« Le pire prédateur sexuel de l’histoire du pays. » C’est ainsi que la police londonienne a décrit l’ex-présentateur vedette de la BBC, Jimmy Savile, suite à une enquête rendue publique jeudi 26 juin.
Commandée par le ministère de la Santé, cette enquête révèle les pratiques monstrueuses de Savile, décédé un an avant qu’une autre enquête journalistique n’expose au grand jour la face cachée du personnage. Et le tableau n’est pas beau à voir.
Président d’une association caritative qui a levé près de 4 millions d’euros pour l’hôpital de Leeds, Jimmy Savile jouissait par ce biais d’une sorte de droit d’aller et venir au sein de l’établissement. L’occasion pour lui de se livrer à toutes sortes d’agressions sexuelles, attouchements et harcèlements sur le personnel médical, les visiteurs et les patients d’un âge allant… de 5 à 75 ans. L’enquête révèle également que Savile avait l’habitude de regarder « les patientes se déshabiller » et de « faire des commentaires déplacés ».
Pire, l’ex-animateur de la BBC disposait, en tant que brancardier bénévole, d’un accès libre à la morgue de l’hôpital… Poussant l’ignoble au-delà des limites, ce dernier se serait vanté d’avoir « eu des relations sexuelles avec des morts et de s’être fabriqué des bijoux avec les yeux de verre de cadavres », selon Sue Proctor, en charge de l’enquête au sein de l’hôpital.
En tout, Jimmy Savile a sévi sur 33 patients, dont 19 enfants, agissant aussi bien « dans les couloirs, les bureaux ou les salles de gardes ». « Neuf victimes ont alerté un membre de l’équipe médicale, mais aucune de ces accusations n’ont été rapportées aux autorités supérieures », souligne le rapport, qui n’apporte pas plus d’explications.
« Narcissique » et « arrogant », Savile a même étendu son territoire de chasse à l’hôpital psychiatrique de Broadmoor. « Les relations sexuelles entre les patients et le personnel médical étaient une pratique connue, ce qui a pu décourager les victimes de Savile de porter plainte », a rapporté Bill Kirkup, en charge de l’enquête pour l’hôpital psychiatrique.
Désormais, la question qui se pose est : comment cela a‑t-il pu arriver durant tant d’années (de 1962 à 2009 !), dans le silence total et l’ignorance du grand public ? « Au moment des faits, personne ne s’est demandé pourquoi il se trouvait toujours dans l’hôpital », a souligné Sue Proctor. De son côté, le ministre de la Santé, Jeremy Hunt a présenté jeudi devant le Parlement les excuses du gouvernement aux victimes, reconnaissant « qu’à l’époque on ne les avait pas crues ».
Une étrange explication, qui pourrait conduire à penser que Jimmy Savile, jouissant de sa grande notoriété outre Manche, a pu être couvert par les autorités où encore par les établissements qu’il finançait dans des buts morbides… L’enquête en dira peut-être plus sur le sujet.
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