Coup de projecteur sur la restitution officielle des États généraux de l’information 2024. Cinquième partie : « Souveraineté et lutte contre les ingérences étrangères ».
Ce cinquième article propose une analyse synthétique du rapport établi sur le thème « Souveraineté et lutte contre les ingérences étrangères » par le groupe de travail présidé par Arancha Gonzalez, doyenne de l’École des Affaires internationales de Sciences Po Paris.
Un constat alarmiste qui souligne l’existence d’une situation d’urgence
Après avoir précisé les notions en jeu (souveraineté et ingérence) et délimité le périmètre de ses investigations, le groupe de travail a établi un constat faisant apparaître les différences de nature des menaces comme des motivations qui singularisent les actions d’ingérence et de manipulation de l’information du XXIe siècle en regard de celles qui ont toujours existé au cours de l’histoire ; et ce en prenant notamment appui sur d’autres études menées soit au niveau national (notamment dans le cadre de la commission Bronner dont les recommandations ont en partie inspiré le groupe de travail), soit au niveau international dans le cadre notamment de l’OCDE et de l’Union européenne, soit dans le cadre d’instances militaires et de sécurité, s’agissant des menaces de ce type susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale, dans un contexte de crispation des relations internationales et de multiplications des conflits armés de nature hybride, et dans celui résultant des évolutions technologiques — et notamment celles liées aux potentialités offertes par l’intelligence artificielle, générative ou pas, dont on ne maîtrise pas encore toutes les implications pratiques ou ontologiques, qui les rendent encore plus prégnantes et beaucoup plus complexes à juguler.
Menaces protéiformes
Les menaces sont protéiformes et recouvrent plusieurs réalités : les attaques cyber visant à pirater des données et les utiliser parfois dans un but de manipulation des opinions ; le phénomène de pré-positionnement dans des systèmes informatiques critiques afin d’espionner les processus de prise de décision des acteurs publics ou privés particulièrement importants (affaire Pegasus, par exemple) ; les actions des agents d’influence intervenant dans le secteur du lobbying et ceux participant aux campagnes de déstabilisation en ligne visant à décrédibiliser des candidats lors d’élections, à ébranler des institutions ou à vider de leur sens des principes républicains. Ces actions combinent ainsi des modes opératoires en ligne et hors ligne, directs et indirects, licites et illicites, transparents et opaques pour diffuser des contenus plus ou moins fabriqués, plus ou moins amplifiés artificiellement et plus ou moins préjudiciables.
Une méthodologie parfois douteuse
Pour traiter de cette pluralité de menaces, la question de la méthodologie s’est posée d’emblée, car il existe un continuum en la matière, ce qui rend l’analyse comme le juste équilibre à trouver entre des objectifs antagoniques plus complexes.
Si la France s’est saisie de cette question de manière volontariste à la fois par la loi[i] et en se dotant d’un système organique et institutionnel complexe (SGDSN, ANSSI, Viginum, Commandement de la cyberdéfense, etc.), mais qui a le mérite de couvrir l’ensemble du spectre de la menace (prévention, anticipation, détection, remédiation), son arsenal présente néanmoins des lacunes qui nuisent à l’efficacité de l’action. L’Union européenne s’affirmant désormais comme pionnière dans la régulation de la technologie, ainsi que face aux ingérences dans l’espace informationnel (Digital Services Act, Digital Market Act, Data Governance Act, Data Act, AI Act, etc.), il ressort que c’est à cette échelle que les règles de protection et de régulation trouvent le mieux à s’appliquer dans un contexte où les grandes plateformes non européennes se montrent réticentes à se soumettre à des législations nationales, alors même que les États-Unis ont renoncé à exercer un leadership en matière de transparence et de reporting de leur part.
Onze recommandations opérationnelles qui requièrent une mise en œuvre rapide
Face à cet état d’urgence informationnelle, plusieurs problématiques liées entre elles et s’articulant sur 10 ensembles de questionnements ont été traitées par ce groupe de travail.
Cherchant à apporter des réponses pragmatiques aux questions précédentes, il les a présentées selon 4 axes : résilience des citoyens envisagée comme investissement pour l’avenir (première proposition), responsabilités des plateformes et d’autres acteurs économiques (propositions 2 à 4), intégrité des médias (proposition 5 à 7), vigilance des États (propositions 8 à 11).
Proposition 1 : Entreprendre un pre-bunking [ii] à grande échelle en plaçant Viginum au cœur d’un réseau d’actions de sensibilisation
Proposition 2 : Préciser la portée de la législation communautaire (élaboration de lignes directrices et définitions qui précisent la portée de la législation communautaire ; formuler des mesures relatives à la mise en œuvre des sanctions et responsabilisations civiles prévues par l’IA Act, et prendre l’initiative d’en formuler par anticipation à l’égard des dispositions préventives et coercitives relevant du DSA et du DMA)
Proposition 3 : Renforcer la responsabilité des acteurs qui contribuent à la diffusion de fausses informations
Si plusieurs régimes de responsabilité des acteurs de la diffusion des fausses informations ont été mis en place aux échelles nationale et européenne, ceux-ci restent toutefois incomplets. La recommandation ne doit en aucun cas avoir pour effet de restreindre la liberté d’expression telle que protégée par l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La diffusion d’informations qui peuvent être partiellement ou totalement fausses ne constitue pas en soi une violation, et seuls certains discours relèvent d’actes répréhensibles. Deux types de leviers sont mobilisables pour renforcer la responsabilité des contributeurs à la diffusion de fausses informations dans le respect de la liberté d’expression : le premier consiste à étendre le régime pénal y afférant en vigueur en le complétant par un régime de responsabilité civile plus large et plus facilement mobilisable par le juge civil, plus enclin que le juge pénal à se reconnaître compétent à l’égard d’un contenu illicite publié en ligne à l’étranger ; le second, qui se situe au niveau européen, consiste à renforcer le régime de responsabilité et de sanctions (administratives, civiles, pénales) des entreprises pour violation des droits humains, parmi lesquels ceux directement mobilisés dans le cadre de la manipulation de l’information et des ingérences étrangères, dans la lignée des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, des discussions internationales en cours, d’une part, sur le projet d’instrument contraignant sur les entreprises et les droits humains et, d’autre part, sur le Global Digital Compact.
Proposition 4 : Promouvoir l’investissement publicitaire responsable des entreprises
Proposition 5 : Imposer la transparence des capitaux pour les éditeurs de contenus
Nb : S’ils disposent de capitaux étrangers ou sont appelés à en disposer, le nouveau cadre juridique national relatif au contrôle des investissements étrangers dans les secteurs sensibles offre d’ores et déjà des instruments appropriés. Toute éventuelle évolution sur ce registre sera soumis à l’obligation de satisfaire aux principes énoncés dans le cadre juridique européen correspondant (absence de discrimination, prévisibilité et transparence de leur politique, possibilité d’un recours juridictionnel pour l’investisseur).
Proposition 6 : Contraindre chaque média à établir et respecter une charte déontologique et encourager une démarche volontaire de labellisation, afin notamment de limiter les possibles ingérences étrangères
Proposition 7 : Encourager la structuration de la communauté OSINTeurs[iii] à l’échelle nationale et européenne, dans un cadre éthique et déontologique clair, et favoriser ses interactions avec la communauté académique
Proposition 8 : Créer une stratégie nationale de lutte contre les manipulations de l’information
Proposition 9 : Parfaire/compléter en France et dans l’ensemble de l’UE les règles de transparence portant sur les représentants d’intérêts agissant pour le compte d’un mandant étranger
Nb : La loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique[iv] étant entrée en vigueur à la fin des travaux de ce groupe de travail, il s’agit d’étendre ses règles à l’échelle européenne.
Proposition 10 : Créer un groupe de travail pour la création de normes minimales communes applicables par toutes les plateformes au sein de l’OCDE
Proposition 11 : Consolider les modes d’actions de l’Union européenne et créer un Viginum européen.
Que peut-on en retenir ?
Points positifs
Tout d’abord, en raison des termes du mandat assigné à ce thème mais également des compétences et expertises mobilisées, ce groupe de travail a bien pris la mesure de ce qui pouvait être entrepris au niveau national et de ce qui devait l’être à l’échelle de l’UE, à celle de l’OCDE ou encore au niveau international.
Le rapport du comité de pilotage, qui consacre à ce thème ses pages 218 à 242, reprend la plupart des recommandations opérationnelles formulées par ce groupe de travail, certaines d’entre elles étant également formulées par d’autres groupes de travail. Leur mise en œuvre semble pouvoir être amorcée sans délai, à l’exception sans doute de celles nécessitant des décisions gouvernementales de type organique ou en vue de l’établissement de dispositions législatives nationales ou européennes nouvelles (au regard des dispositions contenues dans la résolution du Parlement européen appelant à la mise en place d’une stratégie pour lutter contre les ingérences étrangères au niveau de l’UE).
Points qui auraient pu être facilement améliorés
Les développements entrepris lors des travaux de ce groupe auraient gagné en clarté si les réflexions et recommandations formulées lors des travaux entrepris sur le thème « l’État et la régulation » — objet de la 6ème partie du dossier que consacre l’OJIM à ces EGI — qui clarifient de manière remarquable les définitions à retenir pour les différentes notions-clés mobilisées lors de ces États généraux de l’information avaient été entreprises en amont des travaux relatifs aux différents thèmes, de manière à permettre à leurs membres et aux experts consultés de disposer d’un cadre méthodologique commun et d’un socle sémantique partagé. En effet, les différentes natures d’information, de médias et de plateformes auraient certainement nécessité des traitements différenciés qui auraient pu avoir des impacts sur les préconisations formulées.
Probablement en raison d’un cadrage insuffisamment étayé des mandats définissant les champs d’investigation attachés respectivement aux différents thèmes, ce groupe de travail a exploré des questions qui n’avaient que peu d’intérêt en regard des véritables enjeux propres à ce thème, et qui, par ailleurs, ont été examinées plus en profondeur par d’autres groupes (notamment le point relatif aux investissements publicitaires – proposition 4).
Points négatifs qui appellent d’autres investigations
Les travaux menés autour de ces thématiques sont loin d’avoir épuisé les problématiques soulevées par les enjeux de souveraineté et de manipulation de l’information par le biais d’ingérences étrangères. Ils ont été entrepris selon une philosophie qui occulte de manière trop systématique les risques et menaces que l’intensification et la densification des mesures de régulation et de pilotage par le haut font peser sur le fonctionnement de la société et ses institutions démocratiques comme sur celui de la vie politique et des relations internationales.
Car la focalisation conjoncturelle sur le phénomène d’ingérence étrangère, comme les appels à un durcissement des régimes de sanctions qui y sont attachés (cf. ici les propositions 2 et 4), traduisent en réalité une certaine tentation — illibéral — chez certains dirigeants de nos démocraties en crise de recourir à ces instruments coercitifs dédiés au contrôle de l’information pour réduire drastiquement les champs des possibles en termes d’alternatives politiques (à l’intérieur) et géopolitiques (en relation avec l’extérieur).
Parmi les facteurs qui concourent à la fois à une certaine fatigue démocratique figurent indubitablement les confusions fréquentes entre ingérence et influence qui nourrissent un climat de suspicion généralisée quant à l’existence d’une volonté politique de contrôle et d’ingénierie sociaux préjudiciable au développement d’une pensée critique libre, source d’opinions variées et de respiration intellectuelle, autant qu’à la sérénité des débats publics comme des décisions politiques.
Une citadelle informationnelle sous contrôle ?
Les initiatives européennes comme les initiatives nationales donnent trop souvent l’impression de chercher à isoler la société dans une citadelle informationnelle sous contrôle, et soucieuse de s’assurer le monopole exclusif de la qualification d’ « information de qualité » mise au service d’un « prêt-à-penser » unique, alors même que par nature, le cyberespace informationnel rend non seulement possible mais plus aisé l’accès à des sources d’information étrangères échappant à ces régulations et contrôles (ce que justement l’OSINT permet), et donc plus difficile le succès des opérations de manipulation (et de propagande) endogènes, et alors que les espaces politiques nationaux favorisent — en toute légalité — les opérations de manipulation et de désinformation lors des campagnes électorales, notamment, donnant lieu alors à des mises en accusation de populisme ou de complotisme ….
Pourtant, les membres du groupe de travail ont précisé dans leur introduction que : « la réalité de la désinformation n’est pas facile, ni à saisir, ni à établir de manière irréfutable, ni à circonscrire. Les solutions sont d’autant plus complexes à mettre en œuvre que les frontières deviennent floues et les concepts parfois mouvants : entre la recherche de la vérité et la présence de « narratifs », ce qui provient de déstabilisations internes et ce qui relève d’une ingérence étrangère, entre ce qui est légal et ce qui est préjudiciable, entre ce qui incombe à l’action publique et ce qui relève des acteurs privés, entre les principes démocratiques et le souhait d’apporter des réponses fortes à certains défis, il y a souvent des nuances, des différences d’appréciation. » Dont acte.
Entrave à libre circulation des opinions
Il est surprenant qu’une société qui se prétend ouverte, libérale, et soucieuse de porter des valeurs et des principes universels, cherche à entraver la libre circulation des idées et des opinions alors même que son américanisation ne lui pose aucun problème, que le wokisme, la cancel culture et toutes ces idéologies importées d’outre-atlantique ont envahi ses espaces démocratiques et ses centres de pouvoir, et alors que l’État n’hésite pas à prendre appui sur des tiers non européens dont l’intégrité et l’indépendance interrogent pour communiquer, préconiser des stratégies, réformer son administration, décider de mesures d’exception (comme lors de la crise pandémique).
Les principes républicains, comme les institutions, sont le produit d’un contrat social qui n’est immuable ni par principe ni par nature. La crise de régime que traverse la France suscite des interrogations à son égard, et certains objectifs de valeur constitutionnelle peuvent être amenés, comme la Constitution elle-même, à être revisités si les circonstances le commandaient.
Ce groupe de travail, comme le comité de pilotage et les autres groupes de travail, n’ont pas souhaité envisager ces éléments d’analyse lors de leurs investigations. L’origine présidentielle de ces États généraux comme la forte représentation de membres de la haute administration de l’État au sein des groupes de travail (notamment les rédacteurs des différents travaux) ne sont probablement pas étrangères à cette situation.
L’offre alternative aux médias traditionnels occultée
Ici encore, l’occultation, lors des travaux menés par ce groupe de travail, d’une offre médiatique alternative aux médias traditionnels n’a pas permis d’apporter des réponses aux enjeux de souveraineté, d’influence et d’ingérence attachés à leur foisonnement et à la croissance de leurs audiences, dans un contexte évolutif qui voient les grands médias traditionnels proposer peu ou prou un journalisme d’opinion qui se nourrit abondamment d’influences venues d’ailleurs.
Bien que la plus élémentaire des précautions aurait été bien évidemment recommandée pour éviter de tomber dans des considérations inappropriées, les travaux entrepris ici auraient dû être complétés par un examen approfondi des questionnements que soulève en termes d’ingérence et/ou d’influence dans un contexte de guerre informationnelle imputable à la situation internationale, puisqu’elles sont présentées comme des menaces existentielles pour nos démocraties, le recours par les entreprises productrices ou diffuseuses de contenus informationnels à des personnalités publiques, des journalistes ou des consultants nationaux, binationaux ou étrangers appartenant à des diasporas, à des cercles d’amitiés ayant entretenu ou entretenant encore des relations étroites avec des instances d’influence d’États étrangers non européens (comme par exemple, les services de renseignement militaire étrangers, les centres communautaires ou les cercles d’amitiés franco-russe, franco-chinois, franco-ukrainien, franco-palestinien, franco-israélien, etc., les think tanks et fondations politiques étrangers ou encore les programmes Young Leaders du forum économique mondial ou de la Fondation franco-américaine …), sauf à leur faire bénéficier par principe d’une présomption d’innocence, ou d’y trouver – à raison sans doute — des respirations intellectuelles salutaires. Comment dès lors les citoyens peuvent-ils avoir confiance dans l’information qui leur est proposée, en continu ou non, par les médias traditionnels, comme dans les fack-chekings ?
Des éléments qui interrogent
Or, en France comme en Europe, cette situation ne revêt aucun caractère exceptionnel. Le président de la République, plusieurs anciens Premiers ministres, de nombreux ministres, parlementaires et hauts fonctionnaires n’ont-ils pas été ou ne sont-ils pas encore liés, d’une manière ou d’une autre, à ces instances dont les mandats et statuts comportent officiellement des éléments qui interrogent si l’on considère que, par principe, l’influence comme l’ingérence constitue des menaces pour notre démocratie.
De nouvelles investigations à cet égard débouchant sur des recommandations appropriées respectueuses des libertés et des droits les plus fondamentaux et des conventions internationales en vigueur, sont donc indispensables si tant est que l’État français ait l’ambition de prendre des initiatives diplomatiques fortes pour faire rayonner son modèle, dans le cadre de sa Stratégie d’influence par le droit présentée en mars 2023, et inspirer au sein des enceintes internationales et d’autres pays des démarches visant à l’élaboration d’un droit numérique international qui pourrait être contraignant et pas uniquement déclaratoire, afin que le citoyen éclairé et informé soit au cœur d’un mécanisme de droits et garanties applicable de manière universelle.
Annexes
[i] La loi du 25 juillet 2024 visant à prévenir les ingérences étrangères en France propose, outre la requalification des natures de menaces en jeu, une définition de l’acte d’ingérence ainsi que le détail des peines encourues par les personnes morales ou physiques contrevenant aux dispositions légales en vigueur.
“Acte d’ingérence” : agissement commis directement ou indirectement à la demande ou pour le compte d’une puissance étrangère et ayant pour objet ou pour effet, par tout moyen, y compris par la communication d’informations fausses ou inexactes, de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, au fonctionnement ou à l’intégrité de ses infrastructures essentielles ou au fonctionnement régulier de ses institutions démocratiques.
Cf. la Loi n° 2024–850 du 25 juillet 2024 visant à prévenir les ingérences étrangères en France
Les « intérêts fondamentaux de la Nation », qui pourront légitimer notamment une atteinte au secret des sources des journalistes, sont particulièrement larges et balaient un champ qui va de la défense nationale à l’environnement. Ils sont définis par l’article 410–1 du code pénal : « Les intérêts fondamentaux de la nation s’entendent au sens du présent titre de son indépendance, de l’intégrité de son territoire, de sa sécurité, de la forme républicaine de ses institutions, des moyens de sa défense et de sa diplomatie, de la sauvegarde de sa population en France et à l’étranger, de l’équilibre de son milieu naturel et de son environnement, et des éléments essentiels de son potentiel scientifique et économique, et de son patrimoine culturel. »
Par ailleurs le code pénal contient des dispositions spécifiques pouvant être également convoquées. Cf. Code pénal : Livre IV : Des crimes et délits contre la nation, l’État et la paix publique … (Articles 410–1 à 450–5)
[ii] Le pre-bunking (réfutation par anticipation) est une technique préventive de lutte contre la manipulation de l’information consistant à créer des « anticorps mentaux » en aidant le public à identifier et à réfuter par anticipation des récits faux et trompeurs de sorte d’« immuniser » la société contre les effets de campagnes de désinformation. À la différence du debunking, le pre-bunking ne repose pas sur l’énonciation de ce qui est vrai ou faux, mais sur l’exposition préventive aux principales techniques de manipulation auxquelles le public peut être exposé. Parmi ces stratagèmes mis en œuvre pour élaborer et propager des contenus trompeurs, on peut citer le recours aux émotions, l’usurpation d’identité, le trolling, la décontextualisation, consistant à sortir une information de son contexte pour créer un récit trompeur, la technique du bouc émissaire, consistant à rendre des groupes ou des individus responsables de problèmes sociétaux, l’alarmisme, consistant à exagérer ou provoquer la peur sur un sujet particulier, la polarisation, consistant à exacerber les divisions en amplifiant les différences et les points de vue extrêmes au sein des groupes, ou la technique du discrédit. Les dispositifs de pre-bunking prennent la forme de campagnes d’information ou de jeux sérieux, à l’image de ceux conçus par l’équipe du psychologue social Sander van Der Linden pour le compte de l’OMS, du Gouvernement britannique ou du Département d’État des États-Unis (goviralgame.com ; hgetbadnews.com ; harmonysquare.game).
[iii] Cf. Qu’est-ce que l’OSINT ?
[iv] La loi du 21 mai 2024 visant à sécuriser et réguler l’espace numérique apporte de nombreux aménagements aux mandats et compétences des différentes instances dont s’est doté l’État en France pour honorer ses engagements européens et ses obligations légales.
Cf. la LOI n° 2024–449 du 21 mai 2024 visant à sécuriser et à réguler l’espace numérique