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L’OJIM censuré : cachez cette race que Facebook ne saurait voir !

10 octobre 2024

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Polémique | L’OJIM censuré : cachez cette race que Facebook ne saurait voir !

L’OJIM censuré : cachez cette race que Facebook ne saurait voir !

Temps de lecture : 5 minutes

Qu’est-ce que j’apprends ? (Imaginez que je le crie sur le ton de José Garcia dans La vérité si je mens!). J’apprends que mon dernier article, à savoir La race mise à l’honneur chez Médiapart (voir infra) a été censuré par Facebook. De quoi confirmer la substance des propos tenus à cette occasion.

Je les reproduis ici : « Ils ont Netflix, Disney Plus, Google, Facebook, avec eux mais ils se vivent comme des chrétiens relégués dans les catacombes du temps des persécutions sous l’empire romain. C’est grotesque ! » Le grotesque, qui se prévaut d’un droit de conquête incontestable, a encore frappé. Petit rappel des faits : Mediapart a annoncé la création d’un poste de responsable éditorial à la question raciale. J’étais partagé quant à la réaction appropriée à adopter. Selon ma pente, j’ai versé dans l’ironie avant de relever les contradictions en froid logicien que je suis à mes heures perdues.

Voir aus­si : La race à l’honneur chez Medi­a­part ! Coup de gueule

Une paëlla indigeste

La dialec­tique ser­rée qui con­siste à agiter la ques­tion raciale tout en main­tenant des déc­la­ra­tions d’in­ten­tion antiracistes était aus­si savoureuse que la Paël­la de maman, certes, mais gorgée de tant d’élé­ments dis­parates que l’har­monie gus­ta­tive était sac­ri­fiée sur l’au­tel de la tam­bouille inter­sec­tion­nelle. J’ai voulu démêler dans ce foutoir les lignes claires de la sot­tise généreuse, du men­songe pur et sim­ple et du culot.

L’OJIM censuré : cachez cette race que Facebook ne saurait voir !

La souplesse soyeuse du Camp du Bien

Pour le culot, je notais ceci : « « Par­ler de « race » aujour­d’hui en France sus­cite des polémiques sans fin », assène Sab­ri­na Kas­sa, la respon­s­able édi­to­ri­ale à la ques­tion raciale chez Medi­a­part. On se demande bien à cause de qui… Ce sont les mêmes qui – savourons l’ironie – ont exer­cé leur ter­reur politi­co-lin­guis­tique autour de l’emploi du mot « race », devenu pro­hibé par leurs décrets épis­co­paux, qui met­tent au cœur de leur vision du monde le con­cept de race aujour­d’hui. Vous les trou­vez culot­tés ? Si peu, si peu. Ils ont peut-être décou­vert que le mot « chien » n’aboie pas et que le mot n’é­tant pas la chose, ils pou­vaient trou­ver dans ce voca­ble, tout compte fait, un for­mi­da­ble levi­er pour leur entre­prise idéologique. Et ras­surez-vous : le mot « race » n’a une saveur de soufre qu’à la con­di­tion d’être pronon­cé par un Renaud Camus, par exem­ple, mot auquel il con­sacra un ouvrage. Quand ce mot est dég­lu­ti savam­ment par un mil­i­tant décolo­nial ou une Rokhaya dial­lo, il se déroule tran­quille­ment, dans la sou­p­lesse soyeuse des vestales pré­posées à la défense du Bien en soi, sans pla­ton­isme exces­sif il s’en­tend – ce qui ren­ver­rait à l’essen­tial­isme con­spué par biais antiraciste mais c’est encore une autre question… »

La souplesse soyeuse du Camp du Bien

Rokhaya Diallo, la martyre du magazine Vogue

Depuis, Face­book m’a apparem­ment don­né rai­son sur le traite­ment à géométrie vari­able qui est réservé à ceux qui men­tion­nent cette fameuse ques­tion… La ques­tion raciale n’est affec­tée d’un coef­fi­cient négatif qu’en fonc­tion de celui qui s’en empare. Autrement, elle est licite, voire encour­agée dans son expres­sion. Mais plus inquié­tant encore, ou plus comique, je décou­vrais dans le même temps les déc­la­ra­tions de Rokhaya dial­lo à la tri­bune de l’ONU du haut de laque­lle elle a courageuse­ment dénon­cé les “per­sé­cu­tions” qu’elle subi­rait en France : “La lib­erté d’ex­pres­sion des femmes non-blanch­es est sin­gulière­ment entravée”, selon elle. Rap­pelons que cette grande per­sé­cutée a tra­vail­lé pour Canal, LCI, LCP, RTL, Radio France, Walt Dis­ney, qu’elle inter­vient régulière­ment sur BFM TV, au Guardian, à Al-Jazeera, pub­lie des chroniques pour le Wash­ing­ton Post, a les faveurs du Times ou de CNN. Rap­pelons-nous égale­ment de la mon­tée des march­es à Cannes et des défilés Vogue qui ont dû la faire atro­ce­ment souf­frir. Je men­tion­nerai l’ar­ti­cle – très sig­ni­fi­catif à mon sens — du New York Times du 15 juil­let 2020 qui lui est consacré :

« Une prise de con­science raciale en France, où le sujet reste tabou. Le regard tourné vers les États-Unis, des enfants d’origine africaine et antil­laise abor­dent ouverte­ment la ques­tion de la race, une forme de défi à l’universalisme français. »

Rokhaya Diallo, la martyre du magazine Vogue

Donc, si je com­prends bien et si je réca­pit­ule : moi qui ne suis ni une femme ni non-blanc, je ne serai jamais invité aux Nations Unies à par­ler des per­sé­cu­tions que je subis et des entrav­es à la lib­erté d’ex­pres­sion dont je suis la cible lorsqu’on me cen­sure pour avoir évo­qué la ques­tion raciale – je me suis borné à citer l’in­ti­t­ulé du poste créé par Medi­a­part –, je n’au­rai jamais le droit à un arti­cle du Times élo­gieux pour avoir abor­dé « ouverte­ment la ques­tion de la race », mais Face­book, au con­traire me cen­sur­era allè­gre­ment. À part ça, c’est madame Dial­lo qui est oppressée et moi en qual­ité d’homme blanc qui suis oppresseur…

Je réitère ma ques­tion : « vous les trou­vez culottés ? »

Jean Mon­talte

Voir aus­si : Affaire Duhamel, nou­velle cen­sure sur Facebook

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