Le 8 novembre 2024 se tenait au Mathias Corvinus Collegium de Budapest (MCC) une conférence internationale consacrée aux nouveaux défis que posent à la souveraineté la mondialisation, l’intégration européenne et la numération. Cet évènement est venu clôturer une semaine cruciale pour la Hongrie et l’avenir de l’UE avec la victoire de Donald Trump, la réunion de la Communauté politique européenne et le Sommet européen informel à Budapest.
Mathieu Bock-Coté : un gouvernement des juges ?
Parmi les intervenants, Mathieu Bock-Coté (en visioconférence) s’est illustré par des propos alertant sur le danger que représente le gouvernement des juges sur la souveraineté :
« La version 2024 de l’État de droit combinera le pouvoir des juges, des groupes militants et des autorités administratives qui se prétendent indépendantes. Les juges font la loi en prétendant l’interpréter. Les groupes militants transforment leurs revendications en droits fondamentaux par le biais des médias. Les autorités administratives « indépendantes » exercent une forme agressive d’ingénierie sociale sans en avoir reçu le mandat, et au nom de la lutte contre la haine et la désinformation, elles promeuvent en fait une censure civilisationnelle. Elles le font dans le cadre d’une technostructure mondialisée qui ne cesse de vider la souveraineté nationale de son essence »
La Hongrie, du communisme à l’Union européenne
Dans son discours d’ouverture, Zoltán Szalai, directeur général du MCC, a mis en lumière les luttes historiques de la Hongrie en matière de souveraineté, en particulier les pressions subies sous l’Union soviétique, et les changements significatifs intervenus après 1990 qui ont permis à la Hongrie de recouvrer son indépendance. Rappelant que la mission du MCC était de promouvoir une éducation de qualité, Zoltán Szalai a expliqué :
« La souveraineté est une question vitale à la fois pour le MCC et pour la Hongrie, ce qui fait de l’institution un lieu idéal pour ce débat crucial. »
Today at @MCC_Budapest , we explore sovereignty’s vital role in an interconnected world. With experts from around the globe, we tackle challenges like globalization, digitization, and their impact on state sovereignty. Let’s preserve the values that unite and define nations. #MCC… pic.twitter.com/F9XzBhojRk
— Zoltán Szalai (@zoszalai) November 9, 2024
Lénárd Sándor, directeur de l’école de droit et du centre de droit international du MCC, a souligné l’importance d’un débat sur la souveraineté dans le monde d’aujourd’hui. Il a fait remarquer que la souveraineté signifie pour les peuples ce que la liberté signifie pour les individus : elle leur permet de contrôler leur propre destin et de préserver leur identité politique et culturelle.
La souveraineté américaine
Nelson Lund, professeur de droit à l’université George Mason, a parlé de l’histoire de la souveraineté américaine. Il a décrit les États-Unis comme une nation forte soumise à des pressions internes. Lund a fait remonter la souveraineté américaine à la rébellion de 1776, lorsque treize États ont déclaré leur indépendance. Le mécontentement à l’égard du système a conduit une convention à proposer une nouvelle constitution qui créait un véritable gouvernement national, capable d’appliquer les lois, de résoudre les problèmes de sa propre autorité et de donner au président un droit de veto.
« Un pays qui s’éloigne progressivement de son identité verra sa population plongée dans l’anomie, l’impersonnalisation culturelle, et moins apte à résister au totalitarisme lorsqu’il émergera. Une nation qui perd son identité et devient minoritaire chez elle est vouée à se désintégrer, à disparaître de la scène de l’histoire », a par ailleurs souligné Mathieu Bock-Coté, qui a également fait part de son hostilité aux cercles bruxellois :
« Ces dernières années, nous avons assisté à la mainmise de Bruxelles, et la présidence d’Ursula von der Leyen en est un terrible exemple, qui a profité de chaque crise majeure touchant l’Europe pour étendre les pouvoirs de Bruxelles et de la Commission européenne […] La souveraineté nationale et l’État-nation doivent être restaurés et reconstruits d’une manière adaptée à notre époque »
Le MCC en pointe dans le débat intellectuel européen
Cet événement, qui une fois de plus montre la place décisive de la Hongrie et du MCC dans le débat intellectuel européen, a couvert divers sujets tels que le rôle de la souveraineté au XXIème siècle, la souveraineté dans différentes cultures, le point de vue des organes juridiques internationaux sur la souveraineté et la sauvegarde de la souveraineté. La conférence a ainsi réuni des experts venus d’horizons différents et faisant autorité dans leurs domaines respectifs : Allen S. Weiner, professeur de droit international à l’université de Stanford, Aymeric de Lamotte, directeur de l’Institut Thomas More à Paris, András Lánczi, professeur de philosophie et directeur du Centre européen de philosophie politique au MCC, David Tse-Chien Pan, professeur à l’université de Californie, Irvine, Gus Van Harten, professeur de droit administratif à l’Osgoode Hall de l’université de York, et Gary M. Pendy, professeur en sciences sociales.