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Libération : un plan stratégique annonciateur de nouveaux reniements ?

12 octobre 2024

Temps de lecture : 3 minutes
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Libération : un plan stratégique annonciateur de nouveaux reniements ?

Temps de lecture : 3 minutes

Il était arrivé à la tête de Libération en 2020 : Dov Alfon présentait le 3 octobre 2024 son « plan stratégique » pour le quotidien.

Il est, depuis le 16 septembre 2020, le Directeur de la rédaction de Libération : à 63 ans, Dov Alfon, ancien membre des services de renseignement de l’armée israélienne (unité 8200) a pour son journal de grandes vues, qu’il a révélées le 3 octobre 2024.

À la recherche d’une indépendance financière  qui n’a jamais existé

Libéra­tion a tou­jours été financé par des mil­liar­daires (pour plus de détails voir l’infographie infra) :

C’est pour ten­ter d’éviter de recourir à un troisième coup de pouce (un très joli coup de pouce) du mil­liar­daire tchèque Daniel Křetín­ský que le directeur de la rédac­tion, jour­nal­iste fran­co-israélien, entend dou­bler le nom­bre d’abonnés numérique et papi­er d’ici 2028 ; pour l’heure, Libéra­tion vient de dépass­er les 100 000 abon­nés numériques. Le pari risque d’être dif­fi­cile, si l’on en croit La Let­tre qui notait que « le taux d’attrition [du mag­a­zine] était supérieur à la moyenne de ses con­cur­rents [soit que] les lecteurs [étaient] plus nom­breux à résili­er leur abon­nement ». Le pari de l’indépendance vis-à-vis de Kretinsky sem­ble égale­ment quelque peu naïf puisque le mil­liar­daire tchèque a placé à la prési­dence du con­seil d’administration de la struc­ture hébergeant le cap­i­tal du quo­ti­di­en l’un de ses proches, Branislav Miskovic.

Voir aus­si : Libéra­tion, infographie

Des pubs pour le journal de « toutes les gauches »

Il va sans doute fal­loir rogn­er un peu sur les principes orig­in­aux du jour­nal « de toutes les gauch­es » pour y faire entr­er trois sous : ain­si, la pub­lic­ité devrait revoir sa copie quant à sa poli­tique pub­lic­i­taire. Sous la houlette de son nou­veau chef de la régie pub­lic­i­taire, Vin­cent Arvers, qui estime que « La pub­lic­ité n’est pas un tabou chez Libéra­tion ! », le quo­ti­di­en va devoir amender sa charte de pub­lic­ité actuelle ; fini, l’interdiction des con­tenus pub­li-rédac­tion­nels et bien­venu aux arti­cles spon­sorisés ! Reste à voir sous quelles con­di­tions la Société des jour­nal­istes et du per­son­nel de Libéra­tion comme la direc­tion accepteront l’immixtion de cette forme du cap­i­tal­isme scélérat entre ses pages. Il est vrai qu’avec Edouard de Roth­schild, Bruno Ledoux, Patrick Drahi et enfin Daniel Kretinsky, les intérêts matériels et moraux des cap­i­tal­istes pro­gres­sistes ont été tou­jours bien présents et défendus.

L’IA « first » ?

Insis­tant sur l’urgence de con­firmer le tour­nant numérique pris en 2020 avec la créa­tion du ser­vice « Actu­al­ités », Dov Alfon a égale­ment fait con­naître sa volon­té d’utiliser davan­tage les tech­nolo­gies de l’intelligence arti­fi­cielle. Doté d’un comité de pilotage sur l’IA, Libéra­tion devrait ten­ter des expéri­ences comme la généra­tion de résumés ou l’automatisation des tags pour les arti­cles en ligne. Là encore, il fau­dra s’entendre avec la rédac­tion qui ne devrait pas voir d’un bon œil dans son tra­vail le rem­place­ment des tâch­es con­fiées à ses pro­pres petites mains. Une autre forme de grand remplacement ?

Voir aus­si : Daniel Křetín­ský, portrait