Le lectorat de Valeurs actuelles est-il si réac’ ? Pour qui le public d’Hanouna vote-t-il ? Une étude de l’IFOP pour Marianne, passée quasiment inaperçue, permet de classer les médias dont le public est le plus libéral-libertaire, et dogmatique. Quels sont les médias dont le public est le plus libéral-libertaire ? En compilant les données apportées par une étude IFOP pour Marianne analysant le vote du 9 avril « selon les pratiques médias », nous sommes en mesure d’établir un classement idéologique des publics médiatiques.
Le TOP du libéral-libertaire
Ce classement confirme l’entre-soi de plusieurs médias. Car sans surprise, ce sont bien des médias réputés libéraux-libertaires qui attirent un public régulier identique :
- France Inter : +82 (87% des auditeurs réguliers votent pour un candidat du bloc libéral-libertaire, seulement 5% pour un candidat du bloc national) ;
- Arte Journal : +74 (82% libéral-libertaire, 8% national) ;
- L’Humanité : +67 (83% libéral-libertaire, 16% national) ;
- Libération : +62 (79% libéral-libertaire, 17% national) ;
- JT France 2 : +58 (75% libéral-libertaire, 17% national) ;
- Le Monde et Quotidien : +55 (75% libéral-libertaire, 20% national pour Le Monde ; 76% libéral-libertaire, 21% national pour Quotidien).
Or, parce qu’un public est en mesure d’influencer le ton d’un média, l’entre-soi est un frein indéniable à la neutralité d’un média et dès lors à sa qualité informationnelle. Il est aussi le fruit d’une ligne éditoriale potentiellement dogmatique.
Inversement, voici les publics médiatiques qui sont le moins libéraux-libertaires :
- Valeurs Actuelles : -9 (41% libéral-libertaire, 50% bloc national) ;
- CNews : +8 (50% libéral-libertaire, 42% national) ;
- Hanouna : +15 (55% libéral-libertaire, 40% national) ;
- RMC : +16 (53% libéral-libertaire, 40% national) ;
- Le Figaro : +20 (53% libéral-libertaire, 33% bloc national).
Les écarts sont donc beaucoup moins nets, et la diversité idéologique plus évidente parmi les médias réputés plus droitiers.
Méthode
L’étude IFOP/Marianne rapporte les votes au premier des spectateurs et lecteurs des principaux médias français. Ce sondage apporte des données d’un grand intérêt. L’analyse de Marianne l’est tout autant. Toutefois, l’hebdomadaire suit les lignes de fracture droite/gauche et élite/populistes. Bien sûr, celles-ci ne sont pas fausses. Ainsi la grille de lecture libéraux-libertaires/nationaux, complémentaire, permet-elle de dévoiler par exemple l’homogénéité idéologique des médias.
L’OJIM a donc relu l’étude de l’IFOP en subdivisant les médias selon un arc libéral-libertaire qui s’étend de Mélenchon à Macron et un bloc national unissant Zemmour, Dupont Aignan et Le Pen. Suivant cette ligne de fracture, Lassalle et Pécresse sont donc les centristes entre ces deux blocs (l’une en raison de son électorat mixte, l’autre du fait de son électorat enraciné). Cette fracture reflète d’ailleurs le choix potentiel du 2nd tour, qui ne pouvait être évoqué dans l’étude de l’IFOP publiée le 10 avril.
La France de Cyrille Hanouna
C’est chez « Touche pas à mon poste ! » que l’on trouve la « France fâchée », note Marianne. Mélenchon et Le Pen s’y partagent en effet la part du lion : 30% chacun. Emmanuel Macron y tombe quant à lui à 19%, et Zemmour à 9. Mais la fracture libéraux-libertaires contre nationaux dévoile davantage le pluralisme de cette émission. C’est ironiquement chez le juif sépharade Hanouna que l’on trouve un taux d’électeurs nationaux : 41%. Quoi de plus étonnant ? Evidemment démago et vulgaire, très certainement libéral-libertaire, Cyril Hanouna a pourtant, dans le même mouvement, entretenu une certaine tolérance à l’égard des opinions un tantinet dissidentes. Ce n’est pas un hasard si les candidats ont tous défilé sur son plateau, sans doute pour y trouver des voix manquantes.
C’est aussi la France de RMC. Celle-ci vote à 34% pour Marine Le Pen, 29% pour Mélenchon, 20% Macron et seulement 5% Zemmour. On remarquera par ailleurs qu’un auditeur de NRJ a plus de chances de voter national qu’un auditeur de la radio du service public France Inter. Malheureusement, le sondage n’apporte aucune indication pour Sud Radio, qui n’a pas manqué de contribuer au pluralisme des opinions en France ces dernières années.
Parmi les lecteurs des médias qualifiés « d’extrême-droite », un véritable pluralisme électoral
Valeurs actuelles est, au vu des chiffres compilés, la plus grande exception au libéralisme-libertaire dominant. Son lectorat se subdivise en trois parties quasiment égales. 25% vote Le Pen et 24% Zemmour… et 26% vote Macron. Faisant ainsi dire à Marianne que VA réunit les trois droites du politologue René Rémond (respectivement : bonapartiste, légitimiste/contre-révolutionnaire, et enfin orléaniste).
Et quid de CNEWS, que la commission d’enquête du Sénat voulait absolument étiqueter « d’extrême droite » ? Zemmour, pourtant « chez lui », ne recueille que 10% des suffrages des spectateurs, et 14% des spectateurs réguliers. Soit le double de son résultat du 9 avril, ce qui reste derrière Macron (26%), Marine Le Pen (26%) et Jean-Luc Mélenchon (16%).
Désillusion pour les nationaux aussi du côté du Figaro, ou du moins pour ceux qui croyaient encore en la réputation droitière de ce quotidien. La réalité est bien plus bourgeoise : 34 % des lecteurs ont voté Macron au premier tour. Ceux du Figaro Magazine ne font pas non plus exception : le président sortant est aussi arrivé en tête parmi eux, avec 29%, contre 21% pour Marine Le Pen, 11% pour Eric Zemmour… et un surprenant 18% pour Jean-Luc Mélenchon. Mais soyons clairs : le segment des hebdos tape au cœur de l’électorat En Marche. 35,5% des lecteurs d’hebdomadaires votent ainsi pour le président sortant. Une question de ligne éditoriale, « mainstream » bien sûr, mais aussi sociologique, relève Marianne : « Les fameuses « CSP + » affectionnent les magazines. »
Offre médiatique et demande du public : le bloc libéral-libertaire prend tout son sens
Avec 7 millions d’auditeurs, France Inter est aujourd’hui la première radio de l’Hexagone. Selon les données compilées, elle fédère donc la France libérale-libertaire. Marianne ironise, la qualifiant de « Bolcho-macroniste », ce qui revient peu ou prou au même : « Le « bolcho-macronisme », un courant idéologico-commercial porteur ? » ajoute l’hebdomadaire, soulignant la proximité avec Quotidien de Yann Barthès.
Mais à eux faudrait-il ajouter les principaux journaux télévisés, essentiels dans la fabrique de l’information. Ceux de France 2 et Arte, et dans une moindre mesure celui de France 3, attirent à eux un public libéral-libertaire déjà conquis.
Et puis, à vrai dire, ce segment se retrouverait aussi sur le web : Brut, Konbini et consorts ont parfaitement suivi ce dogme. Mais l’étude doit encore être faite.
Quoi de plus libéral-libertaire que l’émission Quotidien de Yann Barthès ? Une de nos brochures numériques lui est consacrée, réservée à nos donateurs dès 1€ ; les dons de plus de 50€ reçoivent une de nos brochures papier, dont la première est consacrée à Yann Barthès et les plus récentes au néo-féminisme sur internet et sur la Dilcrah, la délégation interministérielle de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. Le tout avec un reçu fiscal de 66% de votre don. Pour nous soutenir, cliquez ici.