Après une scission complexe de Vivendi, Canal+, Havas et Lagardère, en octobre 2024, Vincent Bolloré s’est lancé dans une réorganisation de ses holdings ; les plus petits de ses investisseurs se plaignent d’être mal traités.
CIAM mécontent
La scission qu’il avait menée en octobre 2024 avait déjà soulevé l’ire des petits investisseurs : en découpant le groupe Vivendi en quatre entités distinctes, Vincent Bolloré s’assurait logiquement que tous les actifs de son groupement puissent être correctement valorisés. Une opération mal perçue par les plus petits de ses actionnaires, à l’image du gestionnaire indépendant CIAM (représentant 1 % des actionnaires minoritaires), dont certains avaient alors saisi l’Autorité des Marchés financiers pour « obtenir le respect du droit des actionnaires et le lancement préalable d’une offre publicitaire sur Vivendi ». L’institution n’avait alors pas apprécié les cotations en Bourse de certains de ses groupes hors de France, notamment à Londres.
La Compagnie du Cambodge en cause
À l’occasion de la nouvelle année, Bolloré a entrepris une opération à la fois plus discrète et plus complexe, destinée à réorganiser l’empire familial : une simplification manifestée par le retrait de trois de ses sociétés à la Bourse de Paris (Compagnie du Cambodge, Société industrielle de l’Artois et la Financière Moncey). Une « galaxie de holdings » qui, si l’on en croit BFM Business, contrôle 66 % du groupe Bolloré et est à 95 % aux mains de l’industriel. Ce retrait de la bourse de Paris a ému les quelques actionnaires individuels qui en détenaient des parts et qui ont regretté les conditions financières des offres proposées. Ainsi de Jean-François Delcaire, détenteur de 10 millions d’euros de la Compagnie du Cambodge et qui assure que ce retrait devrait lui être payé au prix juste, deux à trois fois plus que le prix proposé par Vincent Bolloré. Ce dernier a alors relevé les prix pour apaiser les esprits… sans rencontrer encore l’adhésion des petits investisseurs. De nouveaux courriers ont donc été envoyés à l’Autorité des marchés financiers pour contester la situation et un expert a été missionné, qui devra rendre son rapport sur l’affaire.
Un dernier petit geste
Malgré la gronde, certains de ces petits actionnaires, dont les intérêts financiers sont parfois répartis dans plusieurs holdings de Vincent Bolloré depuis de longues années, n’ont aucun intérêt à se distinguer des affaires de l’industriel breton. Certains d’entre eux espèrent un dernier petit geste de sa part afin de pouvoir continuer l’aventure à ses côtés, une aventure qui leur a largement profité…