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Flash info : Abou Sangaré, OQTF et coqueluche des médias

9 octobre 2024

Temps de lecture : 6 minutes
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Flash info : Abou Sangaré, OQTF et coqueluche des médias

Temps de lecture : 6 minutes

D’aucuns prétendent que les OQTF (obligation de quitter le territoire français) ont mauvaise presse par les temps qui courent. Les français en entendent le plus souvent parler à propos d’affaires criminelles effroyables, d’actes terroristes, d’insécurité de manière générale, en sus d’une clandestinité qui, à ma connaissance, est toujours frappée d’illégalité en France. En pleine polémique sur les OQTF, donc, et après le meurtre de Philippine qui a profondément bouleversé les Français, le service public fait la promotion d’un acteur guinéen sous OQTF. Trois demandes de régularisation rejetées suffisent à faire d’un homme, Abou Sangaré, l’idole des médias, la personnalité du moment, à faire reluire sur les deniers publics. Sonia Devillers qui officie sur France Inter et Anne-Élisabeth Lemoine, qui anime l’émission C à vous sur France 5, se sont particulièrement illustrées dans cet exercice. Libération ne fut pas en reste ; leur absence aurait empêché que le tableau fût complet. Cerise sur le gâteau, le monde du cinéma, au festival de Cannes, lui décernera le Prix d’interprétation masculine dans la section Un certain Regard.

Voir aus­si : Sonia Dev­illers, portrait

Fable moderne, un OQTF à Cannes

C’est une his­toire où tout le monde chiale, comme sait nous en con­coc­ter notre grande bour­geoisie human­iste : Abou San­garé sur le plateau de C à vous, les fes­ti­va­liers à Cannes, comme le rap­porte Téléra­ma, ce brévi­aire pour néo-dévots qui arbi­tre les élé­gances mondaines :

« C’est en larmes et les mains en feu à force d’ap­plaudir que nom­bre de fes­ti­va­liers ont salué cette odyssée cru­elle d’un livreur guinéen sans papiers ».

Cette odyssée, c’est l’his­toire de Souley­mane, per­son­nage du long-métrage de Boris Lojkine. Un film que Libéra­tion présente ain­si : « L’Histoire de Souley­mane », un livreur à vélo se débat pour sur­vivre et obtenir ses papiers. Un film de Boris Lojkine, vu à Cannes, qui dépeint le quo­ti­di­en de ces tra­vailleurs corvéables à mer­ci comme une course d’obstacles per­ma­nente. » 

Abou, héros d’une nouvelle Odyssée ?

Cette odyssée, c’est bien plus l’his­toire d’Abou San­garé, qui se heurte aux Calyp­so, Cyc­lope – l’ad­min­is­tra­tion borgne qui ne sait pas voir le cœur pur du jeune acteur – et autres écueils ulysséens. Sans doute y a‑t-il de la houle dans ce drame, et des vagues, mais ce ne sont pas tou­jours celles aux­quelles on pense. Anne-Elis­a­beth Lemoine, sur le plateau de C à vous évoque elle aus­si une Odyssée, à la suite de Téléra­ma. Doit-on rap­pel­er, pour ceux qui dor­ment au fond, que l’Odyssée est le réc­it d’un retour pour Ulysse à l’ïle de nais­sance, Ithaque ? La fin d’un exil ? Donc, si nous voulons voir dans ce réc­it touchant une véri­ta­ble odyssée, il n’y a pas meilleur moyen que d’exé­cuter l’oblig­a­tion de quit­ter le ter­ri­toire. Pour rap­pel, Ulysse ne quitte pas Ithaque de gaîté de cœur et son périple con­siste pré­cisé­ment à ren­tr­er chez lui.

Voir aus­si : Anne-Élis­a­beth Lemoine, portrait

Lola et Philippine oubliées

La dernière affaire en date qui a éveil­lé une vague d’indig­na­tion fort jus­ti­fiée au sujet des OQTF, c’est le meurtre de Philip­pine. À chaque fois, on se dit que c’est la fois de trop, que les français ne pour­ront plus tolér­er une telle sit­u­a­tion où gabe­gies admin­is­tra­tives, lax­isme judi­ci­aire et incurie poli­tique rivalisent pour entériner le pour­risse­ment de la sit­u­a­tion sécu­ri­taire sur le ter­ri­toire nation­al. Tout le monde ne partage pas, évidem­ment, ce sen­ti­ment de ras-le-bol et trou­ve plus séant de faire un « pied de nez à l’ac­tu­al­ité poli­tique », c’est-à-dire le meurtre d’une Philip­pine ou d’une Lola, qui n’au­ront pas droit à la com­miséra­tion des gauchistes, réser­vant ce réser­voir de bon sen­ti­ment – qu’ils ont pour­tant illim­ité — à tout ce qui peut dis­soudre l’i­den­tité nationale. C’est le cas de Libéra­tion qui titre : « La révéla­tion Abou San­garé, primé et sans papiers ».  Je cite le pas­sage de cet arti­cle auquel je fai­sais allu­sion précédem­ment. Il vaut son pesant d’or : « Ce film ne pou­vait pas sor­tir en salles à un meilleur moment. Incroy­able pied de nez à l’actualité poli­tique française alors que l’extrême droite agite le fan­tasme de la sub­mer­sion migra­toire, et que le min­istre de l’Intérieur Bruno Retail­leau donne aus­si dans la surenchère.» Le moment est en effet rêvé…

Quant à évo­quer « le fan­tasme de la sub­mer­sion migra­toire », ça relève de la for­mule creuse qui est cen­sée nous intimider, nous empêch­er de regarder les choses telles qu’elles sont. Per­son­ne de sen­sé ne peut pré­ten­dre qu’une telle sub­mer­sion n’a pas lieu, à moins d’avoir des intérêts con­crets pour le faire, idéologiques ou financiers. Les deux peu­vent faire bon ménage et ont le même pou­voir d’aveu­gle­ment et de fal­si­fi­ca­tion des âmes. La parole est d’ar­gent, le silence est d’or dit le proverbe. Libéra­tion, à défaut de se la boucler, défend ses intérêts et ceux de Messieurs Drahi et Křetín­ský. C’est bien humain après tout.

Voir aus­si :
Křetín­ský passe la corde au cou de Libération

600.000 € d’argent public

Je dis­ais que tout le monde ne partage pas l’indig­na­tion d’un nom­bre crois­sant de français au sujet de cette sit­u­a­tion anor­male mais ça n’empêche pas les français de pay­er pour faire la pro­mo­tion de cette même sit­u­a­tion. En effet, Des­ti­na­tion Ciné révèle que « selon le plan de finance­ment, « L’Histoire de Souley­mane » a reçu… 600 000€ d’argent pub­lic. Le CNC, étab­lisse­ment pub­lic sous tutelle du Min­istère de la Cul­ture, a donc validé de faire tra­vailler Abou San­garé sans papiers, non régu­lar­isé 3 fois par la pré­fec­ture et sous OQTF. » Donc, non seule­ment nous payons mais nous payons pour un acte illé­gal pur et sim­ple puisque l’ar­ti­cle L‑8251–1 du code du tra­vail stip­ule que « Nul ne peut, directe­ment ou indi­recte­ment, embauch­er, con­serv­er à son ser­vice ou employ­er pour quelque durée que ce soit un étranger non muni du titre l’au­torisant à exercer une activ­ité salariée en France. »

L’argent touché par l’acteur va … à son passeur

Révéla­tion sera faite sur France Inter, au micro com­plaisant de Sonia Dev­illers que l’ar­gent touché par l’ac­teur lui a per­mis de pay­er son passeur. À cela Sonia Dev­illers ne trou­ve rien à redire. Et pour­tant celle-ci fut plus sour­cilleuse face à Mar­i­on Maréchal, lors des dernières élec­tions, en lui posant cette ques­tion d’une neu­tral­ité jour­nal­is­tique exem­plaire légère­ment – très légère­ment — tein­tée de mau­vaise foi :

« Quelle dif­férence y a‑t-il entre la défense de la famille que vous pro­posez vous et celle que pro­po­sait le maréchal Pétain ? »

Ce à quoi Mar­i­on Maréchal rétorquera :

« Cette inter­view me rap­pelle pourquoi je veux qu’on pri­va­tise France Inter. »

Ce rap­pel devrait être réitéré plus sou­vent, à mon avis, puisque cette chaîne est prise en otage par une idéolo­gie bien iden­ti­fiée, minori­taire au sein du peu­ple français, qui plus est, mais qui vit sur ses deniers sans scrupule. Et sans doute, pour faire un tir groupé, faudrait-il met­tre une bonne par­tie du ciné­ma français au même régime, pour qu’il ne soit plus un ciné­ma de pro­pa­gande qui pro­duit des films que per­son­ne ne va voir et que tout le monde finance, pour le plaisir d’une petite caste par­a­site, qui impose au reste de la pop­u­la­tion une vision du monde qu’elle ne partage vis­i­ble­ment pas au vu des résul­tats élec­toraux récents.

Jean Mon­talte

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