Première diffusion le 5 juin 2023
Le lundi 22 mai, France 5 tenait fièrement son rôle de chaîne de propagande en diffusant un nouveau numéro d’une émission intitulée La fabrique du mensonge. Si l’émission, qui était consacrée à l’affaire Lola, voulait dénoncer les « mensonges » professés par « l’extrême droite » suite à ce drame, on se demande après le visionnage du programme si le titre de celui-ci ne vise pas les méthodes de travail du réalisateur.
Lola, assassinée par une personne sous obligation de quitter le territoire
Rappelons les faits. Le vendredi 14 octobre 2022 dans l’après-midi, la jeune Lola Daviet 12 ans est enlevée, séquestrée, violée, tuée et enfin mutilée post-mortem par une dénommée Dahbia Benkired, SDF d’origine algérienne sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. La fillette sera retrouvée dans la soirée du 17 octobre, le corps recroquevillé dans une mallette. Sans surprise, ce drame a suscité une particulière émotion dans le pays et les médias. Deux facteurs l’expliquent aisément : l’âge de la victime, une jeune fille de 12 ans fauchée par la folie de sa meurtrière, et la barbarie du méfait. Une réaction, comme nous le disions, sans surprise, enfin, pas selon les « journalistes » de France 5.
Un « simple fait divers »pour Karim Rissouli
Dès les premières minutes, le ton est donné. Karim Rissouli, l’animateur de l’émission, dit avec aplomb que cette affaire « aurait pu, aurait dû rester un simple fait divers ». Un simple fait divers, voilà comment est d’emblée qualifiée cette affaire. En soi, cela décrit effectivement la réalité de cette affaire. Un fait divers, particulièrement sombre, mais un fait divers un peut différent quand même.
Le « complotisme » dénoncé, mais pas le crime
Suite à cette brève introduction, le documentaire démarre. Une homélie de près d’une heure débute alors, dans laquelle est dépliée une version de l’affaire, celle du service public. Selon cette version, c’est la « fachosphère » qui aurait instrumentalisé l’affaire Lola et aurait imposé sa médiatisation par une imposante campagne sur les réseaux sociaux. Ni une ni deux, le documentaire en profite pour écorner les « complotistes » qui croient au grand remplacement.
De nombreux commentaires s’imposent. Tout d’abord, l’emploi du mot « fachosphère » n’est pas anodin et est déjà un premier indice du ton du documentaire. Ce mot revient souvent sur les réseaux sociaux, sur les comptes d’extrême gauche, souvent affiliés à des antifas. C’est une façon de qualifier la nébuleuse de sites et de personnalités sur les réseaux sociaux rattachés à « l’extrême droite ». L’emploi de ce mot montre qui a fait ce documentaire, l’image qu’il veut renvoyer. Mais si ce documentaire n’était qu’une histoire de mot …
Zemmour en accusé
L’argument principal de ce documentaire torchonné serait que cette affaire a été l’occasion pour des proches de Zemmour d’infuser leurs thèmes dans le débat public et sur les chaînes de télévision, en reliant ce meurtre à l’immigration et en inventant un concept : le francocide. Suite à ça, un escadron d’intervenants, dont tous ou presque ne sont pas neutres – nous y reviendrons – déploie des trésors de moraline afin d’expliquer que ceux qui ont fait ça sont d’odieux salauds, des vautours butinant sur le cadavre d’une fillette.
Francocide et féminicide
Le « francocide », s’il est peut-être critiquable, ne l’est pas moins que le « féminicide ». Selon le documentaire, « francocide » serait l’idée qu’un système voudrait tuer les Français blancs. Délirant, selon nos intervenants. Mais alors, pourquoi le « féminicide » ne l’est-il pas tout autant ? Deuxième chose : suivons la logique de France 5 et admettons qu’il est odieux d’user de ce meurtre afin de cracher sur les immigrés. Dans cette même logique, est-il normal que la mort par accident d’un homme ayant fait quatre séjours en prison (trafic de drogue, cambriolage, braquage) lors de son interpellation pour des faits d’usage de faux billets et d’alcoolisation sur la voie publique, soit un motif pour provoquer des émeutes, faire pression sur les médias et les politiques, mettre le genou à terre et cracher sur la police et les blancs ? Vous l’aurez compris, nous parlons de l’affaire Georges Floyd. Nous pourrions dire à peu près la même chose d’Adama Traoré.
La bonne et la mauvaise récupération
Dans le cas Lola, il n’y a eu aucune émeute, aucune rixe, juste quelques manifestations et un débat sur l’efficacité des pouvoirs publics à expulser les immigrés clandestins. Sur ce sujet intervient le principal intéressé : Éric Dupond-Moretti, hélas ministre de la Justice. Comme d’habitude, le ministre pond quelques phrases préfabriquées sur les charognes d’extrême droite, puis, parlant des OQTF, se réfugie derrière cette phrase « Il y a des OQTF que personne ne peut appliquer ». Effectivement une partie de ces ordres ne peuvent, pour diverses raisons, être appliqués. C’est même le cas de 95 de ces ordres d’expulsion dans la situation actuelle. Notons enfin que les chaînes pointées du doigt dans le documentaire, C8 et Cnews, font partie du groupe Bolloré. Toujours sur le plan médiatique, les sites de réinformation comme Boulevard Voltaire ou Fdesouche sont eux aussi visés comme les vecteurs de cette campagne de manipulation mise en orbite par « l’extrême droite ».
Le lecteur l’aura compris, ce documentaire donne SA version de l’affaire Lola. Une version qui repose sur une lecture partiale, véhiculant une double éthique. Ce qui scandalise le réalisateur dans l’affaire Lolan l’indiffère voir le réjouit dans les cas Traoré ou Floyd. Il y a la bonne et la mauvaise récupération. Notons tout de même la perversité du processus, France 5 a une image un peu intellectuelle, jouissant de ce statut, le réalisateur en profite pour faire passer son message politique sur le service public.
Le réalisateur veut démontrer…
Le réalisateur, justement, parlons-en. Dans une interview dans L’Obs, quelques jours avant la diffusion du documentaire, Félix Seger déclare que « Toute la démonstration de ce documentaire vise à pointer du doigt comment l’extrême droite multiplie sa présence sur Internet pour qu’on parle d’elle. ». L’intention est claire, il s’agit d’une démonstration dont la malheureuse Lola constitue le prétexte.
Parmi le paysage médiatique, ce numéro de propagande a suscité peu de réactions. Cyril Hanouna, dans l’émission Touche pas à mon poste, a accusé de vol d’images les équipes de France 5, les traitant au passage de « voyous ». Voyous ? Le mot est peut-être un peu fort, mais pas tant que ça…