Après que la rédaction ait refusé l’offre de Pierre-Édouard Stérin, l’homme d’affaires Jean-Martial Lefranc, se retrouve potentiel acquéreur de Marianne.
Voir aussi : Comment Marianne a refusé l’offre (généreuse) de Pierre-Édouard Stérin
Chez Lefranc, un bric-à-brac bizarre
Le monde des affaires de Lefranc ressemble à une auberge espagnole : cinéma, jeux vidéo, médias divers et variés. Pour les médias, regroupés dans sa holding Financière de Loisirs, on trouve du cinéma (L’Écran fantastique), de la viande (Beef), du jeu vidéo vintage (Retro Games Collection), une liste à la Prévert.
Une offre fragile
Après avoir racheté les éditions Fleurus, les avoir passés à la paille de fer et revendus, Lefranc fut un temps candidat malheureux au rachat des Cahiers du cinéma. Son offre pour racheter Marianne avec quelques investisseurs privés culmine à 8,5M€ avec des garanties incertaines. Rappelons que depuis son rachat en 2018, Daniel Křetínský a injecté 20M€ dans le titre.
Plus curieux encore, son offre comporte une clause de non remplacement des journalistes quittant le journal au titre de la clause de cession propre à la presse. Autrement dit, un journaliste qui décide de quitter Marianne avec l’arrivée du nouvel actionnaire ne sera pas remplacé. Un mécanisme d’attrition qui ne présage rien de bon ni pour la rédaction ni pour la survie du titre.
Un conseiller de Macron au secours de Lefranc
Selon La Lettre, le banquier d’affaires (Lazard) Philippe Englebert s’active auprès de Jean-Martial Lefranc pour renforcer son offre. Englebert fut conseiller entreprises d’Emmanuel Macron jusqu’à l’été 2022 où il a été recruté chez Lazard. Englebert est également politiquement impliqué à Perpignan face au maire RN Louis Alliot.
Il semble qu’Englebert n’apporte pas d’argent mais des conseils et son réseau. Marianne perdant sans doute encore autour de 5M€ en 2023 il faudra avoir des poches profondes pour éponger les dettes et relancer le titre.
Couler Marianne ?
Des esprits mal intentionnés pourraient voir dans l’alliance Lefranc-Englebert une manœuvre en trois temps pour couler Marianne ou modifier son orientation.
- Premier temps, éloigner Pierre-Édouard Stérin bien intentionné mais rejeté par la rédaction.
- Deuxième temps, faire accepter par Křetínský, heureux de transmettre le fardeau, une offre de reprise sous calibrée sur le plan financier.
- Troisième temps, constater que les pertes s’accumulent et soit liquider le titre, soit se séparer de Natacha Polony et de son équipe avec de nouveaux moyens et une nouvelle orientation plus favorable à l’extrême centre.
Ce que l’on appelle du billard à trois bandes.