Sélectionnée par l’ARCOM pour remplacer C8 ou NRJ12 sur la TNT, le puissant journal Ouest-France ne sera finalement pas prêt dès le 1er mars 2025 comme prévu. Pire : l’installation du plateau pourrait durer trois ans, une éternité dans le paysage audiovisuel.
L’ARCOM (ex-CSA) punit Bolloré et récompense Ouest-France et Daniel Křetínský
Après avoir liquidé les deux chaînes du groupe Bolloré C8 et NRJ 12, l’ARCOM a attribué les précieuses fréquences TNT à Réel TV de Daniel Křetínský et à Ouest France de l’empire familial Hutin…
En écartant les chaînes de l’homme d’affaire breton, l’agence gouvernementale a reçu les louanges du Nouveau Front Populaire et des détracteurs du groupe Canal version Bolloré. Ceux-ci devront cependant attendre un peu avant d’aller traîner leurs guêtres sur les plateaux du très convenu groupe média Ouest-France. En effet, selon les informations de La Lettre A, la chaîne ne démarrera pas son activité sur ses propres plateaux le 1er mars comme convenu initialement, le début de Ouest-France TV, à Rennes, ne devrait être effectif qu’en 2027 ! Une éternité médiatique mais aussi politique, à l’heure du zapping numérique et des dissolutions. D’ici-là on peut penser que la chaîne enregistrera ses quelques programmes dans des studios parisiens comme un peu tout le monde, écartant de facto le côté local que pouvait laisser entendre la candidature Ouest-France.
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Mensonge ou mauvais calcul ? Ou complicité de l’ARCOM ?
Lors de l’audition devant l’ARCOM, le groupe Ouest-France avait vendu une reprise après la fermeture de C8 le 28 février mais aussi l’embauche de 58 salariés. Finalement la télévision ne verra pas le jour au début de l’année 2025 et négocierait pour repousser sa première prise d’antenne en juillet 2025…
François-Xavier Lefranc, président du directoire de Ouest-France, aurait même précisé que le démarrage devrait avoir lieu le 1er septembre !
Par ailleurs, les promesses d’emplois sont sévèrement revues à la baisse. Ouest-France évoquait l’embauche de 58 personnes, finalement il ne s’agirait que de 35.
Le projet semble fondre comme neige au soleil, ainsi Ouest-France investira peu tant que les audiences ne seront pas au rendez-vous et surtout les « programmes extérieurs » seront privilégiés aux produits maison ce qui laisse penser que la chaîne servira des contenus analogues à ses concurrents en changeant seulement de logo. Le changement de « programmes » entre les annonces faites initialement et ce qui se profile interroge : Ouest-France savait-il que son projet ne serait pas viable dès le 1er mars ? De l’autre côté, on peut aussi se demander si l’ARCOM avait conscience de la faiblesse de cette candidature. Un peu ? Beaucoup ? Tout à fait ? Pas du tout ? Nous nous garderons bien sûr de répondre à ces questions…
Ouest-France pédale dans la semoule
En juillet 2024, les dirigeants du groupe présentaient les produits phares de leur prochaine chaîne : un JT quotidien, deux soirées cinéma par semaine, des captations de concert et de spectacle d’humour mais aussi un « talk-show » répondant au nom de « Le Talk en vrai » qui devrait faire la part belle à « des gens que l’on ne voit pas à la télévision ». Ce dernier point laisse étrangement penser au programme « Touche pas à mon poste » de C8 dans lequel le présentateur Cyril Hanouna avait pris pour habitude d’inviter des personnalités pas invitées ailleurs…
Enfin, la chaîne a affirmé vouloir retransmettre des compétitions de cyclisme, de quoi toucher un public de niche et surtout remplir de longues heures de grille télévisées qui seront difficiles à garnir faute d’un budget généreux.
En supprimant C8, première chaîne de la TNT, et en confiant la fréquence à une chaîne dont le projet apparaît de plus en plus incertain, l’ARCOM pourrait se trouver dans quelques mois comme la complice d’un nouveau scandale. Au rayon social, la suppression de la chaîne du groupe Bolloré a mis 300 collaborateurs sur le carreau, tout cela pour une hypothétique création de 35 postes chez Ouest-France TV.
Voir aussi : Ouest-France, infographie
