Il était arrivé à la tête de Libération en 2020 : Dov Alfon présentait le 3 octobre 2024 son « plan stratégique » pour le quotidien.
Il est, depuis le 16 septembre 2020, le Directeur de la rédaction de Libération : à 63 ans, Dov Alfon, ancien membre des services de renseignement de l’armée israélienne (unité 8200) a pour son journal de grandes vues, qu’il a révélées le 3 octobre 2024.
À la recherche d’une indépendance financière qui n’a jamais existé
Libération a toujours été financé par des milliardaires (pour plus de détails voir l’infographie infra) :
- 2005 Édouard de Rothschild sauve une première fois le journal.
- 2012 Bruno Ledoux, magnat de l’immobilier vient à la rescousse.
- 2014 Patrick Drahi de SFR prend la relève.
- 2022 Daniel Křetínský, l’homme du charbon et du gaz injecte au total 26M€ et évite le redressement judiciaire.
C’est pour tenter d’éviter de recourir à un troisième coup de pouce (un très joli coup de pouce) du milliardaire tchèque Daniel Křetínský que le directeur de la rédaction, journaliste franco-israélien, entend doubler le nombre d’abonnés numérique et papier d’ici 2028 ; pour l’heure, Libération vient de dépasser les 100 000 abonnés numériques. Le pari risque d’être difficile, si l’on en croit La Lettre qui notait que « le taux d’attrition [du magazine] était supérieur à la moyenne de ses concurrents [soit que] les lecteurs [étaient] plus nombreux à résilier leur abonnement ». Le pari de l’indépendance vis-à-vis de Kretinsky semble également quelque peu naïf puisque le milliardaire tchèque a placé à la présidence du conseil d’administration de la structure hébergeant le capital du quotidien l’un de ses proches, Branislav Miskovic.
Voir aussi : Libération, infographie
Des pubs pour le journal de « toutes les gauches »
Il va sans doute falloir rogner un peu sur les principes originaux du journal « de toutes les gauches » pour y faire entrer trois sous : ainsi, la publicité devrait revoir sa copie quant à sa politique publicitaire. Sous la houlette de son nouveau chef de la régie publicitaire, Vincent Arvers, qui estime que « La publicité n’est pas un tabou chez Libération ! », le quotidien va devoir amender sa charte de publicité actuelle ; fini, l’interdiction des contenus publi-rédactionnels et bienvenu aux articles sponsorisés ! Reste à voir sous quelles conditions la Société des journalistes et du personnel de Libération comme la direction accepteront l’immixtion de cette forme du capitalisme scélérat entre ses pages. Il est vrai qu’avec Edouard de Rothschild, Bruno Ledoux, Patrick Drahi et enfin Daniel Kretinsky, les intérêts matériels et moraux des capitalistes progressistes ont été toujours bien présents et défendus.
L’IA « first » ?
Insistant sur l’urgence de confirmer le tournant numérique pris en 2020 avec la création du service « Actualités », Dov Alfon a également fait connaître sa volonté d’utiliser davantage les technologies de l’intelligence artificielle. Doté d’un comité de pilotage sur l’IA, Libération devrait tenter des expériences comme la génération de résumés ou l’automatisation des tags pour les articles en ligne. Là encore, il faudra s’entendre avec la rédaction qui ne devrait pas voir d’un bon œil dans son travail le remplacement des tâches confiées à ses propres petites mains. Une autre forme de grand remplacement ?
Voir aussi : Daniel Křetínský, portrait