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Gouvernement Barnier : les ministères virent à tribord, les médias de l’opposition hissent le pavillon noir

28 septembre 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Gouvernement Barnier : les ministères virent à tribord, les médias de l’opposition hissent le pavillon noir

Temps de lecture : 4 minutes

« Gardons l’esprit olympique » : quelques jours avant l’annonce de la composition de son gouvernement, le tant attendu premier ministre Michel Barnier anticipait déjà certaines tensions, et un climat relativement hostile selon Marianne et Franceinfo. L’exercice de divination se sera révélé pertinent : depuis la révélation des nouveaux ministres, personnalités, médias et politiques de tous horizons se déchaînent pour des raisons variées et souvent opposées.

 Absurdité démocratique ?

Jour après jour, les édi­tos s’enchaînent dans la presse : pour Nat­acha Polony, direc­trice de la rédac­tion du jour­nal Mar­i­anne, « ce gou­verne­ment Barnier est une absur­dité démoc­ra­tique ». L’expression de cette célèbre jour­nal­iste à laque­lle l’OJIM a dédié un por­trait, reprise partout, sem­ble être le slo­gan des pro-Castets et, plus générale­ment, de la frange défa­vor­able au choix Barnier d’Emmanuel Macron.

« Le gou­verne­ment Barnier est une absur­dité démoc­ra­tique, puisqu’au­cun électeur, pas même ceux de LR, n’a voté pour lui. » Avec ou sans légitim­ité, le quo­ti­di­en craint quoiqu’il en soit « un atte­lage très politi­cien qui aura bien du mal, pour agir, à dépass­er les rival­ités entre les dif­férentes for­ma­tions de la droite et du centre. »

L’Humanité, de son côté, dénonce une « influ­ence sidérante de Marine Le Pen sur le gou­verne­ment », une « emprise du RN » qui « inquiète même les macro­nistes ». Force est de con­stater que la main­mise est des plus sub­tiles, l’analyse se bas­ant notam­ment sur un désac­cord séman­tique autour de l’« arc répub­li­cain » entre le pre­mier min­istre et le nou­veau min­istre de l’économie Antoine Armand.

Attelage qui tire « très à droite »

Les échos sont sim­i­laires au sein de la rédac­tion de Libéra­tion : cet « atte­lage macronie-LR […] tire très à droite ». Mécon­tent, le quo­ti­di­en croit peu en cette nou­velle for­ma­tion : « Alors qu’il avait promis un gou­verne­ment “équili­bré, représen­tatif, pluriel”, le nou­veau Pre­mier min­istre a préféré mélanger à une bonne bro­chette de rescapés macro­nistes des représen­tants de la droite la plus con­ser­va­trice. » Jonathan Bouchet-Petersen va même jusqu’à s’indigner dans les pages du jour­nal d’une « pour­suite du macro­nisme à la sauce Manif pour tous », « tou­jours plus éloignée des promess­es orig­inelles du macro­nisme » et qui envoie « des sig­naux au RN ».

Néan­moins, la gauche n’est pas la seule à dés­ap­prou­ver ce nou­veau gou­verne­ment. Dominique de Villepin n’a pas hésité une sec­onde à la fête de L’Huma, où il a égale­ment pris la défense de Gaza : « Une force poli­tique est arrivée en tête, Emmanuel Macron aurait dû nom­mer Lucie Castets. »

Libéra­tion partage le cœur de son inter­ven­tion par­mi son nou­veau pub­lic, ent­hou­si­aste. L’ancien pre­mier min­istre – et égale­ment con­sul­tant du Qatar — a fait bloc avec son nou­veau camp si frac­turé en cette période.

Le RN sceptique, mais…

Les mem­bres du Rassem­ble­ment Nation­al, de leur côté, se sont exprimés plutôt défa­vor­able­ment à un gou­verne­ment géré par Michel Barnier, qui, sans sur­prise, « n’est pas du tout [leur] ligne poli­tique » selon les pro­pos déclarés par le vice-prési­dent du par­ti, Sébastien Chenu au micro de BFMTV. Et Marine Le Pen de déclar­er lors d’une réu­nion du par­ti par­tielle­ment tran­scrite par Libéra­tion : « ce gou­verne­ment tran­si­toire est la con­séquence du bour­bier créé par des alliances con­tre-nature nouées lors des élec­tions lég­isla­tives. » « Aus­sitôt arrivé, aus­sitôt repar­ti : même le RN ne donne pas cher de la peau du gou­verne­ment Barnier et s’a­muse à le pilon­ner » pense Mar­i­anne [https://www.marianne.net/politique/le-pen/il-n-a-aucun-avenir-meme-le-rn-ne-donne-pas-cher-de-la-peau-du-gouvernement-barnier-et-s-amuse-a-le-pilonner].

Au-delà des cri­tiques, le haut fonc­tion­naire sem­ble sat­is­faire les électeurs : d’après Le Figaro, Michel Barnier se situerait comme « la per­son­nal­ité poli­tique des Français ». Ce dernier se situe même « tout en haut du classe­ment d’I­fop-Fidu­cial devançant ses prédécesseurs ». Un pre­mier signe encour­ageant pour un man­dat quand même très incertain.