Jacques Chirac en faisait sa devise : « les promesses n’engagent que ceux qui les entendent, pas ceux qui les font ». L’adage se trouve vérifié une fois de plus avec le rachat de La Provence par l’armateur Rodolphe Saadé et ses promesses de non intervention ou de développement du quotidien.
La Provence comme BFMTV
Saadé n’a pas la réputation d’avoir froid aux yeux en affaires, il est le patron et il le montre. Alors que BFMTV voit une vague de départs sans précédent après son rachat à Patrick Drahi, Saadé envoie des messages clairs à la rédaction du quotidien marseillais : il n’y a qu’une seule tête, la sienne.
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Exit le directeur de la rédaction Aurélien Viers
Aurélien Viers n’aura tenu qu’un peu plus d’un an à la tête de la rédaction. Il avait déplu à son actionnaire – fort proche du chef de l’État – avec une première page au printemps 2024 considérée comme anti-Macron. Il avait alors été mis à pied, puis réintégré avec le soutien de sa rédaction. Son licenciement déguisé en départ volontaire – c’est juste une question de négociation tarifaire – ne trompe personne. Il était sous le radar de Saadé et sous la surveillance du nouveau directeur général nommé par ce dernier, Jean-Louis Pelé. Ce dernier a la réputation de mener des plans d’austérité solides pour redresser les comptes. Passé entre autres par Nice-Matin, il vient d’embaucher son directeur de la rédaction, Olivier Biscaye, ancien du quotidien niçois lui aussi.
Érosion des ventes et vague de départs
Plan de départs, ouverture de la clause de cession, le quotidien a perdu 80 salariés, le père Noël promis par Saadé s’est transformé en père Fouettard. Sur le départ les responsables du numérique, les chefs du pôle reportage, certains chefs d’agence régionale et des grands reporters. Au même moment, les ventes s’effritent rapidement, autour de moins 7% en 2024 par rapport à l’année précédente. Plus sur le papier que sur le numérique, mais le deuxième ne compense pas et de loin la chute du premier. Les salariés auraient dû se souvenir des proverbes chiraquiens.
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