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Libération et la pédophilie, une longue histoire. Troisième partie

4 septembre 2024

Temps de lecture : 6 minutes
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Libération et la pédophilie, une longue histoire. Troisième partie

Temps de lecture : 6 minutes

La défense, on pourrait dire la promotion, de la pédophilie par Libération remonte aux lendemains de la libération sexuelle. Depuis quelques années, le quotidien tente par à‑coups de modifier son image. Le sujet est d’autant plus important que le consentement est aujourd’hui une notion plus regardée qu’hier, et que l’on a établi qu’un enfant ne peut jamais consentir à une relation sexuelle avec un adulte. Check News, l’organe de Libération supposé faire du « fact-checking », mouille donc la chemise en répondant régulièrement aux questions des abonnés, qui s’offusquent à juste titre de ce qu’a pu défendre Libération. Il affirme notamment que le titre « a consacré plusieurs pages » à l’affaire Matzneff, « sans omettre d’aborder frontalement » les liens du média avec la pédophilie, dans une « salutaire introspection ». Pourtant, le mea culpa de Libération est loin d’être exhaustif, et suit en réalité les scandales qui éclatent les uns après les autres. Troisième partie.

Et si les victimes l’avaient cherché ?

Libéra­tion ne se con­tente pas de faire croire aux adultes qu’ils sont tous des pédocrim­inels en puis­sance parce qu’ils sont tous pédophiles. Le quo­ti­di­en veille aus­si à faire entr­er dans les esprits que les enfants, au fond, n’attendent que cela.

C’était déjà ce que soute­nait Daniel Cohn-Ben­dit, lorsqu’il affir­mait que, s’il avait caressé de très jeunes enfants dans une crèche, il n’était pas pour autant pédophile puisque c’était ce qu’avaient demandé les enfants eux-mêmes. C’est aus­si ce qui se trou­vait en creux dans la péti­tion de 1977, où les sig­nataires affir­maient que l’absence de vio­lence valait con­sen­te­ment et rendait donc les sanc­tions disproportionnées.

C’est enfin ce qui est à l’œuvre dans les choix séman­tiques de Serge Jul­ly, directeur de pub­li­ca­tion de Libéra­tion pen­dant que Chris­t­ian Hen­nion y exerce. Il définit ain­si Franck Demules comme « celui qui fut son amant pen­dant de nom­breuses années. » Exit le con­cept de vic­time. Le même procédé est util­isé dans le por­trait de Vanes­sa Springo­ra, auteur du Con­sen­te­ment, qui racon­te les vio­ls com­mis par Gabriel Mazn­eff. Elle est présen­tée comme l’« anci­enne “com­pagne” ado­les­cente de Gabriel Matzn­eff » qui « détaille sa rela­tion. » Libéra­tion racon­te que « il va lui faire une cour assidue, clan­des­tine et val­orisante. » Ces mots datent du 21 décem­bre 2019, bien après MeToo qui a fait admet­tre, avec le con­cours de médias comme Libé, un regard appuyé comme une agres­sion sexuelle.

Les choses changent néan­moins, quoique pas très vite. Le 29 décem­bre 2019, Lau­rent Jof­frin, directeur de la rédac­tion, qual­i­fie Vanes­sa Springo­ra de « amante de 14 ans et vic­time de Gabriel Matzn­eff » avec un peu plus de lucidité.

Brouiller la frontière entre l’amour et le viol, l’arme de la pédophilie

Aujourd’hui, cer­tains préfèrent le terme de « pédocrim­i­nal­ité » à celui de « pédophilie ». Et pour cause. Phileo sig­ni­fie « j’aime » en grec, et le pédophile est donc éty­mologique­ment celui qui aime les enfants. Or, tout le monde aime les enfants, ce qui per­met à Libéra­tion de pub­li­er que « toute rela­tion éduca­tive, péd­a­gogique, ou thérapeu­tique avec un enfant s’ap­puie sur des ten­dances pédophiliques sub­limées. » Les enseignants qui con­sacrent leurs soirées à l’élaboration de leçons adap­tées à leurs class­es sont ain­si dans le même panier que les pré­da­teurs sexuels.

Une fois le terme de « pédophilie » admis, il ne reste plus à la psy­ch­an­a­lyste (et chargée d’enseignement à Paris7 !) Simone Korff-Sausse qu’à don­ner, ou plutôt impos­er, sa vision de l’amour. Une tâche d’autant plus facile que « L’amour est un sen­ti­ment com­plexe. » « Dans l’amour, il y a la ten­dresse, mais aus­si la pas­sion. Il y a l’at­ti­rance qui com­porte tou­jours une part d’éro­tisme. Il y a le respect de l’autre qui peut devenir de l’in­dif­férence. L’amour peut être pos­ses­sif, au point de vouloir détru­ire l’autre plutôt que de le voir s’échap­per. Et puis surtout il y a ce point, le plus énig­ma­tique et le plus choquant des rela­tions humaines, c’est que l’amour peut con­duire cer­tains à trou­ver du plaisir à faire souf­frir l’autre. » Le mélange des gen­res en fera sauter plus d’un au pla­fond. Les mères qui con­tem­plent un nou­veau-né fripé à l’œil inter­ro­ga­teur et à la moue ron­chonne. Les enfants qui pren­nent soin de leurs par­ents âgés. Mais aus­si les philosophes qui pour­raient trou­ver que le sadisme, le nar­cis­sisme, l’indifférence, n’ont pas grand-chose à voir avec l’amour, sans oubli­er les hel­léno­phones, qui savent qu’en grec ancien, φιλία, ou phil­ia, n’a pas le même sens que ἔρως, ou éros, et qu’écrire que « dans l’amour, il y a l’at­ti­rance qui com­porte tou­jours une part d’éro­tisme », relève au mieux de l’ignorance, au pire de la malhonnêteté.

Faire entrer les enfants dans le monde des adultes, un rêve de gauche

Aujourd’hui, les ani­ma­tions pro­posées par des drag-queens dans les étab­lisse­ments rece­vant des enfants choquent. Alors que la gauche clame l’importance de l’ouverture d’esprit, les par­ents invo­quent le droit des enfants à avoir leur âge, et à ne pas être immergé pré­co­ce­ment dans le monde des adultes qui con­tient, il est vrai, le sexe. Ce com­bat d’aujourd’hui se retrou­ve dans la défense que Libéra­tion fai­sait hier de la pédophilie. Ain­si, en 1979, Libéra­tion pub­li­ait une péti­tion affir­mant que « nier sa sex­u­al­ité à l’en­fant, c’est nier qu’il est un être à part entière ».

Vingt ans plus tard, Simone Korff-Sausse affir­mait que « l’en­fant lui-même est habité et tra­ver­sé par des flux pul­sion­nels et émo­tion­nels. » Jusque-là, on souscrit, l’enfant ne sait pas se con­trôler. « Pipi, caca, boudin, zizi, c’est le monde de l’en­fance », con­tin­ue-t-elle avant de con­clure que « je t’at­trape, je te flaire, je te mords, je te touche, j’en­fonce mon doigt là où je peux, je te lèche, je te suce, c’est ain­si que les enfants échangent et aiment. » Le pas­sage est révéla­teur. Simone Korff-Sausse tord la vérité pour la faire entr­er dans le moule qui l’arrange. Le fait qu’un enfant décou­vre le monde par tous ses sens et mette donc des cail­loux dans sa bouche lui per­met de dire qu’il suce ou lèche. Parce qu’un enfant met les doigts dans les yeux de son petit frère, il enfonce son doigt où il peut, et on a com­pris que ce n’est pas l’œil que sous-entend Simone Korff-Sausse.

On décèle même un cer­tain cer­cle plus que vicieux dans la péti­tion de 1977 pub­liée par Libéra­tion pour défendre trois hommes con­damnés à la prison. Les sig­nataires deman­dent : « si une fille de 13 ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ? » Toute la duplic­ité de la gauche est là. Impos­er un change­ment au nom du droit des indi­vidus et de leur lib­erté, en l’occurrence don­ner accès à la pilule con­tra­cep­tive à de jeunes ado­les­centes. A ce moment-là, la plu­part des Français ne voient pas le piège, et con­sid­èrent qu’en effet, puisque cer­taines filles ont une vie sex­uelle pré­coce, elles doivent avoir droit à la pilule pour s’assurer qu’elles ne tombent pas enceintes. Il suf­fit ensuite à la gauche d’opérer une inver­sion des caus­es et des effets en affir­mant que puisque les enfants de 13 ans ont droit à la pilule, alors elles doivent être libres de leur vie sex­uelle, y com­pris avec des adultes.

À suiv­re.

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