C’est ce que laisse entendre Le Journal du Dimanche qui, dans une enquête publiée le 16 mars dernier, met en doute ses confères du Monde.
Selon l’agenda confidentiel de François Hollande, dont le JDD a eu connaissance, « pour la journée du 7 mars, Hollande, à 19 heures ce jour-là, reçoit en audience privée les deux journalistes du Monde auteurs de l’article mettant en cause Sarkozy et son avocat ». Le JDD s’interroge : « Pourquoi cette réunion, justement ce vendredi soir, alors que télé et radio évoquent en boucle “la nouvelle affaire Sarkozy”? » Le quotidien du soir s’est-il entendu avec le chef de l’État pour faire paraître cet article en pleine « affaire Sarkozy » ?
L’un des auteurs s’en défend : « Le 7, lors de notre rendez-vous l’information était déjà sortie, et il nous fallait au moins deux jours pour préparer cet article. » Mais le JDD persiste : deux jours, c’est justement le temps qui sépare la publication de l’article de la date à laquelle Hollande prétend avoir été informé des perquisitions réalisées chez l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Herzog… De quoi éveiller la suspicion.
Et le journal de conclure : « Une chose est sûre, s’il ne veut pas “s’immiscer dans les affaires de son rival”, le Président semble donc fréquenter volontiers ceux qui enquêtent sur lui. »
Dans un édito publié ce lundi 17 mars, la présidente du Monde a tenté de détourner l’attention en rappelant que « le poids du vrai scandale pèse bien sur Nicolas Sarkozy, pris dans les rets d’instructions judiciaires sans précédent pour un homme ayant occupé les plus hautes fonctions de l’Etat ». Et d’ajouter que « le gouvernement avait déjà multiplié maladresses et mensonges. En s’embrouillant, il a fait planer le soupçon d’une utilisation dévoyée des écoutes judiciaires, comme si être informé signait une obscure complicité. Samedi, François Hollande a endossé cette politique du faux-fuyant. Ouvrant ainsi la porte à toutes les élucubrations. »
« On a pu en avoir un avant-goût ce dimanche en lisant certains confrères de la presse qui laissaient entendre que Le Monde aurait participé à une sourde conspiration politique en révélant, le 7 mars, l’existence des écoutes », poursuit-elle avant de conclure, sans toutefois répondre directement aux questions soulevées par le JDD : « Faut-il rappeler que Le Monde exerce son métier d’informer dans la plus totale indépendance, hors de toute préoccupation partisane ? » Peu convainquant ?
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