Pendant les semaines qui précèdent le scrutin des législatives anticipées, le monde des médias est en ébullition, et chaque jour apporte sa tribune de soignants, de professeurs, de juristes, de ratons laveurs etc. contre les extrêmes ou plus souvent le Rassemblement National. Certains artistes et divers acteurs de la culture font partie des plus bruyants contre le RN.
Première diffusion le 29 juin 2024
L’OJIM prend ses quartiers d’été : du dimanche 28 juillet au dimanche 25 août nous republions les articles les plus significatifs du premier semestre.
La culture, un angle presque mort de la campagne ?
La culture, « enfant chéri du Nouveau Front populaire » selon Challenges, est aussi selon La Croix « oubliée de la campagne » alors qu’elle est le « terrain du combat identitaire du RN ». Le titre note qu’elle « demeure introuvable dans les débats », que la plupart des programmes n’en font aucun cas, ou bien « en toute fin du cortège des mesures proposées ». Libération regrette d’ailleurs une mobilisation « timide », qui « flirtait jusqu’ici avec un silence radio pesant » de la part du secteur de la culture.
Certains médias alertent sur une utilisation idéologique de la culture par le RN
Le 23 juin paraissait dans Le Monde une tribune de 800 professionnels de la culture appelant à voter contre le Rassemblement National. Alors quels dangers l’obtention d’une majorité par le RN ferait-elle peser sur ce domaine ? Certains médias les augurent à partir de politiques locales menées par les maires RN. France 3 (dont la rédaction a signé une pétition contre le RN) précise ainsi que « même s’ils tiennent une place modeste dans le programme du RN, la culture et le patrimoine peuvent devenir un levier idéologique au profit de la tradition, du patrimoine ou du folklore en rejetant notamment la diversité ou des cultures plus novatrices. » Alternatives Economiques rejoint cette inquiétude en expliquant que les maires RN, s’ils n’attaquent pas « frontalement » le secteur culturel, y « distillent peu à peu leur ligne idéologique ». En général, pour ce faire, les maires suppriment certaines subventions allouées à des théâtres ou des festivals marqués le plus souvent à l’extrême gauche.
La gauche, parangon de la vertu dans l’usage de la culture ?
A force de lire que le Rassemblement National utiliserait la culture comme outil de propagande, on en vient à se demander pourquoi la gauche n’y a pas pensé avant. Puis, on pense aux films français de propagande qui évoquent la vie dans les quartiers, comme Les Misérables, de Ladj Ly, ceux qui racontent l’histoire d’une famille de migrants arrivant dans un petit village, ou, avec de plus gros budgets, à Tirailleurs, avec Omar Sy, racontant l’histoire des Africains, notamment des Sénégalais, engagés ou enrôlés dans l’armée française pendant la Première guerre mondiale. On pense ensuite aux spectacles d’éducation sexuelle proposés aux enfants, comme les lectures animées par des drag-queens, tous bien subventionnés. On se rend alors compte que la culture est déjà un outil idéologique. Plus simplement, la gauche en général et les médias en particulier tremblent à l’idée que cet outil ne change de main.
Les médias et la culture veulent continuer à vivre en vase clos, aux frais des Français
Que craignent certains artistes de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National ? La perte de subventions. Commençons par la coupe des subventions aux médias et la privatisation de certaines chaînes. Cela reviendrait pour les signataires de la tribune publiée dans Le Monde à démembrer le service public, qui serait « dirigé par des proches du parti au pouvoir », avec une « liberté de la presse sous surveillance ». On pourrait demander si les directeurs des médias ne sont pas déjà proches des partis au pouvoir, mais là n’est pas la question que se posent les dits médias. Là où le bât blesse le plus, c’est pour les subventions au monde de la culture. La tribune alerte sur des « aides publiques fortement diminuées » qui n’iraient plus qu’à des « institutions culturelles mises au pas et à des œuvres inspirées du patrimoine ». De quoi tuer « la création originale, la polémique et la diversité », que, d’après Libération « le monde entier nous envie ». Que Notre-Dame se le tienne pour dit. Ce qui intéresse les touristes, et notamment les touristes étrangers, ce ne sont absolument pas les châteaux de la Loire, la Tour Eiffel, le Louvre ou les cathédrales, mais, « la vitalité culturelle, la liberté de créer, les formes d’art sans précédent, la liberté de penser et de penser contre » de la France. Retenons la jolie formule du « penser contre », contre les français est sous-entendu.
L’attaque au portefeuille blesse les médias et les cultureux
Le Rassemblement National, il est vrai, prévoit de diminuer drastiquement les fonds publics alloués à la culture, poussant L’Humanité à parler de « politiques culturelles au rabais », déjà en place dans les villes tenues par le RN. Le tout joue sur « les oppositions entre création et patrimoine, populaire et élitiste. » Le parallèle tend à montrer que la création artistique est populaire, ce qui surprend un peu quand on sait quel est le public des propositions considérées comme modernes et décalées. Pour Challenges, le monde de la culture est même « terrorisé par le scénario noir d’une victoire du RN », puisqu’il s’agirait d’un « véritable cauchemar. » Le titre explique ainsi que, si les artistes demandent à cor et à cris le vote Nouveau Front populaire contre le Rassemblement National, c’est parce que ces deux groupes ont « deux visions opposées d’un secteur très dépendant de l’argent public ». Bref, avec le Rassemblement National au pouvoir, on ne sait au juste si la France perdrait son rayonnement et ses recettes touristiques, on sait en tout cas que certains artistes très engagés perdraient une part substantielle de leurs subventions. En espérant que cet argent retourne dans la poche des contribuables.
Voir aussi : Les médias publics font ils campagne contre le Rassemblement national ?