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La presse indépendante en Normandie

23 juin 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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La presse indépendante en Normandie

Temps de lecture : 5 minutes

Nous reproduisons un très intéressant article de notre confrère normand en ligne Sire de Sei – Alliances de Normandie du 18 juin 2024. Les sous-titres sont de notre rédaction.

Un groupe de presse multi-médias 100% normand, 100% indépendant, c’est possible…

Ces temps-ci l’heb­do­madaire nor­mand le “Cour­ri­er cau­chois” fête son 4000ème numéro : cela témoigne d’une belle vital­ité mal­gré un con­texte général inquié­tant pour l’avenir même de la dif­fu­sion papi­er de la presse nationale ou régionale. En effet, la Nor­mandie dont le ter­ri­toire est pavé d’une ving­taine de pays locaux aus­si anciens que vivants dans les pra­tiques sociales et cul­turelles, fait une notable excep­tion avec une presse heb­do­madaire locale qui con­serve son lec­torat avec de nom­breux abonnés.

Deux groupes de médias dominent la Normandie

Cette presse heb­do­madaire locale nor­mande est dif­fusée par l’in­ter­mé­di­aire de deux grandes organ­i­sa­tions: l’o­gre du Grand Ouest, alias “Ouest-France”, avec sa fil­iale spé­cial­isée “Pub­li­heb­dos”, d’une part et, d’autre part, le petit Poucet nor­mand du groupe Leclerc qui est le SEUL groupe de presse mul­ti-médias 100% nor­mand, 100% indépen­dant avec les heb­do­madaires “La Manche Libre” dif­fusée essen­tielle­ment dans le Cotentin et au-delà et le “Cour­ri­er cau­chois” dif­fusé sur le plateau cau­chois et au-delà. A cela, ajou­tons le réseau de la radio FM “Ten­dance Ouest”, pre­mière radio privée de Nor­mandie et son site inter­net d’in­for­ma­tion locale et la pub­li­ca­tion gra­tu­ite de l’heb­do­madaire “Ten­dance Ouest” sur le périmètre de l’ag­gloméra­tion caennaise.

En 2013, dans le cadre du sémi­naire Nor­mandie de l’UP Caen dont le thème était “la Nor­mandie déjà réu­nifiée”, nous avions con­sacré une con­férence sur le pro­jet région­al nor­mand du groupe Leclerc-La Manche Libre-Ten­dance Ouest :

LA NORMANDIE DÉJÀ RÉUNIFIÉE : le sémi­naire 2013 /2014 de l’U­ni­ver­sité Pop­u­laire de CAEN — L’ÉTOILE de NORMANDIE, le webzine de l’u­nité nor­mande (canalblog.com)

Un Yalta de la presse régionale

On le sait, depuis le début des années 1980, le reflet médi­a­tique région­al nor­mand est vic­time d’un Yal­ta de la presse régionale avec une Basse-Nor­mandie inté­grée à la zone de dif­fu­sion “Grand Ouest” du quo­ti­di­en bre­ton Ouest-France et une Haute-Nor­mandie, zone de dif­fu­sion de l’un des plus petits quo­ti­di­ens région­al français, Paris-Nor­mandie tou­jours basé à Rouen et qui a échoué dans son pro­jet ini­tial de s’im­pos­er dans le val-de-Seine jusqu’aux portes occi­den­tales de Paris face à la puis­sance du groupe Parisien-Aujour­d’hui. Paris-Nor­mandie a peut-être inscrit l’échec de sa dif­fu­sion ter­ri­to­ri­ale dans son nom même et, de men­aces de fail­lites en repris­es, son sort se décide désor­mais à Lille voire out­re-Quiévrain avec son rachat récent par le groupe Rossel qui vient d’an­non­cer un nou­veau plan de réduc­tion des effectifs…

Les espoirs déçus de la réunification de 2014

On aurait pu croire qu’avec la réu­ni­fi­ca­tion de la Nor­mandie en 2014, les cartes médi­a­tiques de la PQR nor­mande allaient être enfin rebattues et il y eut, en effet, quelques ten­ta­tives en ce sens: les Bre­tons de Ouest-France s’ap­puyant sur leur tête-de-pont bre­ton­nante du Havre ont cru pou­voir par­tir à la con­quête de Rouen, en vain. Tan­dis que du côté de Paris-Nor­mandie on eut la ten­ta­tion de repren­dre pied comme autre­fois sur la rive occi­den­tale de la Seine en réin­té­grant Lisieux, la côte Fleurie et Hon­fleur dans la dif­fu­sion du titre rouen­nais qui a ajouté la men­tion “quo­ti­di­en nor­mand” sous son titre peu flatteur.

Wokisme et conformisme idéologique

Toutes ces ten­ta­tives tombèrent à l’eau face aux habi­tudes pris­es par un lec­torat nor­mand aus­si vieil­lis­sant que local­iste et face à la logique de dif­fu­sion impéri­ale à la fois bre­tonne et nationale de Ouest-France qui devient, de plus en plus, un robi­net d’eau tiède pol­lué par le wok­isme, d’une part et la logique obsid­ionale d’une peau de cha­grin rouen­naise toute aus­si tiède d’autre part, une large avenue s’ou­vre pour une offre médi­a­tique résol­u­ment nor­mande assumant tous les angles sur le réel refusés par le con­formisme idéologique d’une caste jour­nal­is­tique sur le déclin.

Voir aus­si : Une fine analyse de la presse en Normandie

Échec de la reprise de Paris-Normandie

À l’oc­ca­sion d’une énième défail­lance du groupe dif­fu­sant le titre Paris-Nor­mandie, on avait espéré voir enfin l’émer­gence de cette offre authen­tique­ment nor­mande : Hervé Morin, le prési­dent de la Nor­mandie réu­nifiée depuis 2014 avait même suivi l’af­faire de près en pous­sant dans l’aven­ture son homme de con­fi­ance, l’homme d’af­faires et entre­pre­neur rouen­nais Jean-Louis Lou­v­el.

Archive de l’Étoile de Nor­mandie (22 avril 2017) : Un Nor­mand se mobilise pour sauver PARIS-NORMANDIE dernier quo­ti­di­en région­al nor­mand indépen­dant. — L’ÉTOILE de NORMANDIE, le webzine de l’u­nité nor­mande (canalblog.com)

Mais la reprise de Paris-Nor­mandie par le “roi de la palette” se sol­da par un échec : lors de la remise en vente de la société éditrice du quo­ti­di­en rouen­nais, le groupe Leclerc-La-Manche-Libre-Ten­dance Ouest s’é­tait d’ailleurs mis sur les rangs.‌

Mais les Nor­mands con­quérants venus du Cotentin ne purent trou­ver à Rouen l’ac­cueil suff­isant pour une réu­ni­fi­ca­tion com­plète de la PQR nor­mande et à défaut d’avoir fait la con­quête de Rouen ils ont pris le con­trôle, non sans suc­cès, du Cour­ri­er cau­chois dont la dif­fu­sion au numéro dépasse celle du quo­ti­di­en rouennais.

Le belge Rossel imprime à Lille et supprime des emplois

La société des jour­nal­istes de Paris-Nor­mandie avait donc préféré se plac­er sous la vas­sal­ité d’un groupe belge plutôt que d’in­té­gr­er le seul groupe mul­ti­mé­dias nor­mand 100% indépen­dant. Le pré­texte d’alors était de sauver l’im­primerie rouen­naise du jour­nal car le pro­jet de reprise par le groupe Leclerc pro­po­sait l’im­pres­sion du quo­ti­di­en rouen­nais à… Saint-Lô dans une usine ultra-mod­erne où les heb­dos du groupe, La Manche Libre et le Cour­ri­er Cau­chois sont déjà imprimés…

Sauf que le groupe belge Rossel fait désor­mais imprimer son canard rouen­nais à Lille avant d’an­non­cer un nou­veau plan saig­nant de réduc­tion des effec­tifs.

Les plus lucides à Rouen peu­vent légitime­ment regret­ter la solu­tion 100% nor­mande d’un groupe Leclerc désor­mais intéressé par une aven­ture à la Plan­ta­genêt dans les heb­dos du Maine et de l’An­jou sur les marges de la zone de dif­fu­sion d’un Ouest-France sur le déclin mais encore tout puissant…

Source et arti­cle com­plet : siredesei.canalblog.com

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