Avec la mort de Jean-Marie Le Pen se révèle une facette assez peu glorieuse de certains médias.
Celui qui les a tenus en échec disparu, ils déversent tout leur fiel sur un homme qui ne peut plus se défendre, et qui au reste ne le pouvait plus depuis de nombreuses années.
Konbini danse sur les tombes
Sur TikTok, Konbini annonce sobrement la mort de Jean-Marie Le Pen. Une photo en noir et blanc, où il est au reste à son avantage, un texte explicite : « Jean-Marie Le Pen est mort à l’âge de 96 ans ». Un sans-faute ? Mettez le son. Pendant que vous lisez son image, Konbini diffuse « Beautiful Day », d’Akon :
« Dieu, merci pour le soleil, merci pour la pluie. Merci pour la joie, merci pour la douleur. C’est une belle journée, yeah-ay-ay-ay. »
On quitte les hauteurs de la politique pour le bac à sable de l’école maternelle.
L’Humanité et Libération soignent leur Une
L’Humanité fait de l’événement sa Une : on y trouve le poignard de Jean-Marie Le Pen surplombant le titre « la haine était son métier ». Une Une « à la hauteur de l’Histoire » pour Nassira El Moaddem, journaliste qui avait traité la France de pays de racistes. Elle diffusera ensuite deux Unes l’une à côté de l’autre : Le Parisien et Valeurs actuelles. Ils se trouvent qu’elles ont choisi le même titre : « c’était le Pen » avec des points de suspension pour Le Parisien. De quoi permettre à Nassira El Moaddem d’associer les deux titres, et à Christian Dauriac d’abonder en son sens. De son côté, Libération titre « Maréchal, le voilà », insinuant ainsi que Jean-Marie Le Pen va rejoindre Pétain. A Paris Match en revanche, on titre « Jean-Marie Le Pen, une histoire française », ce qui permettra à certains de crier à la normalisation de l’extrême-droite et au bourrage de crâne. Bourrage de crâne tout à fait inexistant à l’inverse dans la Une de L’Huma.
Voir aussi : Nassira El Moaddem, symbole des journalistes haïssant les Français
À France Info, un contre-hommage
France Info a également fait son travail, avec une liste des « nombreuses condamnations » de Jean-Marie Le Pen publiée le 8 janvier à 6 heures du matin. L’article commence par citer les propos sur les chambres à gaz. On apprend ensuite qu’en 1964, Jean-Marie Le Pen frôle en voiture le député de la 3e circonscription de la Seine. Cet écart de conduite lui vaudra un doigt d’honneur, et comme il serait malhonnête de faire passer Jean-Marie Le Pen pour quelqu’un de calme, le tout dégénère en bataille de rue. Jean-Marie Le Pen éditera par la suite un disque de chants nazis et sera accusé d’antisémitisme pour avoir fustigé certains journalistes. Il aura son lot de « provocation à la haine » et consort. La liste de France info confine à l’ennui et on en vient à se demander si Jean-Marie Le Pen choisissait ses mots pour avoir des procès ou si les juges le poursuivaient pour un rien.
Le directeur de France 3 verse dans l’insulte
Hasard du calendrier, Jean-Marie Le Pen est mort le jour des dix ans de l’attentat de Charlie Hebdo. Donc dix ans après un attentat contre la liberté d’expression. Quand on sait l’importance que le « Menhir » accordait à cette liberté, la coïncidence tient presque de l’hommage. Elle n’est cependant guère goûtée par certains journalistes français, notamment Christian Dauriac, directeur de la rédaction de France 3. Après avoir posté sur X « Quel sale type… il aurait pu choisir un autre jour pour claquer ! #JeSuisToujoursCharlie », il se met en devoir de partager tout ce qui ressemble de près ou de loin à une insulte à Jean-Marie Le Pen.
RIP, mais seulement si vous êtes de gauche
On s’étonne. Ne doit-on pas en général un peu de respect à un mort ? La gauche n’a pas l’habitude d’écouter sentencieusement ceux qui pointent les délits de ceux qui meurent dans des poursuites suite à des refus d’obtempérer. Dans ces moments, il faut respecter la douleur des familles et la dignité de ceux qui ne méritaient pas de mourir. La logique ne semble pas s’appliquer à Jean-Marie Le Pen. Edwy Plenel dénonce ainsi des « hommages de la honte, triomphe de la lepénisation des esprits. Un flot de commentaires fallacieux, silenciant son antisémitisme, son racisme et la torture pratiquée en Algérie. Une perte de sens totale, jusqu’au plus haut niveau de l’État. » Off Investigation abonde dans ce sens dans son article qui décrypte le communiqué de l’Elysée où « Macron tombe le masque ». En effet, il « escamote les aspects controversés de la personnalité du fondateur du Front National ».
De façon générale, pour les médias de la gauche libérale libertaire, le temps d’hommage à Jean-Marie Le Pen a été pour le moins difficile à vivre. De François Bayrou à Éric Ciotti, les politiques du centre à la droite se sont rendus coupables de ne pas cracher sur une tombe pas encore refermée. Libération rapporte ainsi les mots d’Éric Ciotti, « qui a trahi l’héritage gaulliste de son ancien camp ». Vu le mal que Libération s’est donné pour défendre feu l’URSS et François Mitterrand, on ne se serait pas attendu à ce qu’il défende le gaullisme.