Le divorce entre les populations et les institutions sensées les représenter apparaît de plus en plus criant. Ainsi, l’édition 2025 du « Trust Barometer » d’Edelman révèle un niveau sans précédent de défiance envers les institutions, les entreprises et les médias, accompagné d’un vif ressentiment des citoyens se sentant toujours plus trahis et floués.
Une enquête dans 28 pays
Le « Trust Barometer 2025 » d’Edelman est la dernière enquête annuelle réalisée par la société internationale de conseil et de communication. L’étude a été réalisée via des entretiens en ligne de 30 minutes menés en novembre 2024 dans 28 pays et auprès de 33 000 personnes.
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Concernant la France, 7 personnes interrogées sur 10 pensent que les gouvernants trompent délibérément le public, tandis que la méfiance envers les journalistes atteint 73% et celle envers les dirigeants d’entreprise 67%. Plus significatif et inquiétant encore : 35% des Français estiment que le recours à la violence est désormais légitime pour accélérer le changement. Une radicalisation de l’opinion sans précédent, qui révèle une « désespérance » forte et une absence croissante de confiance en de possibles solutions apportées par le « réformisme » politique classique.
Un fort sentiment d’injustice économique
La perception d’une forte injustice économique est l’un des principaux éléments qui nourrit le ressentiment des sondés et creuse davantage le fossé entre les citoyens et les institutions. Ainsi, 69% des interrogés pensent que les institutions servent uniquement les élites et ne se préoccupent pas des réalités vécues par la majorité de la population. Par ailleurs, 70 % d’entre eux considèrent que les « riches » ne paient pas leur juste part d’impôts, ce qui nourrit de fortes revendications en faveur d’une fiscalité plus juste et d’une meilleure redistribution des ressources.
Une confiance mitigée dans les entreprises
Selon le sondage, 56% des français ont confiance dans les entreprises, soit un score bien plus élevé que les institutions (37%) et les médias (45%). Cependant, 49% des employés français redoutent l’automatisation des emplois et le manque de formation face à celle-ci.
Des inquiétudes qui font de la France le pays le plus pessimiste parmi ceux concernés par l’enquête. Ainsi seuls 9% des Français pensent que la prochaine génération vivra mieux qu’eux, contre, par exemple, 30% aux États-Unis et 69% en Chine.
Explosion de la défiance envers les médias
La méfiance envers les journalistes n’a, elle, jamais été aussi forte, avec une hausse de 16 points depuis 2021 qui pourrait en large partie s’expliquer par le traitement médiatique de la crise du Covid 19.
« Pour sortir d’une société fondée sur le ressentiment, il faudra un effort concerté de la part de chacune des organisations étudiées (Institutions, Entreprises, Médias) pour adresser des enjeux structurants que sont l’intégrité de l’information, les inégalités économiques, le développement durable et l’avenir de l’intelligence artificielle » conclut Richard Edelman, PDG du groupe Edelman.
Il n’est malheureusement pas certain que cette noble et pieuse déclaration d’intentions suffise tant la société apparaît désormais fragmentée et en rupture de plus en plus assumée avec ses cadres traditionnels jugés inaptes à leur mission.
Voir aussi : Enquête confiance dans les médias Kantar/La Croix : toujours moins !