Le WaPo en argot américain des médias, c’est le Washington Post, créé en 1877 dans l’orbite du parti démocrate et propriété depuis 2013 de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Un quotidien libéral libertaire à l’américaine, en crise d’audience, en crise financière et maintenant en crise de management avec une guerre larvée entre britanniques et WASP ou assimilés.
WaPo en déconfiture
On a beau être milliardaire, voir son quotidien perdre 77 millions de dollars en 2023 ; voir la moitié de ses abonnés numériques abandonner le journal en quatre ans, constater qu’une de ses éditorialistes vedettes, Anne Appelbaum, pratique la désinformation, finit par agacer. D’où l’appel à un peu de sang frais anglophone venu de l’autre côté de l’Atlantique.
Du British au WaPO
Jeff Bezos agacé constate que son équipe commence à yoyoter un peu, en comparant par exemple et un peu à la légère le rôle des États-Unis au Yémen et en Ukraine et y voyant l’Amérique comme sauveur de la démocratie (sic).
Trop c’est trop, il nomme un nouveau PDG, Will Lewis, un poids lourd du journalisme britannique, venu du Financial Times, du Sunday Times et du Telegraph. Une fois le premier orteil mis prudemment dans le bain toxique de la rédaction du WaPo, celui-ci constate l’atmosphère de guerre civile à l’intérieur de la rédaction. Il décide de faire monter à Washington son ancien rédacteur en chef du Telegraph, le talentueux, et tumultueux Robert Winnet.
Winnet, un p’tit tour et puis s’en va
Robert Winnet c’est un phénomène ! Alias « Rat boy », son surnom pour flairer le scoop à tout prix y compris par des moyens flirtant avec l’éthique journalistique. Employant une espèce d’homme de mains pour obtenir avant les autres une copie des mémoires de Tony Blair, en rémunérant un autre pour espionner un concurrent.
Son titre de gloire remonte à 2009. Il permet de révéler les pratiques scandaleuses d’utilisations frauduleuses des notes de frais de certains parlementaires britanniques. Une enquête qui fait grand bruit, entraîne une modification de la législation et lui apporte la gloire.
Mais cette gloire a un prix, on parle alors de plus de cent mille livres sterlings dépensés pour acheter des documents à des « informateurs », un modus operandi commun à Londres, mal vu à Washington dans l’Empire du Bien.
Expulsion du british !
Comme on pouvait s’y attendre, la rédaction divisée et auparavant quasi en guerre civile, se rebelle contre l’étranger, ce pelé, ce galeux qui rémunère des intermédiaires pour obtenir des informations. Toutes pratiques communes aux US pourvu qu’elles demeurent discrètes. Exit l’ami Winnet qui revient au Telegraph sans en être vraiment parti. Le corps journalistique du Post, à moitié expirant, a réussi à expulser l’élément allogène qui le menaçait. Sus aux anglais ! Un réflexe plus conservateur que progressiste pour un quotidien libéral libertaire.
Voir aussi : États-Unis : comment les médias de gauche ont menti sur l’état de santé de Biden
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