­rice Leg­geri, ancien de Fron­tex ou Math­ieu Valet, ancien com­mis­saire de police, pour le RN, ou de Rima Has­san, égérie propales­tini­enne pour LFI.

Quels thèmes de campagne ?

Pour le rap­por­teur de l’étude, cet éti­ole­ment médi­a­tique est le signe que la cam­pagne européenne n’existe peu ou prou pas en France ; pour la Fon­da­tion Jean Jau­rès, c’est « une forme de sec­onde élec­tion lég­isla­tive dont le thème serait les ques­tions européennes », qui est actuelle­ment en train de se jouer.

Et en effet, les thèmes de cam­pagne abor­dés demeurent assez proches de ceux pro­posés pen­dant les cam­pagnes nationales : le pou­voir d’achat arrive en tête, évo­qué avec le nom du can­di­dat social­iste Raphaël Glucks­mann dans 24 % des arti­cles y faisant mention.

L’immigration arrive sans sur­prise sur la table : 33 % des arti­cles et sujets y ayant trait évo­quent Jor­dan Bardel­la. Les can­di­dates Mar­i­on Maréchal et Valérie Hay­er suiv­ent de près ce mouvement.

Enfin, l’environnement (préoc­cu­pa­tion majori­taire des écol­o­gistes) est un sujet de cam­pagne, au même titre que la guerre en Ukraine, où Valérie Hay­er occupe le plus le ter­rain avec Raphaël Glucksmann.

Ces qua­tre sujets occu­peraient selon l’étude « 20 % du bruit généré par la cam­pagne des élec­tions européennes ». On espère qu’ils auront encore quelque chose à racon­ter pour la prési­den­tielle et les législatives…

Voir aus­si : Débat Attal – Bardel­la : la presse de gauche unanime pour con­sacr­er le vainqueur

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