Si vous ne connaissez pas Sexotrucs, vous feriez bien de vous y intéresser.
Cette série de onze épisodes de trois minutes « proposée par France Télévisions » s’adresse aux enfants pour leur expliquer la sexualité. Accessible gratuitement, on peut parier qu’elle sera largement utilisée par les instituteurs et autres personnels éducatifs.
Dans Sexotrucs, Lili, un téléphone avec des yeux et une bouche, explique un certain nombre de sujets portant sur la sexualité à Adama, un tambour, et Anna, une étoile, avec également des yeux et une bouche, ou d’autres personnages représentant tous des enfants. La série s’affiche dans la section « CE2 » de Lumni, un site faisant partie du dispositif national « Nation apprenante ». Les vidéos sont affichées comme inappropriées à des enfants de moins de huit ans. Quant à savoir quel type de public peut être intéressé par les histoires d’un téléphone avec des yeux et une bouche, nous laissons les lecteurs, qui sont peut-être parents, en juger.
Explication de la masturbation et promotion de la GPA, France TV joue au bingo
Passons au contenu. Dans la vidéo sur le sexe féminin, on décrit le clitoris. « Tu as peut-être remarqué que quand on le touche, il gonfle, et ça fait une sensation agréable. C’est comme un petit feu d’artifice à l’intérieur de toi. » Quelle enfant n’aurait pas envie de voir ce que cela fait ? Il sait maintenant comment essayer.
Sexotrucs, c’est aussi une émission qui parle de famille. C’est quoi une famille ? L’étoile avec des yeux et une bouche vous répond. « Une famille, c’est quand il y a un papa, une maman, et qu’ils vivent ensemble. » « Bah non, répond un nuage avec des yeux, moi j’ai deux papas, et on est quand même une famille. » Ce nuage reviendra régulièrement pour faire entrer la GPA dans l’esprit des enfants, alors qu’elle est interdite par la loi. « La forme de famille la plus répandue en France, c’est deux parents, et un, ou des enfants », explique Lili, au prix d’une approximation qui n’a rien d’innocent. « Rendez-vous compte ! se réjouit-elle pour conclure. Avant, des parents qui se séparaient c’était mal vu, et les homosexuels n’avaient pas le droit d’adopter. Heureusement les choses changent ! » Charge aux parents qui estiment que rester ensemble est une meilleure chose pour les enfants, et qu’ils ont besoin d’un père et d’une mère pour grandir, d’expliquer pourquoi ils ne sont pas d’accord avec la gentille Lili.
La pédocriminalité est un sujet trop grave pour un téléphone avec des yeux et une bouche
L’objectif affiché, qu’on acceptera de croire parfois sincère, est toujours le même dans ces séries. Protéger les enfants contre les pédocriminels. Perpétrées dans 80% des cas au sein de la famille, les violences sexuelles sur les enfants sont un sujet grave, et difficile à traiter. Si l’agresseur est un parent de l’enfant, il existe un risque non négligeable qu’il n’entende jamais parler de ce sujet de la part d’un adulte sain. Pourtant, l’épisode sur les violences sexuelles est assez parlant. « Lili, c’est quoi un “podophile” ? – Tu veux sûrement parler des pédophiles. Il existe des grandes personnes qui ressentent une attirance sexuelle pour les enfants, ou profitent d’eux quand ils en ont l’occasion. C’est totalement interdit, et ils le savent. On les appelle d’ailleurs des “pédocriminels”. – Mais ça veut dire quoi ? » La dernière question du personnage est révélatrice. Obsédés par l’éducation sexuelle dont ils se sont fait les prophètes, les militants de l’éducation sexuelle ont oublié de rendre leur discours accessible aux enfants. Non, faire dire un texte à un téléphone avec des yeux ne le rend pas compréhensible par les petits. « Attirance sexuelle » ou « profiter de quelqu’un », ne sont pas des expressions compréhensibles par un enfant.
Pédocriminalité : protéger les enfants, c’est aussi ne pas tout leur dire
Lorsque Lili entre dans le détail, l’épisode devient glaçant. Un petit sac à dos rencontre un cartable en cuir qui ouvre les bras (ses bretelles) en ricanant. L’image se fait sombre, la bretelle en cuir frôle le rabat du cartable, puis un slip en papier cartonné, elle s’insère dans le slip, le petit chaton imprimé sur le slip se met à pleurer, le tout avec des gémissements de peur ou de surprise… Bref, il y a de quoi traumatiser un adulte, et peut-être un enfant. La vidéo sur l’inceste est du même acabit. C’est aussi ce que l’on reproche aux cours d’éducation sexuelle. Oui, certaines personnes abusent des enfants. Oui, ces derniers doivent savoir que ce qu’ils vivent n’est pas normal et savoir à qui en parler, et la vidéo de Sexotrucs peut (peut-être) les y aider. Mais il est difficile d’entendre que pour protéger les petites victimes, nos propres enfants doivent entendre parler de pédocriminalité, alors qu’on voudrait les préserver du mal trop présent dans ce monde. C’est un discours que, malheureusement, les militants de l’éducation sexuelle refusent d’entendre.
Tout n’est pas à jeter dans la série Sexotrucs. Les épisodes sur l’intimité et l’hygiène intime sont assez bien faits, et l’on n’y trouve pas grand-chose à redire, si ce n’est que l’enseignement de ce genre de choses devrait revenir aux parents. L’existence de cette série est peut-être également un marqueur d’échec au sein de la famille. Résultat, si vous osez remettre la série en question, on ne manquera pas de vous présenter ces épisodes en vous accusant de ne pas vouloir que les enfants puissent protéger leur intimité, se protéger des violences, ou se laver. C’est une manœuvre que les parents d’élèves ne connaissent maintenant que trop bien.