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Autobiographie de Jordan Bardella : on ne sait pas encore ce qu’il cherche, mais aucun doute sur ceux qui le cherchent

25 octobre 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Autobiographie de Jordan Bardella : on ne sait pas encore ce qu’il cherche, mais aucun doute sur ceux qui le cherchent

Temps de lecture : 4 minutes

Jordan Bardella outre son physique de gendre (blanc) idéal et son aplomb dans les médias demeure encore un OPNI (objet politique non identifié) ; d’où l’appétit des médias pour son autobiographie avec un (très gros) brin de mauvaise foi.

Marianne ouvre le feu

Pour Mar­i­anne, c’est cer­tain : ce livre dont le titre « reprend une vieille tour­nure de phrase » des rayons poli­tique et « ne donne absol­u­ment pas envie au lecteur de lever le sup­posé mys­tère du livre » n’est prob­a­ble­ment « pas par­ti pour être en rup­ture de stock ». Avant même d’être pub­lié, le prési­dent du Rassem­ble­ment nation­al est criblé des tirs qui visent aus­si pêle-mêle son par­ti, sa mai­son d’édition et même Vin­cent Bol­loré. Touchés, mais pas coulés car l’ouvrage est commenté.

D’emblée, l’ouvrage fait par­ler. « Dans ces con­fes­sions, il revient sur son par­cours, ses orig­ines, son amour de la France » annonce la mai­son d’édition sur la plate­forme Ama­zon où le livre est en pré­com­mande. Bien que l’on puisse émet­tre des réserves sur la qual­i­fi­ca­tion du par­cours de Jor­dan Bardel­la qui, « entré en poli­tique à l’âge de 16 ans », a « gravi un à un les éch­e­lons de la méri­to­cratie », il sem­ble dif­fi­cile d’émettre d’ores et déjà des cri­tiques avisées.

Libération, la main trop visible de Bolloré

Telle n’est pas l’opinion de Libéra­tion, qui voit sym­bol­ique­ment dans cette pub­li­ca­tion une « bol­lori­sa­tion à marche for­cée d’un pili­er de l’édition ». Racheté il y a un an par Viven­di, le groupe Hachette Livre pub­lie via sa mai­son phare Fayard l’ouvrage de l’eurodéputé RN. Selon le média, lors de la réu­nion interne « les salariés présents au point étaient atter­rés, con­fesse l’un d’eux. Quand on nous dit “toutes les opin­ions”, on com­prend que cela sig­ni­fie pour la direc­tion surtout des opin­ions très très à droite. » En somme, Libéra­tion estime que le livre n’aurait jamais été pub­lié avant la « la reprise en main idéologique de la mai­son par Vin­cent Bol­loré » ; « Fayard con­naît en ce moment un gros turn-over ».

Le Monde renchérit

 Le Monde révèle que la pub­li­ca­tion du livre de Jor­dan Bardel­la « sus­cite l’ire de cer­tains salariés et des départs en cas­cade ». La pub­li­ca­tion fait d’autant plus réa­gir qu’il s’agit d’un pro­jet d’ampleur, au cen­tre des préoc­cu­pa­tions actuelles : « Vin­cent Bol­loré met tous les médias de sa galax­ie au ser­vice de son poulain : cou­ver­ture du mag­a­zine le JD News, le nou­v­el heb­do­madaire du groupe lancé en sep­tem­bre, cam­pagne nationale radio sur Europe 1 ».

Regrets sur l’hallali médiatique

Lise Boëll, éditrice « d’Éric Zem­mour », de Philippe de Vil­liers et « des per­son­nal­ités d’extrême droite » selon l’hebdomadaire est égale­ment pointée du doigt. Après avoir récem­ment rem­placé Isabelle Sapor­ta — qui « aurait dû tra­vailler avec […] l’éditrice d’Éric Zem­mour, réputée plus à droite. Une col­lab­o­ra­tion refusée par Sapor­ta » comme avait cou­vert l’OJIM — au poste de directeur général, l’éditrice a changé l’ambiance de la mai­son en un « déco­rum bol­loréen » : « des télévi­sions ont été instal­lées, branchées sur CNews ». « Lise Boëll est claire­ment là pour le grand pro­jet de pro­pa­gande. » À l’époque du rachat, l’OJIM avait rap­pelé que l’édition « est un secteur qui a longtemps été une chas­se gardée et qui doit s’ouvrir au plu­ral­isme à droite. »

De son côté, Boule­vard Voltaire regrette « l’hallali médi­a­tique » et « l’indignation à géométrie vari­able » : « au lieu de soulign­er l’intolérance de ces salariés qui refusent de pub­li­er un texte sur lequel ils sont en désac­cord poli­tique, Libéra­tion préfère incrim­in­er leur direc­tion […], une enne­mie du camp du Bien. »

Demande de boycott à la SNCF

La con­tro­verse s’est éten­due à la SNCF, après la décou­verte d’une cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion de grande ampleur dans les gares. La fédéra­tion syn­di­cale SUD-Rail a  demandé « à la direc­tion de la SNCF de refuser le plan de com­mu­ni­ca­tion pour cet ouvrage qui promeut un par­ti d’extrême droite, et promet de recou­vrir toutes les affich­es » d’après Le Monde. L’Humanité, irrité, va même jusqu’à par­ler de « pro­pa­gande » du Rassem­ble­ment nation­al et se demande si, quand il s’agit de Jor­dan Bardel­la, c’est « deux poids, deux mesures » pour la SNCF.

Il ne reste plus qu’à atten­dre la pub­li­ca­tion pour décou­vrir le con­tenu du livre, qui s’est mod­i­fié au fil du temps selon les infor­ma­tions du Figaro. « Au lende­main de la défaite du par­ti aux élec­tions lég­isla­tives […] ce qui devait ini­tiale­ment être un man­i­feste poli­tique s’est trans­for­mé en une réflex­ion plus per­son­nelle et intro­spec­tive sur l’avenir du mou­ve­ment et son pro­pre parcours. »

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