Militant au « Mouvement d’Action et de Résistance Sociale » (MARS) et d’une « Section Carrément Anti-Le Pen » (SCALP), adhérent de la « Coordination des sans-abris », du « Collectif d’agitation pour un revenu garanti optimal » (CARGO) et des « Travailleurs, chômeurs et Précaires en colère » (TCP), Abdelhakim Dekhar, le « tireur fou » qui a grièvement blessé un photographe dans le hall du journal Libération le 18 novembre dernier, est un pur produit du militantisme marxiste libertaire antifasciste.
Le danger fasciste régulièrement agité par des journalistes semeurs de haine et des politiciens désireux de détourner l’attention sur l’état du pays, Dekhar l’a pris très au sérieux, lui qui a laissé une lettre dans laquelle il déclare lutter contre le retour du fascisme en France. Pourquoi ne pas pointer les responsabilités morales ?
Lors de l’Affaire Méric, Manuel Valls ne s’était pas gêné pour dénoncer « la culture méthodiquement inculquée et entretenue par des groupes d’extrême droite ». Ayrault voulait, lui, « tailler en pièces » ces mêmes groupuscules et quand Jean-François Copé demandait la dissolution des groupuscules violents des deux camps, le ministre de l’Intérieur répondait : « ce n’est pas le moment de faire des amalgames. Ce sont des groupes d’extrême-droite qui depuis des mois portent des discours de haine. Il ne faut pas confondre ce discours avec ceux qui d’une manière ou d’une autre luttent contre le fascisme ». « Il ne faut pas tirer de ligne trop évidente entre les droites mais il est sûr que la libération de la parole publique, notamment chez les dirigeants politique, ça n’est jamais sans conséquence », notait de son côté l’adjointe au maire de Paris Colombe Brossel.
Quand la violence politique provient de l’extrême-droite, la responsabilité en incombe aux « discours de haine », aux unes de Minute et au Front National. Quand elle sort des rangs de l’extrême-gauche, la responsabilité… n’en incombe plus à personne. Pourquoi un tel deux poids/deux mesures ?
À l’occasion du scandale occasionné par la une de Minute, Pierre Marcelle écrivait dans Libération le 15 novembre dernier : « Pour combattre la barbarie, on préfèrera décidément les méthodes des antifas, fussent-ils extrémistes, que la saisine, vraisemblablement vaine et contre-productive, du parquet, par Matignon ». Le chroniqueur d’extrême-gauche incitait ainsi clairement à des actes de violences contre l’hebdomadaire satirique. Mais c’est contre son propre journal que ces « méthodes antifa » qu’il appelait de ses vœux se sont retournées trois jours plus tard. A trop manipuler de la dynamite…
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