Après le débat désastreux pour sleeping Joe Robinette Biden et le camp démocrate, nous avons demandé à notre correspondant en Amérique du Nord (que nous remercions vivement) d’éclairer les enjeux. Il répond à 8 questions plus une en suspens.
Table des matières
masquer
1. Dans quel contexte ce débat a‑t-il été organisé ?
Le plan stratégique des protecteurs de Joe Biden était quintuple :
- utiliser le système judiciaire comme agent électoral en égrenant un chapelet de procès suffisamment tôt pour infuser une perception catastrophique de Donald Trump, et suffisamment tard pour que les procédures d’appel ne puissent survenir avant l’élection.
- relayer cette perception dans les médias (Trump = fraudeur + pornocrate + factieux + criminel condamné).
- faire sortir par Hollywood un film grand public , Civil War, présentant une Amérique où les insurrectionnels ont des têtes de trumpistes.
- éliminer ses compétiteurs démocrates en refusant tout débat ou en les privant d’homologation (la principale cible étant Robert Kennedy Jr).
- faire entrer un maximum d’immigrants illégaux, les accompagnant ensuite dans le système administratif, leur permettant ce faisant de convertir leurs numéros d’immatriculation temporaire en clé d’accès aux listes électorales (cette thèse prônée par Trump étant considérée comme complotiste).
Mais cela a mal fonctionné :
- Trump avait le vent en poupe dans les sondages, de façon alarmante dans les principaux états-pivots, et de façon catastrophiquement significative dans les segments hispanique et afro-américain de la population.
- Pour la première fois Trump a levé des fonds très importants en Californie de la part des « tech », du fait du flou règlementaire de l’administration Biden en matière fiscale, en matière d’emploi (le secteur recrute de moins en moins en Californie), et en ce qui concerne les monnaies numériques (aucun cadre clair permettant de planifier des investissements critiques
- Les évènements de Palestine on fracturé l’électorat de Biden, lui faisant perdre l’électorat arabo-musulman, significatif dans certains états-clés).
- Trump est devenu la bouée de secours des grands investisseurs du lobby pro-israélien aux États-Unis (sur la question de Gaza, et sur le besoin de transformer les accords d’Abraham en débouché pour les Tech californiennes via Israël, vue comme la seconde Californie du monde, mais en danger de faillite).
Il fallait donc « faire quelque chose » pour stopper une implosion possible de tout l’appareil démocrate.
2. Que tentaient d’accomplir les démocrates avec ce débat ?
- Procurer un répit à Joe Biden en démonétisant Trump du fait de ses procès (case cochée), condamnations (case cochée), et prochaines incarcérations (en cours).
- Décourager les électeurs familiers du vote anticipé (mis en place depuis la pandémie) de voter cette fois-ci trop vite pour Trump.
- Compter sur CNN (et non la commission bipartite des débats présidentiels) pour un débat amical pour Biden et castrateur pour Trump (micros alternativement fermés, pas de public dans la salle).
- En conclusion convaincre l’opinion que la démocratie était en danger.
3. Biden était-il bien préparé à ce débat ?
- Très bien, presque trop bien. Une semaine d’isolation à Camp David sous le contrôle de seize formateurs.
- Mais, à trop vouloir lui encombrer l’esprit avec des chiffres et des listes de mesures techniques, ils ont embrouillé. Biden, incapable de déployer son bilan présidentiel, et surtout incapable d’exploiter ce qui lui avait été servi sur un plateau par un an de stratégies parlementaires et judiciaires visant à faire de Trump un brigand césariste sans foi ni loi qui prépare l’abolition de la constitution. Ce qui était somme toute la finalité du débat, en avant-première de sa possible incarcération en juillet.
4. Et Trump ?
- Trump s’est entrainé dans ses nombreuses présentations faites lors de plusieurs levées de fonds qui lui ont permis de roder son message . Nous en présentons ici un exemple, une discussion entre Trump et avec trois investisseurs californiens qui débattent ensuite seuls pour juger de ce qu’il a dit.
- Et voici maintenant ici la réaction des trois après le débat, qui soulèvent par ailleurs plusieurs points intéressant sur les vrais dangers qui visent la démocratie en Amérique.
5. Joe Biden est-il tombé dans un traquenard ?
- Il faut savoir qu’Obama, aujourd’hui hyperprésent, ne voulait pas initialement de Biden en 2020.
- Son tandem préféré était composé de Pete Buttigieg et de Kamala Harris. Buttigieg est en position d’attente dans un ministère difficile (les transports). Kamala Harris, n’a pas franchement décollé en son rôle de Vice-Présidente de Biden.
- Plusieurs se prennent sans vergogne à rêver de renverser Biden « pour sauver la démocratie ». Hillary Clinton joue la belle-mère sur les médias depuis quelques semaines, Buttigieg nous rappelle occasionnellement que le pays bénéficie d’un maxi-giga plan d’infrastructures américaines (traduction : un plan ciblé sur l’achats des votes), Harris a été interrogée par CNN le soir du débat vêtue et parlant comme une présidentiable, et le richissime gouverneur de Californie Newsom rode constamment dans les parages médiatiques, sans oublier une palanquée de gouverneurs d’états-pivots (ainsi de la célébrissime Gretchen Withmer).
- Il est donc clair que Biden a été lâché après avoir été usé et abusé par ses marionnettistes.
6. Peut-on vraiment « se débarrasser » de Biden ?
- Oui et non !
- En tant que président , oui, en vertu de la procédure du 25e amendement de la constitution. La sortie peut être définitive ou temporaire. Succèderait alors au Présent Madame Kamala Harris, la vice-Présidente
- En tant que candidat, ceci ne serait que du seul ressort de Joe Biden. Ses électeurs, lors des primaires, ont désigné des délégués qui doivent voter pour lui à la Convention (qui se déroulera du 10 au 22 aout). Il lui faudrait alors formellement leur rendre leur liberté de vote, humiliation suprême.
- Reste la pression financière. On peut imaginer une discussion « amicale » en laquelle un intermédiaire lui fasse comprendre que sa campagne se sera pas financée, faute de retour possible sur investissement
- La question fondamentale, dit-on, serait que l’appareil du parti et les oligarchies ne voient pas en Kamala Harris une candidate viable (l’électorat afro-américain la déconsidère)
- Reste le cas Michelle Obama, supposée rallier le vote des femmes et des afro-américains. Sur le papier, le choix semble astucieux. Auquel cas la « défense de notre démocratie » se résumerait à un couronnement népotiste façon Corée du Nord.
7. Comment « le parti unique du marécage » peut-il s’en sortir ?
- Il est vrai que la congrégation des oligarchies du « parti unique » devrait rendre des comptes Elle a en effet depuis quatre ans :
- soutenu mordicus la candidature Biden en 2020,
- censuré les révélations des frasques financières de la famille Biden (Chine, Ukraine)
- démoralisé le pays tout le long de l’année 2020 (confinement, révoltes Back Lives Matter)
- taxé de complotisme toute résistance au système,
- « effacé » les autres candidats 2024 tels que Kennedy (lui refusant même la protection des gardes du corps services secrets),
- mis en place des orgues de Staline judiciaires visant à broyer la candidature Trump,
- et insisté à quelques jours encore du débat sur le fait que Biden était un superman du neurone et que les clips montrant ses déficiences verbo-motrices n’étaient que vulgaires « cheap fakes » (basses contrefaçons),
- Pire encore, les oligarchies ont abusé sans retenue d’un vieillard, camouflant la vérité sur son compte, se trouvant maintenant porteuses d’une grenade prête à exploser nationalement et internationalement. Des excuses seraient de rigueur. Good luck !
8. Faudra-t-il une guerre civile pour sauver l’oligarchie ?
- La tentation pourrait être de condamner Trump à de lourdes peines d’emprisonnement en juillet afin de créer un « climat insurrectionnel » propice à l’édiction puis à la pérennisation de toutes sortes de mesures d’exception (état d’urgence, loi martiale, etc.).
- Mais à force de crier au loup il y a un danger que celui-ci descende dans la rue et que celui-ci ne soit pas le diable.
- Car les États-Unis sont probablement le seul pays occidental où un risque insurrectionnel vrai soit plausible contre toute tyrannieNés du mythe d’une telle insurrection, les États-Unis sont de facto en guerre civile depuis leur création, les courants Jeffersonien et Hamiltonien perdurant au fil des siècles : cette confédération d’états « libres » a été tiraillée depuis toujours entre isolationnisme et interventionnisme international, entre centralisation et autonomie.
- Or cela fait maintenant quatre-vingts ans que Washington a progressivement imposé aux états une dictature mono-partisane jacobine (laquelle a désormais mis le turbo en transformant son puritanisme congénital en wokisme absolutiste), tandis que Wall Street a joué la carte de l’internationalisme économique hors sol.
- Si l’on ajoute à cela que les hallucinations du wokisme, qui arrangeaient Wall Street autant que Washington, sont de plus en plus démographiquement minoritaires du fait de l’immigration hispanique, asiatique et arabo-musulmane, et si l’on réalise que Wall Street pousse ouvertement le pays à subir les guerres privées du post-capitalisme financier (ambition du contrôle par la force des territoires de l’ancienne URSS, le tout aux frais des contribuables américains et européens), le risque de révolution devient réel.
- Et cette fois-ci, il s’inscrira au sein d’une nouvelle lutte des classes du réel qui n’aura plus besoin du sociétal pour fleurir.
Or, et cela ne présage rien de bon, l’oligarchie semble oublier qu’un mouvement de réinstallation de la république américaine pourrait passer par une convention des états de la république américaine qui, elle, pourrait provoquer une nouvelle révolution américaine. C’est dans cette ligne de pensée que se situe par exemple le mouvement Our Country Our Choice.
9. Ce débat a‑t-il des implications internationales?
- Oui, nous en parlerons ultérieurement. À suivre donc !