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La souveraineté à l’ère de la mondialisation et de la numérisation

13 novembre 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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La souveraineté à l’ère de la mondialisation et de la numérisation

Temps de lecture : 4 minutes

Le 8 novembre 2024 se tenait au Mathias Corvinus Collegium de Budapest (MCC) une conférence internationale consacrée aux nouveaux défis que posent à la souveraineté la mondialisation, l’intégration européenne et la numération. Cet évènement est venu clôturer une semaine cruciale pour la Hongrie et l’avenir de l’UE avec la victoire de Donald Trump, la réunion de la Communauté politique européenne et le Sommet européen informel à Budapest.

Mathieu Bock-Coté : un gouvernement des juges ?

Par­mi les inter­venants, Math­ieu Bock-Coté (en visio­con­férence) s’est illus­tré par des pro­pos aler­tant sur le dan­ger que représente le gou­verne­ment des juges sur la souveraineté :

« La ver­sion 2024 de l’É­tat de droit com­bin­era le pou­voir des juges, des groupes mil­i­tants et des autorités admin­is­tra­tives qui se pré­ten­dent indépen­dantes. Les juges font la loi en pré­ten­dant l’in­ter­préter. Les groupes mil­i­tants trans­for­ment leurs reven­di­ca­tions en droits fon­da­men­taux par le biais des médias. Les autorités admin­is­tra­tives « indépen­dantes » exer­cent une forme agres­sive d’ingénierie sociale sans en avoir reçu le man­dat, et au nom de la lutte con­tre la haine et la dés­in­for­ma­tion, elles promeu­vent en fait une cen­sure civil­i­sa­tion­nelle. Elles le font dans le cadre d’une tech­nos­truc­ture mon­di­al­isée qui ne cesse de vider la sou­veraineté nationale de son essence »

La Hongrie, du communisme à l’Union européenne

Dans son dis­cours d’ou­ver­ture, Zoltán Sza­lai, directeur général du MCC, a mis en lumière les luttes his­toriques de la Hon­grie en matière de sou­veraineté, en par­ti­c­uli­er les pres­sions subies sous l’U­nion sovié­tique, et les change­ments sig­ni­fi­cat­ifs inter­venus après 1990 qui ont per­mis à la Hon­grie de recou­vr­er son indépen­dance. Rap­pelant que la mis­sion du MCC était de pro­mou­voir une édu­ca­tion de qual­ité, Zoltán Sza­lai a expliqué :

« La sou­veraineté est une ques­tion vitale à la fois pour le MCC et pour la Hon­grie, ce qui fait de l’in­sti­tu­tion un lieu idéal pour ce débat crucial. »

Lénárd Sán­dor, directeur de l’é­cole de droit et du cen­tre de droit inter­na­tion­al du MCC, a souligné l’im­por­tance d’un débat sur la sou­veraineté dans le monde d’au­jour­d’hui. Il a fait remar­quer que la sou­veraineté sig­ni­fie pour les peu­ples ce que la lib­erté sig­ni­fie pour les indi­vidus : elle leur per­met de con­trôler leur pro­pre des­tin et de préserv­er leur iden­tité poli­tique et culturelle.

La souveraineté américaine

Nel­son Lund, pro­fesseur de droit à l’u­ni­ver­sité George Mason, a par­lé de l’his­toire de la sou­veraineté améri­caine. Il a décrit les États-Unis comme une nation forte soumise à des pres­sions internes. Lund a fait remon­ter la sou­veraineté améri­caine à la rébel­lion de 1776, lorsque treize États ont déclaré leur indépen­dance. Le mécon­tente­ment à l’é­gard du sys­tème a con­duit une con­ven­tion à pro­pos­er une nou­velle con­sti­tu­tion qui créait un véri­ta­ble gou­verne­ment nation­al, capa­ble d’ap­pli­quer les lois, de résoudre les prob­lèmes de sa pro­pre autorité et de don­ner au prési­dent un droit de veto.

« Un pays qui s’éloigne pro­gres­sive­ment de son iden­tité ver­ra sa pop­u­la­tion plongée dans l’anomie, l’im­per­son­nal­i­sa­tion cul­turelle, et moins apte à résis­ter au total­i­tarisme lorsqu’il émerg­era. Une nation qui perd son iden­tité et devient minori­taire chez elle est vouée à se dés­in­té­gr­er, à dis­paraître de la scène de l’his­toire », a par ailleurs souligné Math­ieu Bock-Coté, qui a égale­ment fait part de son hos­til­ité aux cer­cles bruxellois :

« Ces dernières années, nous avons assisté à la main­mise de Brux­elles, et la prési­dence d’Ur­su­la von der Leyen en est un ter­ri­ble exem­ple, qui a prof­ité de chaque crise majeure touchant l’Eu­rope pour éten­dre les pou­voirs de Brux­elles et de la Com­mis­sion européenne […] La sou­veraineté nationale et l’É­tat-nation doivent être restau­rés et recon­stru­its d’une manière adap­tée à notre époque »

Le MCC en pointe dans le débat intellectuel européen

Cet événe­ment, qui une fois de plus mon­tre la place déci­sive de la Hon­grie et du MCC dans le débat intel­lectuel européen, a cou­vert divers sujets tels que le rôle de la sou­veraineté au XXIème siè­cle, la sou­veraineté dans dif­férentes cul­tures, le point de vue des organes juridiques inter­na­tionaux sur la sou­veraineté et la sauve­g­arde de la sou­veraineté. La con­férence a ain­si réu­ni des experts venus d’horizons dif­férents et faisant autorité dans leurs domaines respec­tifs : Allen S. Wein­er, pro­fesseur de droit inter­na­tion­al à l’u­ni­ver­sité de Stan­ford, Aymer­ic de Lam­otte, directeur de l’In­sti­tut Thomas More à Paris, András Lánczi, pro­fesseur de philoso­phie et directeur du Cen­tre européen de philoso­phie poli­tique au MCC, David Tse-Chien Pan, pro­fesseur à l’u­ni­ver­sité de Cal­i­fornie, Irvine, Gus Van Harten, pro­fesseur de droit admin­is­tratif à l’Os­goode Hall de l’u­ni­ver­sité de York, et Gary M. Pendy, pro­fesseur en sci­ences sociales.

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