Le 19 juin 2022, l’OJIM annonçait la décision du Royaume-Uni d’autoriser l’extradition de Julian Assange aux États-Unis. Si nous alertions déjà sur les risques, sur la haute charge symbolique et la volonté des États-Unis de « se servir d’Assange comme un exemple… et un avertissement », un porte-parole du Ministère de l’Intérieur avait pourtant émis une discrète réserve : la ministre d’État devait « signer une ordonnance d’extradition » à condition qu’il n’y ait « aucun motif d’interdire l’ordonnance ». Les propos ont également été rapportés par l’OJIM.
Les dangers d’un procès sur le continent américain
En mars 2024, Franceinfo avait insisté sur le danger d’un procès aux États-Unis en relayant les arguments des avocats de Julian Assange, qui considèrent « que le système judiciaire américain est bien différent des systèmes européens, il est “bien plus complexe et peut conduire à des actes de torture et à une peine de mort”. Maître Antoine Vey estime “qu’aux États-Unis, un procès équitable n’est pas possible” car “une fois sur le sol américain, personne ne pourra faire respecter les garanties qui ont été données”. » Les avocats du lanceur d’alerte, selon Franceinfo, déploraient également la faible mobilisation des démocraties européennes, considérant comme insuffisants les différents mouvements citoyens : « parfois, on déplore un peu que le sort de ce journaliste ne soit pas plus mobilisant dans l’opinion publique internationale ».
Des manifestations de soutien massives
Bien que peu coordonnés, des citoyens du monde entier se sont appropriés ce combat en manifestant, comme face à la Haute Cour de justice de Londres le 26 mars 2024, comme le partage Le Journal du Dimanche ou encore, selon Franceinfo, à Madrid le 20 février 2024 : « Julian Assange bénéficie de soutiens dans le monde entier. Ici, un manifestant à Madrid brandit […] une pancarte devant l’ambassade américaine : “On ne tue pas le messager” ». Le slogan a été repris dans plusieurs pays : en Espagne, « No matar al mensajero », au Canada, « Don’t shoot the messenger » (BBC).
En France, la branche « journalistes » SNJ du syndicat ouvrier CGT avait par exemple appelé à se réunir dans plusieurs villes de France pour défendre le journaliste. Sur place, aux États-Unis, certains « membres du Congrès américain [avaient demandé] la libération de Julian Assange ».
Une procédure d’appel encourageante
Ces soutiens avaient permis de permettre au célèbre journaliste — présenté dans ce portrait de l’OJIM — de faire appel de la décision du Royaume-Uni d’autoriser son extradition vers les États-Unis, une nouvelle qui a été partagée par de nombreux journaux.
Antérieurement, les problèmes de santé de Julian Assange avaient préoccupé la Haute Cour britannique. Ainsi, les différents médias qui ont relaté l’affaire s’accordent sur la raison de cette décision, comme en parle Le Monde : les « garanties jugées insuffisantes ». Plus précisément, « les autorités américaines ont […] apporté la garantie que Julian Assange n’encourerait pas la peine de mort au cours de son procès, mais n’ont pas, selon les avocats du lanceur d’alerte, donné d’assurances suffisantes concernant le droit à la liberté d’expression. »
Les limites posées par le Royaume-Uni s’annonçaient déjà comme une garantie potentielle pour Julian Assange et, plus généralement, pour la liberté d’expression aux États-Unis dans un procès qui se veut jurisprudentiel. « “Ce jour marque un tournant”, s’est réjouie l’épouse de Julian Assange, Stella, devant le tribunal ».
Néanmoins, Amnesty International restait très prudente : le « risque d’être extradé vers les États-Unis » est particulièrement présent au point que « la liberté de la presse dans le monde risque d’être durablement menacée » pour l’association. De la même manière, le danger d’un procès dans son pays présentait un grand risque selon son avocate et épouse Stella Assange : « Il existe une crainte réelle et fondée que Julian Assange soit assassiné », comme le partage France Culture.
Enfin la libération
L’annonce de sa liberté soulage les soutiens de Julian Assange, ainsi que ses proches et l’équipe de WikiLeaks. « “Je suis reconnaissante que le calvaire de mon fils touche enfin à sa fin. Cela montre l’importance et le pouvoir de la diplomatie discrète”, a déclaré sa mère, Christine Assange, dans un communiqué diffusé par les médias australiens, partage Le Figaro. Plus précisément, les documents de la justice américaine précisent que le lanceur d’alerte australien devrait désormais plaider coupable uniquement pour « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale ».
Cela fait toute la différence : « Il devrait être condamné à 62 mois de prison, déjà purgés en détention provisoire à Londres, ce qui lui permettrait de regagner libre son Australie natale. » analyse Le Figaro.
Dans un article dédié, le média se fait témoin de la joie commune des médias, des militants, du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme et du gouvernement australien, qui avait « présenté une demande officielle en ce sens en février ». L’affaire a « traîné en longueur depuis trop longtemps » avait estimé le gouvernement du pays natal de Julian Assange.
Julian Assange a désormais quitté sa prison de haute sécurité de Londres qui l’enfermait depuis cinq ans dans l’attente de son procès qui aura lieu mercredi 26 juin, à neuf heures françaises, au tribunal fédéral des îles Mariannes. Avant de s’envoler pour l’Australie et retrouver sa famille. Bienvenue Julian !