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Jean-Marie Le Pen : malgré elles, les fêtes autour de sa mort le célèbrent à leur façon

17 janvier 2025

Temps de lecture : 5 minutes
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Jean-Marie Le Pen : malgré elles, les fêtes autour de sa mort le célèbrent à leur façon

Temps de lecture : 5 minutes

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la mort de Jean-Marie Le Pen n’a laissé personne indifférent, surtout pas à gauche. On peut citer les fêtes dans différentes villes de France, mais aussi le direct que Libération a offert à son vieil ennemi. Or, faites pour le dénigrer, ces fêtes et articles le célèbrent d’une certaine manière.

Jean-Marie Le Pen, ce mort dont il faut parler

Libéra­tion explique que sa Une « non » pub­liée au lende­main du pre­mier tour de 2002 est « un mar­queur dans l’histoire [du] jour­nal ». Com­ment mieux dire que Jean-Marie Le Pen a mar­qué l’histoire poli­tique française et que son héritage sera éter­nel ? Libéra­tion pré­cise ain­si que « l’extrême-droite est plus puis­sante que jamais », que le par­ti de Jean-Marie Le Pen est « entré en force à l’Assemblée nationale » et « a et le pou­voir de dire stop » au gou­verne­ment Barnier, sans compter qu’une « vic­toire à la prési­den­tielle […] n’a jamais été aus­si prob­a­ble. » « Jean-Marie Le Pen est mort. Il laisse mal­heureuse­ment en héritage une extrême-droite bien vivante ». À l’adverbe près, cette con­clu­sion de Libéra­tion n’aurait pas déparé une épi­taphe. Son héritage est telle­ment impor­tant que l’Élysée a dû pub­li­er un com­mu­niqué sur son décès, bien que, comme le note Off inves­ti­ga­tion, Emmanuel Macron ne l’ait pas signé. Le jour­nal cit­era égale­ment un proche du prési­dent qui explique que ce dernier « ne pou­vait pas rester silen­cieux, compte tenu de son poids poli­tique pen­dant plus d’un demi-siècle. »

Des fêtards élevés au rang de résistants

À en croire les jour­nal­istes et autres per­son­nal­ités, les fêtes de célébra­tion de la mort de Jean-Marie Le Pen tutoy­aient les man­i­fes­ta­tions qui menèrent à la chute du mur de Berlin. Jean-Luc Mélen­chon affirme que le com­bat con­tre Jean-Marie Le Pen est désor­mais fini, comme s’il avait débat­tu con­tre lui la veille sur un plateau télé, alors que le com­bat est en réal­ité fini depuis au moins dix ans. On peut égale­ment citer Albert Lévy, ancien juge « rouge selon les réac­tion­naires », qui décrit cette man­i­fes­ta­tion comme « la France qu’on aime. Celle de la résis­tance. Celle qui fait obsta­cle au racisme et la haine. Celle qui s’élève pour défendre les peu­ples opprimés. » En fait de résis­tance, il s’agit surtout de celle à la météo, qui per­met tout de même à Libéra­tion de qual­i­fi­er les fêtards de courageux. Dans la nuit du 7 au 8 jan­vi­er, il fai­sait un froid hiver­nal, et pour­tant la fine fleur (ou son con­traire) de Paris célébrait la mort de Jean-Marie Le Pen en extérieur. L’une de ces célébra­tions a été ini­tiée par le col­lec­tif les Inverti.e.s, dont Libéra­tion cite le com­mu­niqué. Ils appelaient ceux « qui étaient dans la rue en juin et juil­let 2024, comme en mai 2002 » à se retrou­ver place de la République. De 2002 à 2024, on dirait presque le titre d’un biopic à la gloire de Jean-Marie Le Pen.

Le Pen est mort, le RN est vivant. Bisque, bisque, rage…

« Il est mort, enfin. » Ce mot cité par Libéra­tion résume bien la fas­ci­na­tion curieuse des gauchistes envers Jean-Marie Le Pen. D’un côté, ce soulage­ment laisse enten­dre que le vieil homme avait encore de l’influence et qu’il aurait pu, par exem­ple, se présen­ter à l’élection prési­den­tielle et l’emporter. C’est évidem­ment inex­act. De l’autre, la gauche ne cesse de rap­pel­er que même si Jean-Marie Le Pen est mort, non seule­ment son par­ti, le Rassem­ble­ment Nation­al, est encore là, mais en plus il est plus fort que jamais. L’héritage du men­hir est donc bien vivant. Alors pourquoi ce « il est mort, enfin » ? Que va chang­er la mort de Jean-Marie Le Pen au cours du monde ? Absol­u­ment rien, mais quand on hait, on ne pense pas.

Jean-Marie Le Pen, symbole à saluer

En réal­ité, comme le fai­sait remar­quer Marsault, illus­tra­teur pour le mag­a­zine La Furia, les fêtes pour la mort de Jean-Marie Le Pen sont le plus bel hom­mage que pou­vait lui ren­dre la gauche. En mourant, le vieil­lard fatigué et malade s’est débar­rassé des chaînes de chair qui l’attachaient à cette terre, et il n’est plus qu’un sym­bole, un héritage, une promesse. Ain­si, Libéra­tion cite deux jeunes de 27 et 26 ans qui souhait­ent « que le fas­cisme meure avec Jean-Marie Le Pen ». Sans per­dre de temps à expli­quer pourquoi le Rassem­ble­ment Nation­al et les prin­ci­paux par­tis français d’extrême-droite en général n’ont rien de fas­cistes, on peut être assuré que non, l’héritage de Jean-Marie Le Pen ne mour­ra pas avec lui. Le plus cher désir de ceux qui fêtent sa mort ne se réalis­era pas. C’est ce qu’explique un autre jeune inter­viewé par Libéra­tion : « C’est un sym­bole. On sait bien que le fas­cisme n’est pas fini, le com­bat con­tin­ue, mais l’époque est telle­ment dif­fi­cile que cela fait du bien de se rassem­bler pour une bonne nou­velle. » À nou­veau sans per­dre de temps sur la déf­i­ni­tion du fas­cisme, oui, Jean-Marie Le Pen est un sym­bole, non, sa mort ne signe pas la défaite de la droite, et oui, pen­dant quar­ante ans, Jean-Marie Le Pen a bâti une scène de guerre où la gauche n’est désor­mais plus en si bonne posture.

En se regroupant place de la République, les fêtards sont un sym­bole écla­tant du change­ment qu’a apporté Jean-Marie Le Pen sur la scène poli­tique. C’est ce qu’il voulait, c’est ce pourquoi on se sou­vien­dra de lui.

Voir aus­si : Jean-Marie Le Pen : les jour­nal­istes aboient, le Men­hir passe

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