Après six années d’un mandat tumultueux passées à la tête de l’ARCOM, Roch-Olivier Maistre a passé la main dimanche 2 février à Martin Ajdari.
Énarque, très à gauche, choisi par Emmanuel Macron… la nomination de ce haut-fonctionnaire à la tête d’une institution déjà jugée partiale a suscité une vague d’indignation.
“Une succession dans la continuité”. Lundi 3 février 2025, le haut fonctionnaire Martin Ajdari s’est installé dans ses nouvelles fonctions de président de l’ARCOM. Accusée de partialité, notamment après l’exclusion des chaînes C8 et NRJ12 de la TNT, l’ARCOM a, semble-t-il, voulu (avec ce candidat qui, l’assure-t-on, “n’a rien d’un idéologue”) faire peau neuve. Du moins en apparence. Voici cinq choses à savoir sur le gendarme de l’audiovisuel.
1. Ses membres sont nommés par le pouvoir politique en place
Issue de la fusion du CSA et de l’Hadopi, l’ARCOM, qui assure “veiller au respect de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion à la télévision et à la radio”, est composée d’un collège de neuf membres. Tous sans exception sont nommés par le pouvoir politique en place. Le président de l’ARCOM est ainsi directement nommé par le président de la République, trois membres sont désignés par le président de l’Assemblée nationale, trois autres par le président du Sénat, un par le vice-Président du Conseil d’État (Didier-Roland Tabuteau, très proche du Parti socialiste) et enfin un dernier membre est désigné par le Premier président de la Cour de cassation (Christophe Soulard).
Notons également que l’ARCOM étant une agence publique, le financement de ses membres dépend principalement des fonds publics. Chaque année, l’État alloue ainsi une partie de son budget au gendarme de l’audiovisuel à travers la Loi de Finances. En 2023, 47,8 millions d’euros lui ont par exemple été octroyés par l’État pour couvrir, entre autres, les salaires de ses 370 employés (dont 9 000 euros net par mois pour le président de l’ARCOM) et l’infrastructure technique nécessaire pour réguler les contenus en ligne.
2. Son nouveau président est (très) marqué à gauche
Proposé par Emmanuel Macron (qui avait suggéré son nom fin novembre 2024), faiblement approuvé par le Parlement (47 voix pour, 36 contre), le haut fonctionnaire Martin Ajdari, 56 ans, est, depuis le 2 février, le nouveau visage du “gardien du PAF”. L’homme, qui a fait toute sa carrière au service de l’État, est, selon des témoignages recueillis par Libération, avant tout connu pour être “un bosseur […] qui a l’avantage d’avoir travaillé à Radio France et France Télévisions, à des gros postes”.
“Il connaît vraiment bien les dossiers, parce qu’il connaît les médias de l’intérieur”, assure-t-on dans les colonnes du quotidien. Certes, Martin Ajdari est un fin connaisseur des médias : diplômé de Sciences Po Paris et ancien élève de l’ENA, Martin Ajdari a été nommé directeur administratif et financier de Radio France Internationale (RFI) en 1999 avant d’intégrer, dix ans plus tard, le Groupe France Télévisions comme directeur général délégué aux ressources et secrétaire général.
Sur le papier, “le CV est béton”, s’accorde-t-on à dire dans une partie du monde des médias. Dans les faits, la nomination du quinquagénaire inquiète déjà. Car l’énarque est très marqué à gauche : proche de Pap Ndiaye, Martin Ajdari est en effet un socialiste “woke” qui, entre 2000 et 2002, a été conseiller technique au sein des cabinets de Laurent Fabius et de Florence Parly avant de rejoindre, en 2014, le ministère de la Culture, en tant que directeur du cabinet d’Aurélie Filippetti puis de Fleur Pellerin.
Mais surtout, il est une information dont les médias n’ont pas fait grand étalage : en 2020, alors directeur général de l’Opéra national de Paris, c’est ce même Martin Ajdari qui a lancé la mission “Diversité” dont l’objectif assumé était alors de réduire… la proportion de Blancs au sein de l’institution.
3. Son Directeur est proche d’une association pro-migrants
En juillet 2024, Roch-Olivier Maistre, alors président de l’ARCOM, décide de nommer Alban de Nervaux directeur général de l’ARCOM. Sur le papier, celui qui succède à Guillaume Blanchot coche toutes les cases de ses confrères : normalien, Sciences Po, ENA, conseiller d’État… Un classique de la haute administration.
Il est cependant un élément essentiel que l’ARCOM s’est bien gardé de signaler : Alban de Nervaux est également l’époux de Laurence de Nervaux, directrice de “Destin Commun”, association qui planifie l’implantation de migrants en ruralité.
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Financé par l’Open Society de George Soros (à hauteur de 1,5 millions d’euros en 2021), l’Agence Française de Développement, Greenpeace ou encore Amnesty International, Destin Commun s’est notamment fait connaitre en avril 2024 par le biais du rapport “De Callac à Crépol : les campagnes au cœur des batailles identitaires” analysant et conseillant l’installation de migrants par l’État dans des communes rurales malgré la résistance locale.
4. Elle s’inquiète du nombre trop important de blancs à la télé
Dans un rapport paru le 15 novembre 2024, l’ARCOM, “chargée, selon ses mots, de contribuer à la lutte contre les discriminations” a tenté de dresser “le bilan d’une décennie de représentation à la télévision”. Après avoir décrypté le contenu de 19 chaînes de la TNT de 2013 à 2023, le gendarme de l’audiovisuel a conclu à un résultat sans appel : il y a encore trop de blancs à la télévision.
Dans le détail ‑et alors que les statistiques ethniques sont en principe interdites en France ‑l’ARCOM a notamment déploré dans son rapport que, sur ces dix dernières années, seules “15 % de personnes perçues comme racisées aient occupé l’écran”.
Sur les chaînes d’informations en continu, l’ARCOM a également noté que “les personnes non blanches ne représentent que 10 % des effectifs, et y sont généralement présentées de façon négative” et que “lorsqu’il s’agit de parler de politique française, seules 8 % d’entre elles sont sollicitées”.
5. Elle essaie d’étouffer les médias du groupe Bolloré
Selon un décompte réalisé par Le Monde en novembre 2024, les deux chaînes phares du groupe Bolloré-C8 et CNews ‑ont reçu pas moins de 52 sanctions de l’ARCOM et du CSA entre décembre 2012 et novembre 2024. Un nombre impressionnant de sanctions aux allures d’acharnement qui cache une autre réalité : celle d’une accélération de la fréquence des sanctions depuis quatre ans avec seize décisions prises pour la seule année 2024, un record.
Voir aussi : l’ARCOM fait la chasse à CNews alors que Europe 1 se redresse
Au total, depuis 2012, 11 sanctions pécuniaires ont été prononcées à l’encontre de C8 et 7 à l’encontre de Cnews. Parmi elles, deux ont prononcées alors même que l’ARCOM avait déjà pris la décision de ne pas renouveler l’autorisation de diffusion de C8 et de NRJ12 sur la TNT. Notons enfin C8 et CNews sont les seules chaînes françaises à avoir fait l’objet de sanctions pécuniaires.