Mercredi 26 février, Jeff Bezos, milliardaire propriétaire du Washington Post depuis 2013, a annoncé limiter les tribunes de son journal à certaines opinions : une décision qui se serait matérialisée par une chute (à confirmer) de ses abonnements…
Une rubrique tournée vers la « défense des libertés » et « du libre marché »
L’enjeu : concentrer la rubrique sur la « défense des libertés individuelles et du libre marché ». « Nous couvrirons d’autres sujets, bien sûr, a ajouté le milliardaire, mais les points de vue s’opposant à ces piliers seront publiés par d’autres ». Cette décision a engendré le départ de David Shipley, responsable des pages opinion ; le propriétaire s’est donc mis en quête d’un nouveau rédacteur-en-chef. Ce changement de ligne au sein du Washington Post est promu par Bezos, qui assume sa décision et explique :
« Je suis de l’Amérique et pour l’Amérique, et fier de l’être. Notre pays n’en est pas arrivé jusqu’ici en étant comme les autres. Et une grande partie du succès de l’Amérique vient de la liberté, dans le domaine économique comme partout ailleurs. La liberté est éthique et pratique ; elle stimule la créativité, l’invention et la prospérité ».
Une décision orientée vers la « droite de Trump » ?
Perçue par des personnalités de gauche comme le sénateur Bernie Sanders comme le résultat de la « détention oligarchique des médias », une telle décision orienterait selon les détracteurs de Bezos comme une orientation vers « la droite de Trump ». À l’occasion de la campagne pour la présidentielle américaine, le propriétaire serait d’ailleurs intervenu pour empêcher la parution d’un article de soutien en faveur de Kamala Harris, si l’on en croit Le Figaro. La décision de Bezos a quoiqu’il en soit été soutenue par l’entourage du président américain, à l’image du directeur de la communication de la Maison Blanche, Steven Cheung, ou d’Elon Musk. Au sein même du journal, le responsable des pages économiques a dénoncé une immixtion du propriétaire et annoncé qu’il démissionnerait si « Bezos tent[ait] de s’ingérer du côté des informations ».
Une décision… et une sanction ?
Si le Washington Post aurait perdu 200 000 abonnés suite à la diffusion de l’allégation selon laquelle la tribune en faveur de Kamala Harris aurait été « censurée », c’est cette fois à 75 000 désabonnements auxquels ferait face le journal suite à la décision de Jeff Bezos. Ce chiffre, issu de la National Public Radio (NPR) étant issu d’une source interne du titre, n’a pas été confirmé par la rédaction qui a refusé de commenter du fait de son statut de société privée. La presse française voit quoiqu’il en soit cette décision comme la preuve des gages d’allégeance que le milliardaire, patron de la tech qui était « dans les premiers rangs » lors de l’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025, voudrait donner au président pour mieux s’en rapprocher. Remarquons au passage que la NPR est proche du parti démocrate ce qui relativise l’information.
Rodolphe Chalamel