Romancier, journaliste… et lobbyiste
Romancier prolifique, ancien patron contesté du Monde, apôtre de la bien-pensance pour certains, Éric Fottorino a commencé sa carrière au quotidien Le Monde comme journaliste avant d’en grimper les échelons pour en finir directeur. Il est souvent décrit comme un homme aux identités multiples, qu’elles soient professionnelles ou culturelles.
Né en août 1960 à Nice (Alpes-Maritimes), il est le fils d’une infirmière, Monique Chabrerie, enceinte à 16 ans d’un juif marocain, « Moshé Maman, patronyme transformé en Maurice Maman, médecin juif marocain » (lexpress.fr) ayant exercé à Rabat et Toulouse, qu’elle ne pourra pas épouser car « la famille ultra-catholique s’opposa à leur union et répudia la fille-mère, qui mit seule au monde leur enfant » (nouvelobs.com). Il évoque l’absence de son père, ses origines (« fils de Mardochée, petit-fils de Yahya, juif berbère analphabète », Ibid.) dans ses livres Questions à mon père et Le marcheur de Fès : « Comme tous les siens, le Juif marocain a rêvé de s’intégrer à la France, de parler sa langue, d’y construire sa maison, sa famille, son avenir. (…) À chaque pas, je suis tombé sur ce père longtemps inconnu. Jusqu’à tomber sur moi, à l’improviste. » (calmann-levy.fr) Sa mère épousera plus tard un kinésithérapeute d’origine tunisienne, Michel Fottorino, qui donnera son nom au petit Éric Bruno. Il se suicidera en se tirant une balle dans la bouche, le 11 mars 2008, sur un parking de La Rochelle. Éric Fottorino aborde cette histoire dans l’Homme qui m’aimait tout bas.
Il est marié avec Nathalie (ou Natalie selon Éric Fottorino), de son nom de jeune fille Thiriez (née en juillet 1965). Ensemble, ils ont créé en juin 2012 la SARL « Le Septicolore » au capital de 3 000 euros, dont l’un des objets est « toutes prestations de services, d’assistance, de formation, d’étude, de rédaction et de conseil aux entreprises dans le domaine de la presse, des médias, de l’édition, de la communication, la représentation, l’image et l’identité d’entreprise, le parrainage et la promotion en général, sous toutes ses formes et sous tous supports, existants ou à venir. » Nathalie Fottorino est de longue date impliquée dans la lutte contre le SIDA en tant que marraine de l’association « Orphelins Sida International ». À ce titre, elle s’est fendue d’une tribune libre en novembre 2001 dans le journal communiste L’Humanité.
Le couple e eu quatre filles Alexandra, Elsa, Constance et Zoé et réside à Maisons-Laffite dans les Yvelines. Alexandra est caviste, sommelière et formatrice indépendante en vin et spiritueux. Elle a scénarisé en 2022 une bande dessinée autobiographique dans laquelle elle dénonce le sexisme du monde du vin. Elsa est journaliste musicale, rédactrice en chef du magazine Pianiste, et romancière. Zoé, quant à elle, poursuivait des études de psychologie.
Formation
- Lycée Fénelon à La Rochelle puis une licence à la faculté de droit.
- Institut d’Études Politiques (IEP) de Paris diplômé en 1983.
Parcours professionnel
1982
Pigiste au quotidien Libération
1984–1985
Pigiste à La Tribune de l’Économie
1986
Il entre au journal Le Monde. Éric Fottorino est d’abord journaliste spécialisé dans tout ce qui touche aux matières premières et plus généralement au continent africain. Il est parallèlement Chargé de conférences à l’IEP de Paris de 1992 à 1995. Il devient Grand reporter (1995–1997), Rédacteur en chef (1998–2003) puis Chroniqueur (2003–06).
1992 à 1995
Chargé de conférences à l’IEP de Paris.
2005
Il est chargé de préparer la nouvelle formule du quotidien.
Mars 2006
Nommé Directeur de la rédaction en remplacement d’Edwy Plenel
Juin 2007
Éric Fottorino est élu Directeur du Monde.
Janvier 2008
Élu président du directoire du groupe La Vie-Le Monde par les membres du Conseil de surveillance. Il sera révélé plus tard que sa nomination fût le résultat d’un pacte entre Alain Minc, président du conseil de surveillance du quotidien et porte-parole des actionnaires extérieures, et Fottorino : si Fottorino était élu, il devait évincer le président de la Société des rédacteurs du Monde, le chroniqueur judiciaire Jean-Marie Dumay, dont l’intransigeance déplaisait aux actionnaires. « Le 25 janvier 2008, lors d’un conseil de surveillance de plus de six heures, Dumay est poussé à la démission. S’ensuivra une mise au rebut pour lui qui a, comme bien d’autres, dénoncé la trahison de Fottorino. Dumay est « blacklisté », mis au placard en janvier 2009, perdant son poste de chroniqueur » (Forbes).
Décembre 2010
Il est révoqué par le conseil de surveillance du Monde et doit céder son fauteuil de président du directoire à Louis Dreyfus, un proche collaborateur de l’un des nouveaux acquéreurs du Monde, Matthieu Pigasse.
Avril 2014
Il lance, avec Laurent Greilsamer et le soutien financier très conséquent du milliardaire Henry Hermand , le journal Le 1, qui traite chaque semaine d’une grande et unique question d’actualité en donnant la parole à des intellectuels, des artistes, des journalistes, etc.
2017
Avec François Busnuel, Eric Fottorino est à l’initiative de la parution de la revue trimestrielle America, dont le premier numéro paraît en printemps 2017 et est aussitôt écoulé à 37 000 exemplaires. Cette publication, à mi-chemin le format du magazine et du livre fait la part belle aux contributions d’écrivains américains et est conçue comme un outil de résistance culturelle au trumpisme, comme l’OJIM l’avait noté à l’époque. La parution est censée prendre fin mi-2020, une fois le premier mandat de Trump terminé.
Mars 2019
La rédaction du 1 met en œuvre son nouveau projet en mars 2019 en publiant une seconde revue trimestrielle baptisée Zadig. Comme America était une réaction à l’élection de Trump, Zadig se veut une réaction à l’élection d’Emmanuel Macron (« dont la start-up nation ne parlait à personne » dixit Fottorino) et le premier numéro, rassemblant des textes d’écrivains sur l’état de la France comme elle va, ou plutôt comme elle ne va pas (on retrouve Régis Jauffret, Leïla Slimani et Marie Darrieussecq au sommaire du premier numéro, un petit monde libéral libertaire peu éloigné du macronisme finalement), rencontre un franc succès éditorial et s’écoule à 90 000 exemplaires.
Juin 2020
Rebelote l’année suivante. Fottorino tente un nouveau coup en lançant un nouveau trimestriel sobrement baptisé Légende.
Juin 2022
Il est coopté membre de l’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste (ASPDH), propriétaire du groupe Ouest-France. Un an plus tôt, il était récompensé par le prix littéraire Ouest-France pour son roman Mohican. Selon certaines rumeurs, il serait pressenti pour prendre la tête du directoire du quotidien régional le plus important de l’Hexagone.
Parcours militant
Non renseigné
Ce qu’il gagne
Selon Libération, Eric Fottorino perçevait 17 500 euros par mois en tant que directeur de la rédaction du Monde en 2007.
Publications
Essais
- Les Années folles des matières premières : 1972–1987, Hatier, 1988
- Le Festin de la terre : l’histoire secrète des matières premières, Lieu Commun, 1988
- La France en friche, Lieu Commun, 1989.
- La piste blanche : l’Afrique sous l’emprise de la drogue, Balland, 1991
- Besoin d’Afrique, Fayard, 1991
- L’Homme de terre, Fayard, 1993
- Mille et un soleils [paroles du Maghreb en France], stock, 1995
- Aventures industrielles, Stock, 1996
- Voyage au centre du cerveau, Stock, 1998
- Cœur d’Afrique Stock, 1998 (Prix Amerigo Vespucci)
- Je pars demain, Stock, 2001
- Béghin-Say, une saga industrielle, P. Rey éditeur, 2002
- 2003 : C’est mon tour (avec Jean-Marie Catonné, Gérard Mordillat et Jean-Bernard Pouy), Eden, 2003
- Lire tue (avec Nicolas Vial), éditions des équateurs, 2005
- Le Tiers sauvage, Album Gallimard, 2005
- Marée basse (avec Éric Guillemot), Album Gallimard, 2006
- Paris Plages : De 1900 à aujourd’hui, Hoebeke, 2010
- Femmes éternelles (avec le photographe Olivier Martel), Philippe Rey éditeur, 2011
- Mon tour du « Monde », Gallimard, 2012
- Berbères (avec le photographe Olivier Martel), Philippe Rey éditeur, 2012
- En Afrique, Denoël, 2014
- Partout sauf en Afrique, Denoël, 2014
- Fils de Berbères (édition revue et augmentée de Berbères, 2012), Philippe Rey, 2014
- Trois jours avec Norman Jail, Gallimard, 2016
- Macron par Macron, éditions de l’Aube, 2017
- Romain Gary, le visionnaire, éditions de l’Aube, 2019
- Le temps suspendu, avec Nicolas Vial, éditions de l’Aube, 2020
Romans
- Rochelle, Fayard, 1991
- Moi aussi je me souviens, Balland, 1992
- Les Éphémères, Stock, 1994
- Nordeste, Stock, 1999
- Un territoire fragile Stock, 2000 (Prix Europe 1 et le Prix des Bibliothécaires)
- Caresse de rouge, Gallimard, 2004 (Prix François Mauriac de l’Académie Française)
- Korsakov, Gallimard, 2004 (Prix des libraires et Prix France Télévisions)
- Baisers de cinéma, Gallimard, 2007 (Prix Femina)
- Petit Éloge de la bicyclette, Gallimard, 2007
- L’Homme qui m’aimait tout bas, Gallimard, 2009
- Questions à mon père, Gallimard, 2010
- Le Dos crawlé, Gallimard, 2011
- Le Marcheur de Fès (récit), Calmann-Lévy, 2013
- Suite à un accident grave de voyageur, Gallimard, 2013
- Petit éloge du Tour de France Folio, 2013
- Chevrotine, Gallimard, 2014
- Trois jours avec Norman Jail, Gallimard, 2016
- Dix-sept ans, Gallimard, 2018
- Marina A, Gallimard, 2021
- Mohican, Gallimard, 2021
Vidéo
- La dette ou la vie / Don Kent, réal. ; Michel Polac, présent. ; Jean Baneth, Gustave Massiah, Éric Fottorino, 1992
Collaborations
Avril 2018
Il est reçu par la fondation Jean Jaurès, le laboratoire d’idées du Parti Socialiste le plus influent après Terra Nova, pour donner son éclairage sur le thème suivant : « La presse écrite va-t-elle survivre ? Réflexion sur un modèle économique en péril ? »
Octobre 2017
Il participe à une table ronde organisé par HEC débats dans les locaux de l’école sur le journalisme aux côtés d’Audrey Pulvar, Valentine Oberti et Fabrice Arfi de Médiapart.
Juillet 2015
Féru de cyclisme, ll est consultant Francetv Sport lors des éditions 2015 et 2016 du Tour de France. Il est recruté par Daniel Bilalian, alors directeur des sports pour succéder à Jean-Paul Ollivier, le Nelson Monfort du cyclisme.
Juillet 2013
Il organise avec sa femme Nathalie Thiriez le « Tour de fête » « en compagnie de vingt-trois jeunes cyclistes amateurs, 5 filles et 18 garçons, représentant la diversité de la société française. »
2012
Invité lors de la première édition du Printemps des entrepreneurs organisé par le MEDEF Lyon.
2012
Invité lors de la 2ème Université d’été du MEDEF Côte-d’Or sur le thème « Langages de l’engagement »
2012
Invité lors du cinquième salon du livre de la fédération de Paris de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).
2011
Invité lors des entretiens du Jeu de Paume, Table ronde : « Les noces de la politique et de la communication ».
2011 : Animateur de tables rondes lors quatrième salon du livre de la fédération de Paris de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).
2009
Il parraine via le quotidien Le Monde « les Dîners de l’Atlantique » (2009) organisés par Félix Marquardt, son frère Maximilien, Marquardt & Marquardt (2007) et Anne-Laure Kiechel, gérante chez Rothschild & Cie (actionnaire de Libération), Faits et documents, n°364 du 15 au 31 octobre 2013.
2009
Invité du deuxième salon du livre de la fédération de Paris de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). Il mène une Table Ronde sur les migrations internationales avec Benjamin Stora, Hubert Védrine et Catherine Wihtol de Wenden.
2009
Invité de l’université d’été du MEDEF au débat « La Toile va-t-elle craquer ? »
Il l’a dit
« Je n’ai jamais imaginé que l’on pourrait mettre côte-à-côte les mots « crimes » et « solidarité ». Est-ce qu’un continent comme l’Europe est si fragile qu’il ne peut pas accueillir des centaines de milliers d’immigrants? Je ne crois pas. Ce ne sont pas des migrants, ce sont des gens qui fuient la guerre, la torture, une misère absolue », « 28 minutes », Arte, 11/12/2022.
« J’ai voulu avec cette revue raconter la France au plus près, faire émerger des réalités peu connues ou que l’on croit connaître mais que des récits précis font apparaître de façon réaliste. L’idée de Zadig est de réparer la France en pointant numéro après numéro ses difficultés mais aussi et surtout les actions de celles et ceux qui n’attendent pas l’Etat pour agir là où ils vivent pour retisser des liens humains, créer de la richesse, imaginer des issues de secours pérennes et stimulantes. », 78 actu, mars 2019.
« On a voulu créer un journal indépendant de tout pouvoir et traiter les sujets sans tabou. C’est ce qui est très excitant dans cette aventure : on ne s’interdit rien. De plus en plus, les régies publicitaires et les annonceurs peuvent décider directement des contenus des titres de presse. Avec Le 1, on a voulu manifester une priorité pour le lecteur, tout en essayant de se mettre à sa place. On voulait lui permettre d’accéder rapidement à un sujet de fond, et d’en varier les angles en s’adressant à un historien, un anthropologue, un universitaire, un philosophe… », actu.fr, 18 mars 2016.
« J’ai ressenti la peur, l’angoisse, oui, mais était-ce parce que j’avais été un enfant abandonné ? Ou parce que je suis fils d’un juif ? Je n’ai pas fait la part des choses. Mais la judéité ne s’est pas imposée, non. Maurice lui-même a pris ses distances, il se qualifie de “juif culturel”. Moi, je ne veux pas être un imposteur, je resterai toujours à distance de cette religion », « Éric Fottorino : “On peut aimer plusieurs pères comme on peut aimer plusieurs enfants” » (lexpress.fr)
« J’aurais pu tomber sur un salaud [père biologique], c’est vrai. Or, c’est un type exceptionnel. Je le dis aujourd’hui, mais longtemps je l’ai considéré comme un lâche, un irresponsable. D’ailleurs, il avait toujours le mauvais rôle dans mes romans, de Rochelle à Korsakov », Ibid.
« À propos de la fausse agression dans le RER D : “Pendant treize minutes, Marie a été juive. Treize minutes qui lui ont paru interminables. Juive dans le regard de six mauvais garçons d’origine maghrébine et africaine, des gamins de banlieue qui en voulaient pour commencer à son argent. On est juif d’abord dans le regard de l’autre. Donc Marie, 23 ans, et sa petite fille de 13 mois dans sa poussette par la même occasion, toutes deux ont été juives. Treize minutes. (…)Quand la haine fait son métier de haine sans être inquiétée, tranquillement, injures et lames sorties, quand la bêtise fait son métier de bête, il faut alors que les mots fassent leur métier de mots. Qu’ils fassent mouche comme des projectiles. Qu’ils ne fassent pas peur. N’ayons donc pas peur des mots. Vendredi, dans le RER D, une jeune femme devenue juive pendant treize minutes sous le regard féroce de six agresseurs a été victime de méthodes de nazis. Et face à ces petites frappes il ne s’est trouvé aucune voix, aucune main secourable. Si bien que l’indignation est partagée entre l’acte odieux et l’odieuse passivité de passagers qui, s’ils n’ont pas vu directement la scène, l’ont au moins entendue. Avoir le courage physique de rentrer dans le lard d’une bande armée est une chose. Donner l’alerte en est une autre. (…) Pendant ce temps, on imagine la frayeur de Marie, les gestes qu’elle aura dû accomplir pour effacer de sa peau trois croix gammées. De sa peau, pas de sa mémoire », « Méthode de nazis », Le Monde, 13/07/2004.
« Écrire dans l’instant, dans l’émotion de l’instant, c’est la tâche du chroniqueur. On ne saurait regretter une émotion sincère devant un fait donné pour avéré. Dénoncer un acte antisémite était notre rôle, notre devoir. À condition qu’acte antisémite il y ait eu. Or il ne s’est rien passé. Le doute qui aurait dû nous guider ne saurait désormais nous paralyser. Se tromper, être trompé, voilà un risque du métier. Il faut l’assumer. Sans renoncer à s’indigner de nouveau si, demain, un véritable acte raciste comme il y en a tant et trop en France venait à se reproduire », « Les risques du métier », Le Monde, 15/07/2004.
« Si je me suis personnellement et nettement prononcé pour le rachat du groupe par Le Monde libre (…), c’est sur la base d’engagements forts et clairs pris par MM. Bergé, Niel et Pigasse: (…) s’appuyer sur son management, sur ses équipes, pour redresser la situation financière et mettre en œuvre une stratégie définie en commun. Depuis la mi-novembre, aucun de ces engagements n’est tenu », « Le Monde: Fottorino “déçu” et “trahi” », lejdd.fr, 15/12/2010
« Que de personnalités injustement malmenées, semoncées voire jugées dans nos colonnes ! L’erreur fut souvent de prendre nos excès pour l’expression de l’indépendance, quand ils n’étaient qu’insignifiance », « Le Monde, explication de textes », lejdd.fr, 03/11/2010
« La France est un pays de diversité, de respect et de tolérance, de solidarité et de partage. On est différent pas seulement aux niveaux de nos origines mais aussi dans notre façon de penser », « « La diversité, et si on en faisait le tour ? », respectmag.com, 25/07/2013
« Les coureurs professionnels ne sont pas représentatifs de la France, en grande majorité blancs et de classe moyenne », Ibid.
« Certains sont de “bons Gaulois”, sourit-il, des Bretons, des Normands… Et puis il y a des jeunes franco-algériens, franco-marocains, franco-kurdes… Un autre vient de Guadeloupe. C’est la France telle qu’elle est. Il est possible d’accomplir un rêve, mais ce que l’on ne peut imaginer faire tout seul peut se réaliser à plusieurs, en collectif », « Bilan de fin d’étape du peloton fraternel », Le droit de vivre (magazine de la LICRA) octobre 2013.
« Il n’y a pas d’élan volontariste, religieux ou mystique, juste une curiosité envers une culture [juive] dont j’ai été tenu éloigné. Je suis touché par le rituel, ces moments radieux aux cours desquels on se réunit pour célébrer quelque chose. Bien qu’étant foncièrement individualiste, j’aime l’idée d’une communauté, où l’on se sent protégé, écouté et solidaire », « Éric Fottorino : L’identité réconciliée », www.cclj.be, 09/06/2010.
« Plus manquera l’eau, plus se renchérira la nourriture, plus il fera chaud, plus souffriront les pauvres, les plus fragiles de nos sociétés. Les victimes de la canicule de 2003 en France ou celles, non secourues, de l’ouragan Katrina en Louisiane, pendant l’été 2005, en furent des exemples éloquents », « Le vert est mis », Le Monde, 09/06/2009.
« Je ne serai pas le directeur qui laissera enterrer Le Monde de Beuve-Méry », Un si petit Monde d’Odile Benyahia-Kouider.
« Le Monde a rejoint la cohorte de ces titres renommés dont le sort est désormais lié au capital et au bon vouloir des capitaines d’industrie ou de finance », Le Monde Diplomatique, juillet 2012.
Sa nébuleuse
IEAG
Éric Fottorino est administrateur de l’IEAG, l’Institut Européen d’Analyse Géo-Economique, une entreprise créée en 2000 au chiffre d’affaire de 874 369 euros, spécialisée dans les études de marché et les sondages. Ce présentant comme un « laboratoire d’idées », ce think-tank mondialiste a été conçu par « ESL & Network » dont les activités s’organisent autour de « la stratégie amont et la veille ; le lobbying juridique et financier ; les Affaires Publiques françaises et européennes ; le financement public et européen ; la formation aux Affaires Européennes ; la communication stratégique et l’événementiel ». Le directoire d’ « ESL & Network » est constitué de : Alexandre Medvedowsky (Conseiller général du Parti Socialiste du canton de Peyrolles, Conseiller municipal d’Aix-en-Provence et président du Technopôle de l’environnement Arbois-Méditerranée) ; Henri Thomé (délégué général Europe assurant la direction de la Représentation européenne de Bouygues SA, basée à Bruxelles, pour l’ensemble des métiers du Groupe : Bouygues Construction, Bouygues Immobilier, Bouygues Telecom, Colas et TF1. Il est membre du Conseil de Groupe, président du Club des représentants des grandes entreprises françaises à Bruxelles, et membre du conseil d’administration du think tank Confrontations Europe, dont le président est Philippe Herzog) et Steven Zunz, ancien assistant parlementaire du député UMP Christian Estrosi et co-président (via l’entreprise Perroquet Institutionel Communication) de la société de lobbying de « Domaines Publics » avec Jean-Michel Arnaud (via l’entreprise CAUSALIS) et Frédéric Lefebvre (2007–2009), ancien secrétaire d’État aux PME et au tourisme de Nicolas Sarkozy.
L’Institut Européen d’Analyse Géo-Economique, IEAG « propose, à travers les échanges entre personnalités du monde de l’entreprise, de l’économie, du politique et du social une réflexion sur ces sujets transverses, prospectifs et à l’échelle de l’Europe ». Ce think-tank « organise deux à trois fois par mois des petits-déjeuners thématiques autour d’une personnalité du monde des affaires, de la politique, du milieu syndical ou de celui de la culture » dont la liste des invités donne une idée de l’importance de ce laboratoire d’idées dans le monde économique ou médiatique : Clara Gaymard (GE), Richard Descoings (Sciences Po), Marwan Lahoud (EADS), Éric Revel (LCI), Denis Olivennes (Lagardère Active), Pierre Antoine Gailly (CCIP), Charles de Courson (député), Stéphane Richard (Orange), Jacques Toubon (Hadopi), Bruno Lasserre (Autorité de la concurrence), Pierre-Henri de Menthon (Challenges), François Drouin (Oseo), François Xavier Pietri (TF1), Christian Saint-Etienne (économiste), Jean-Marc Vittori (Les Échos), Alexis Brézet (Le Figaro), Emmanuel Pitron (RATP), Alain Lamassoure (député européen), Jean-Marie Chevalier (économiste), Jean-Paul Betbèze (économiste), Pierre André de Chalendar (Saint-Gobain), etc…
Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA)
La Licra Paris « organise depuis plusieurs années en partenariat avec la mairie du 6e Arrdt. de Paris le Salon du livre antiraciste, manifestation culturelle de grande ampleur réunissant de nombreuses personnalités du monde de la culture engagées dans la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. »
Maurice Lévy
PDG de Publicis Groupe depuis 1987 (troisième groupe de communication au monde par le chiffre d’affaires). « Quant au quotidien, il omit de mentionner le fait que Publicis est actionnaire (à 49 %) de la régie du groupe Le Monde, M Publicité. Les dirigeants successifs du journal entretiennent des relations privilégiées avec M. Lévy, au point que l’un d’entre eux, M. Éric Fottorino, a reconnu avoir renoncé, sur les conseils de cet « ami », à un éditorial dénonçant les pressions de M. Nicolas Sarkozy dans le processus de recapitalisation du groupe de presse, en 2010 » (monde-diplomatique.fr).
Henry Hermand
Le millionaire français ayant fait fortune dans la grande distribution, proche de Rocard et conseiller de Macron sur ses vieux jours, a misé sur Fottorino après que ce dernier a été remercié du monde, comme le relate Stratégies : « Mais un autre dirigeant d’entreprise, Henry Hermand, qui a fait fortune dans la grande distribution, lui donne carte blanche pour bosser sur un projet et l’épater. Il planche d’octobre 2012 à juin 2013 avec Laurent Greilsamer et Natalie Thiriez. Ce sera Le 1. Henry Hermand les pressait de réussir du haut de ses 90 ans. « Un mois pour vous, c’est un an pour moi. » Il est mort en ayant eu la satisfaction de voir ses deux derniers rêves devenir réalité : Le 1 et l’élection d’un jeune homme qu’il jugeait prometteur : Emmanuel Macron ». Avant son décès, l’homme d’affaires aurait investi 2.5 millions d’euros dans l’hebdomadaire, dont il était actionnaire à 51%.
Ils ont dit
« Je ne le voyais pas diriger une équipe. C’est un loup solitaire. Pas un chef de meute.[…] C’est une chose de mener dix personnes, affirme Alain Minc. C’en est une autre de diriger une rédaction de 500 journalistes », Alain Minc, Forbes, 26/03/2021.
« Le tout en parant les aventures fottorinesques des atours de « l’indépendance », du « risque », et en fabriquant le mythe d’un « self-made-man », tellement « self-made » qu’il peut compter sur l’appui de capitaux solides et de fortunes bien établies. Rien de « nouveau » sous le soleil de la presse culturelle donc, dont l’entre-soi structurel a encore de beaux jours devant lui. À Yann Barthès qui lui demandait en un mot ce que signifiait « être journaliste », Éric Fottorino répondait, solennel : « Accepter d’être bousculé par le réel ». C’est dire si depuis deux mois la tête doit lui tourner. », Acrimed, 13/05/2019.
« Éric a grandi en vouant une affection débordante à son père adoptif et en éprouvant une détestation encombrante pour son père biologique. C’est qu’il croyait avoir été abandonné. Il ignorait ce que Maurice avait enduré au prétexte qu’il était étranger et juif. Et que l’opprobre des bien-pensants allait toujours le poursuivre : “Etre juif, confie le vieil obstétricien, c’est avoir peur.” », « Le Grand Maman d’Éric Fottorino », bibliobs.nouvelobs.com, 01/06/2010.
Jean-Marie Colombani : « Éric Fottorino règne depuis trois ans et demi sur ce quotidien. Trois ans et demi, c’est en général suffisant pour dresser un bilan à l’image d’un président américain à mi-mandat. Or celui-ci porte un nom : la faillite ! (…) Toute sa politique depuis qu’il est en place a consisté non pas à bâtir, mais à déconstruire, non pas à développer, mais à détruire ce que nous avions pas à pas contribué à édifier. Et que je sache, Éric Fottorino, que j’ai installé et promu, n’a eu de cesse d’approuver, durant ces longues années, la stratégie que j’avais mise en place. Jamais je ne l’ai entendu critiquer ce que j’avais décidé et organisé pour développer ce groupe. (…) N’est pas directeur du Monde qui veut ! », « Les propos d’Éric Fottorino sont indignes » blogs.lexpress.fr, 04/11/2010.
Un journaliste du Monde : « Il fait le tour des salons et des plateaux pour parler de ses blessures intimes, alors qu’il se passe des choses importantes à la rédaction. Son objectif : entrer à l’Académie. Au moment où le changement d’actionnaires se jouait cet été, il sortait un livre sur les berges de Seine », « Éric Fottorino, patron du Monde, a‑t-il signé sa disgrâce ? », rue89.com, 08/11/2010.
« Éric Fottorino a trompé les assemblées générales des sociétés de personnels. Je considère que le consentement a été vicié. Sa nomination comme président du groupe est nulle et non avenue. Je ne reconnais pas sa légitimité. Comme je l’indique dans un courriel que j’envoie au conseil de surveillance : “On ne construit pas l’avenir sur un mensonge”. Qui plus est, j’ai passé mon temps a essayer de l’aider, notamment au niveau du droit, pour qu’il puisse reprendre sa démission, et in fine pour devenir président du groupe », Jean-Marie Dumay, Nouvel Obs, 30/01/2008.
Crédit photo : Turb via Wikimédia (cc)